Test Blu-ray : Les Choses humaines

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Les Choses humaines

France : 2021
Réalisation : Yvan Attal
Scénario : Yaël Langmann, Yvan Attal
Acteurs : Ben Attal, Suzanne Jouannet, Charlotte Gainsbourg
Éditeur : Gaumont
Durée : 2h18
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 1er décembre 2021
Date de sortie DVD/BR : 6 avril 2022

Un jeune homme est accusé d’avoir violé une jeune femme. Qui est ce jeune homme et qui est cette jeune femme ? Est-il coupable ou est-il innocent ? Est-elle victime ou uniquement dans un désir de vengeance, comme l’affirme l’accusé ? Les deux jeunes protagonistes et leurs proches vont voir leur vie, leurs convictions et leurs certitudes voler en éclat mais… N’y a-t-il qu’une seule vérité ?

Le film

[3/5]

« Quel type de procès Yvan Attal compte-t-il faire avec son nouveau film ? Celui d’une masculinité désormais en crise, qui se croyait tout permis et qui a du mal à s’adapter à la nouvelle donne de la parole libérée des femmes ? Celui de cette dernière, justement, qui – à force d’avoir été ignorée pendant si longtemps – peut avoir tendance à se déchaîner brutalement ? Ou bien, dans une sorte d’amalgame entre ces deux points de vue opposés, le propos du film viserait-il à tendre plus globalement la glace à notre civilisation contemporaine, si prête au jugement sommaire ? 

Il y a un peu de tout cela dans Les Choses humaines. Car le septième long-métrage du réalisateur cherche certes la polémique, avec son sujet hélas bien dans l’air du temps. Simultanément, le récit a fort à faire pour éviter de pointer bêtement le doigt vers une culpabilité présumée, un risque récurrent du genre formaté du film à procès.

Le principal enjeu de l’intrigue n’est ainsi pas nécessairement de prouver les intentions malveillantes de l’accusé. Aucune satisfaction ne découle par conséquent de l’annonce du jugement au bout de deux heures et quart de film. La narration s’emploie davantage à mesurer les dégâts collatéraux causés par cette affaire sordide. Il en résulte un récit à mi-chemin entre la subtilité de l’approche et la frilosité de prendre clairement position. (…)

Malgré tous les efforts valeureux pour nuancer le propos par la suite, le fait de commencer l’intrigue par le point de vue de lui et non sa version à elle en dit long sur les intentions supposées de Les Choses humaines. Rien d’anormal hélas à cette suprématie du discours masculin, tacitement admise, ni à cette piste d’identification tracée d’emblée dont l’effet pervers est de voir dès lors des victimes partout. Sans oublier le petit détail, guère sans importance, que le rôle clé du jeune prodige, précipité de son piédestal de privilège, est interprété par Ben Attal, le fils du réalisateur. Un choix de casting heureusement assez probant, d’autant que la réserve à la fois distinguée et arrogante du personnage entre dans un rapport d’opposition nullement manichéen avec le jeu plus à fleur de peau de Suzanne Jouannet dans le rôle de celle par qui le scandale arrive. (…)

Dans ce jeu de l’opposition sociale optimale, également à l’œuvre du côté de la famille de Mila, les instances judiciaires prennent une fonction vaguement régulatrice. (…) Ce mode désincarné des rouages de la justice devient largement apparent lors de la dernière partie du film. Bien qu’il vaille mieux faire abstraction du montage en parallèle par intermittence de l’action de la nuit fatidique et des plaidoiries enflammées de la part des avocats – Judith Chemla contre l’accusé et Benjamin Lavernhe en sa faveur –, ce dernier chapitre a l’avantage de ramener la polémique au niveau salutaire des faits. Or, tout le dilemme de l’appréciation légale se trouve là, il existe effectivement une zone importante de gris dans ce genre d’affaire d’agression sexuelle.

Un problème que ni le scénario, ni la mise en scène ne cherchent à résoudre à tout prix. Peu importe alors, en fin de compte, si Alexandre va être condamné ou pas, Les Choses humaines a d’ores et déjà contribué de façon adéquate à cette thématique brûlante, en en soulevant sans cesse sa nature première, faite d’un tas de contradictions subjectives.

Il ne nous viendrait jamais à l’esprit de traiter Les Choses humaines de grand film moral. Néanmoins, Yvan Attal sait y interroger pas sans finesse les mécanismes du jugement collectif, qui prennent malheureusement trop souvent le pas sur les rouages lents et pesants de la justice française. En dépit de sa facture un peu trop sage, voire sèchement académique au cours du procès final, et du soupçon persistant de népotisme, il s’agit d’un film en quête d’une vérité qu’il sait pertinemment hors de sa portée. Est-ce de la lucidité de la part du réalisateur ou un effet annexe nullement prémédité ? Cela nous importe peu finalement, face à un film sachant rester constamment à deux doigts de la provocation gratuite. »

Extrait de la critique de notre chroniqueur Tobias Dunschen. Retrouvez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien !

Le Blu-ray

[4/5]

Après une courte carrière dans les salles obscures n’ayant attiré qu’un peu plus de 182.000 spectateurs, Les Choses humaines débarque le 6 avril au format Blu-ray, sous les couleurs de Gaumont. Fidèle à ses excellentes habitudes en matière de Haute-Définition, l’éditeur nous propose une expérience Home Cinema absolument enthousiasmante : le piqué est d’une remarquable précision, la définition ne présente aucune faille, les couleurs sont chaudes et naturelles, et la profondeur de champ est tout à fait satisfaisante. Bref c’est du tout bon, le rendu visuel du film d’Yvan Attal est de toute beauté, et il n’y a absolument rien à redire. Côté son, le film nous est proposé dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 relativement sobre, nous proposant des ambiances finement distillées. Les scènes de foule et celles mettant en scène un grand nombre de personnages tout particulièrement leur épingle du jeu, faisant preuve d’une spatialisation toute particulière. On notera également que Gaumont n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 plus cohérent si vous visionnez Les Choses humaines sur un « simple » téléviseur.

Du côté des suppléments, Gaumont nous propose, en plus de la traditionnelle bande-annonce, un intéressant entretien avec Yvan Attal (30 minutes). Ce dernier commencera l’interview en abordant de front l’immense solitude qu’implique le métier de réalisateur, puis reviendra sur la genèse de son film, en commençant par sa découverte du livre de Karine Tuil pendant la promotion du film Mon Chien Stupide. Il évoquera sa volonté à travailler seul sur l’adaptation, sans aucune aide de la part de la romancière, à qui il a cependant envoyé le scénario. Il reviendra sur la structure des Choses humaines, sur le processus de casting, avant, pendant puis après le confinement, les répétitions, la précision parfaite des dialogues… Plus techniquement, il abordera le tournage de certaines scènes en 16MM, et évoquera sa nostalgie des tournages sur pellicule, et terminera avec une poignée de réflexions concernant la fin du film. Intéressant !

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