Test Blu-ray : Le Fantôme de Milburn

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Le fantôme de Milburn

États-Unis : 1981
Titre original : Ghost story
Réalisation : John Irvin
Scénario : Lawrence D. Cohen
Acteurs : Craig Wasson, Alice Krige, Fred Astaire
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h50
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 30 juin 1982
Date de sortie DVD/BR : 12 décembre 2018

Dans une petite ville de la Nouvelle Angleterre, quatre vieux gentlemen appartenant au prestigieux cercle littéraire Le Club de la Chaudrée passent leurs soirées au coin du feu à se raconter d’extraordinaires histoires de fantômes. Mais une série de morts aussi effroyables que mystérieuses vont bientôt leur faire perdre le sommeil. Le quatuor de prestigieux notables dissimulerait-il un sombre secret ?

Le film

[4/5]

Pour nos lecteurs qui l’ignoreraient, Le fantôme de Milburn est adapté d’un roman signé Peter Straub datant de 1979, que l’on peut aisément trouver dans les bonnes bouquineries soit sous le même titre, soit sous son titre original « Ghost story ». Bien sûr, même si le film s’avère excellent dans son genre, on ne saura trop vous conseiller de vous plonger dans la lecture du pavé de Straub, beaucoup plus fouillé et complexe que son équivalent cinématographique.

Evacuons donc de suite les récriminations que le lecteur du roman pourra faire à Lawrence D. Cohen, scénariste du film : toute adaptation est, par nature, une trahison, et le fait de « dégrossir » l’intrigue, notamment en éliminant purement et simplement du récit un des membres du Club de la Chaudrée (ou « Cercle des chasseurs d’histoires » dans la VF), était probablement une décision judicieuse, nécessaire en tous cas aux impératifs de production d’Universal : il n’était en effet probablement pas question de réaliser une fresque horrifique d’une durée de cinq heures, ce qui aurait probablement été nécessaire pour livrer une adaptation « fidèle » au roman de base. On admettra dès lors que le scénariste a su préserver « l’essence » du roman, et qu’en l’état, Le fantôme de Milburn s’avère un excellent film, extrêmement moderne et annonciateur dans sa construction de vingt ans de films fantastiques à venir.

Surtout connu pour ses deux films de guerre (Les chiens de guerre et Hamburger Hill) ainsi que pour son excellente contribution à la carrière d’Arnold Schwarzenegger avec le très sec Raw deal – Le contrat, John Irvin hérite donc de la réalisation du Fantôme de Milburn, qui restera d’ailleurs le seul et unique film d’horreur de sa carrière, même s’il avait déjà eu maille à partir avec le surnaturel durant les années 70, alors qu’il était réalisateur pour la télévision. Si le fin mot de l’histoire sera probablement rapidement mis à jour par le spectateur contemporain, il n’en demeure pas moins que le scénario est habilement construit, et que le film est réellement porté non seulement par la réalisation efficace et inspirée de John Irvin, mais également par une direction artistique assez époustouflante. Les effets spéciaux et les maquillages du Fantôme de Milburn s’avèrent toujours aussi impressionnants presque 40 ans après la sortie du film dans les salles obscures, et les matte-paintings signées Norman Newberry apportent à l’ensemble une touche de poésie supplémentaire. Et surtout, le film de John Irvin parvient à installer durablement une ambiance délétère et étouffante, qui ne lâchera pas le spectateur pendant deux heures, le secouant par moments avec une poignée de scènes difficiles, angoissantes, voire même carrément de scènes « choc » (l’apparition sur le pont, les interventions de Bate et son frère…) qui risquent bien de marquer le public… Peut-être même bien longtemps après le visionnage.

Du côté du casting, le Club de la Chaudrée est constitué de trois gloires passées du cinéma Hollywoodien, ayant connu leur heure de gloire dans les années 30/40 : Fred Astaire, Douglas Fairbanks Jr et Melvyn Douglas. Le quatrième membre du Club sera incarné par John Houseman, popularisé quelques années plus tôt par Rollerball (lire notre article). A leurs côtés, on trouvera deux acteurs de le nouvelle génération de l’époque, deux stars à la carrière « éclair », mais ayant tout de même marqué le cinéma de leur empreinte grâce à quelques rôles marquants : le héros est interprété par Craig Wasson, surtout connu pour son rôle dans Body Double (lire notre article), et le fameux « fantôme » aux mille burnes sera incarné par Alice Krige, actrice au physique inquiétant qu’on perdra vite de vue avant de la revoir en tant que mère possessive et féline dans La nuit déchirée (Sleepwalkers, Mick Garris, 1992), qui s’avère un véritable petit chef d’œuvre de film fantastique en mode « drive in » 100% plaisir, absolument méprisé et mésestimé aujourd’hui, mais qui connaitra peut-être un jour la réhabilitation qu’il mérite. Tout comme Le fantôme de Milburn d’ailleurs, qui avec sa note de 6.3/10 sur le site de référence IMDb, n’est probablement pas, aujourd’hui, reconnu à sa véritable valeur.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Béni soit Elephant Films, qui nous propose de redécouvrir en Haute Définition quelques pépites de l’horreur au sein d’une vague de sorties étalées sur les mois de novembre / décembre 2018 ! L’occasion pour La sentinelle des maudits, L’île sanglante, La nurse, Enfer mécanique, Le fantôme de Milburn et Enterré vivant de s’offrir un très attendu lifting HD sur galette Blu-ray, et aux nouvelles générations de découvrir quelques classiques oubliés.

C’est donc Elephant Films qui nous propose aujourd’hui de revoir Le fantôme de Milburn sur support Blu-ray, après une édition DVD techniquement très décevante chez Bach Films il y a quelques années : il s’agit d’un pari éditorial risqué que l’on salue bien bas. Le master proposé par l’éditeur est certes granuleux, mais correspond visiblement tout à fait aux volontés de John Irvin et de son directeur photo Jack Cardiff, qui font baigner le film dans une ambiance morne, aux couleurs volontiers désaturées, presque surnaturelles. Le piqué est d’une belle précision, les noirs sont profonds, les contrastes remarquables, tout est réuni pour (re)découvrir cette œuvre trop méconnue dans les meilleures conditions possibles. Le film est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine en VF comme en VO, les deux mixages sont équilibrés et le sous-titrage ne pose aucun souci particulier.

Côté suppléments, Elephant Films nous propose, outre les bandes-annonces non restaurées de quelques films de cette vague horrifique, une intéressante présentation du film par Julien Comelli, beaucoup plus classiquement mise en boite que sur d’autres films de la vague. Synthétique et toujours aussi sympathique, le journaliste suisse reviendra avec passion sur quasiment chaque nom au générique du film.

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