Test Blu-ray : La poupée de Satan

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La poupée de Satan

Italie : 1969
Titre original : La bambola di Satana
Réalisateur : Ferruccio Casapinta
Scénario : Ferruccio Casapinta, Giorgio Cristallini, Carlo M. Lori
Acteurs : Erna Schurer, Roland Carey, Aurora Bautista
Éditeur : Le chat qui fume
Durée : 1h30
Genre : Horreur
Date de sortie DVD/BR : 10 mars 2019

 

A la mort de son oncle, Elizabeth Balljanon, accompagnée de Jack, son fiancé, journaliste, et d’un couple d’amis, se rend dans le sud de la France pour la lecture du testament. Unique héritière, Elizabeth se retrouve propriétaire du château des Balljanon et des terres environnantes. Mais une malédiction ancestrale semble planer sur la famille et, chaque nuit, la jeune femme est en proie à de terribles cauchemars dans lesquels un homme masqué la torture dans les catacombes…

 


 

Le film

[3,5/5]

Malgré ce que pouvaient laisser augurer son affiche ainsi que le visuel du Combo Blu-ray + DVD édité par Le chat qui fume, La poupée de Satan n’est pas un giallo au sens strict du terme. Il contient certes des éléments visuels et thématiques que l’on peut rattacher au genre, mais ce n’est pas un giallo. Dans quel genre alors navigue cet unique film de Ferruccio Casapinta ? C’est un peu difficile de trancher. Il s’agit d’un film d’horreur, ça c’est sûr et certain, mais se situant à la croisée des chemins entre plusieurs tendances du cinéma fantastique de l’époque – tourné en 1969, le film mange un peu à tous les râteliers du spectre horrifique.

 

 

La poupée de Satan est un film de machination, tirant sur le « whodunit », sauf qu’en fait, il n’y a pas de meurtre à résoudre, mais plutôt une galerie de personnages mystérieux dont on découvrira peu à peu les intentions réelles. A cause des rouages des combines mises en place par certains des protagonistes de l’histoire, on pense par moments au style des récits imaginés par Alfred Hitchcock ou par Edgar Wallace, qu’on a largement évoqué récemment avec la sortie du Combo Blu-ray + DVD du Cirque de la peur (lire notre article). Sauf que les auteurs de La poupée de Satan manquent un peu de rigueur dans la mise en place de leur intrigue démoniaque, et que celle-ci tirera vaguement sur un enchainement de rebondissements peu crédibles, se démarquant tout de même du tout-venant par un côté iconoclaste appuyé, qu’on pourrait même qualifier d’un peu potache (cette représentation des français !), à la façon des cartoons Scooby-Doo de chez Hanna-Barbera, qui furent d’ailleurs créés la même année. De plus, le film dépasse également le simple cadre du whodunit, puisqu’on pourra aussi le rattacher, à cause du lugubre château au centre du récit et des préoccupations de tous les personnages, à la grande vague 60’s du cinéma gothique italien, dont les têtes de file étaient Mario Bava, Antonio Margheriti ou encore Giorgio Ferroni. Enfin, le film versera également dans le film de « monstre », avec un indéniable côté Fantôme de l’opéra dans son dernier acte, et s’offrira même une sous-intrigue d’espionnage !

 

 

Vous l’aurez compris, La poupée de Satan est un film « fourre-tout » assez surréaliste, qui part dans toutes les directions et prend le parti de mélanger les genres sans se poser de questions. A l’image des fumetti qui inondaient le divertissement populaire de l’époque, le film de Ferruccio Casapinta prendra des allures de bande-dessinée franchement fun, alternant les séquences sérieuses et celles beaucoup plus légères. L’ensemble est par ailleurs souvent assez maladroit, mais la bonne humeur se dégageant – paradoxalement – de l’ensemble et la photo littéralement somptueuse de Francesco Attenni inciteront à coup sûr le public à une certaine clémence ; on irait même jusqu’à dire qu’on le trouve, jusque dans ses nombreuses imperfections, tout à fait attachant et sympathique.

 

 

Si certains balaieront certes le film d’un revers de la main, les plus déviants des amateurs de cinéma d’exploitation se régaleront de cette curiosité qui, à force de partir dans tous les sens se forgera une identité réellement hors norme au sein de la production fantastique de l’époque, même si La poupée de Satan s’avère, par sa nature même, extrêmement référentiel. En effet, le film ne fonctionne finalement que parce que des dizaines de films naviguant dans le même genre sont sortis en Italie durant la décennie précédente. Mais l’essentiel est là et bien là : le film fonctionne, grâce à sa photo sublime, grâce aux petites originalités formelles qui émaillent le récit (telles que cet étrange filtre rose sur le ciel au-dessus du château) et grâce à la candeur exagérée de son héroïne incarnée par Erna Schurer. De son vrai nom Emma Constantino, l’actrice aujourd’hui âgée de 77 ans a été un des seconds-rôles les plus connus du bis durant les années 70, apparaissant dans des films tels que Le monstre du château (1970), Obsessions charnelles (1974) ou encore Les déportées de la section spéciale SS (1976). Elle partagera par ailleurs à trois reprises l’affiche avec Edwige Fenech, dans Le Mans, circuit de l’enfer (1970), Nue pour l’assassin (1975) et Lâche-moi les jarretelles (1977).

 

 

Le Combo Blu-ray + DVD

[5/5]

La poupée de Satan est donc arrivé il y a quelques semaines sur les linéaires de vos meilleurs dealers de culture, sous les couleurs du Chat qui fume, éditeur digne de tous les superlatifs qui nous propose, comme à son habitude, un combo Blu-Ray + DVD bénéficiant d’un superbe master et présente sa « bête » dans un magnifique digipack 3 volets surmonté d’un étui rigide et dans une édition limitée à 1000 exemplaires. Comme d’habitude, l’excellent Frédéric Domont se cache derrière la conception graphique de ce bel objet de collection, qui s’intégrera parfaitement sur vos étagères au reste de vos sorties du Chat qui fume. Du beau boulot ! Tout juste notera-t-on une inversion dans la façon dont ont été assemblés les faces du digipack sur certains exemplaires, les disques Blu-ray et DVD sérigraphiés de l’éditeur ne complétant pas la photo illustrant le digipack comme à l’accoutumée mais apparaissant sur celle se situant au dos de ce dernier (une inversion que l’on avait également constaté sur Le cirque de la peur). Cela dit, il ne s’agit probablement que d’un problème isolé, et qui ne change en rien la qualité des finitions de l’ensemble.

 

 

Côté master, le rendu Haute Définition proposé par ce Blu-ray de La poupée de Satan est excellent, doté d’une parfaite stabilité et d’une propreté surprenante, le tout nous offrant un niveau de détail que nous n’attendions pas pour une production aussi rare et méconnue. Le piqué est précis, les couleurs ravivées, les noirs denses et les contrastes fermes, et seuls quelques stock-shots et autres plans à effets seront logiquement toujours marqués par un grain un peu trop accentué. Puisqu’on en parle, la granulation d’origine semble avoir été préservée avec un soin maniaque, et sied par ailleurs parfaitement au côté forcément old school de l’ensemble. Côté son, le film est proposé en version originale italienne uniquement, et DTS-HD Master Audio 1.0 (mono d’origine). Le rendu acoustique est irréprochable : net, clair, précis dans ses effets, relativement riche, et proposant un équilibre quasi-parfait entre la musique, les voix et les effets sonores. La musique de Franco Potenza est par ailleurs particulièrement à l’honneur avec cette édition car nous aurons également droit à la piste musicale isolée, uniquement accompagnée des effets sonores du film : les dialogues n’étant pas forcément le gros point fort du film, on vous conseille de tenter l’expérience, d’autant que la bande originale composée par Potenza est très réussie.

 

 

Dans la section suppléments, en plus de la traditionnelle bande-annonce, on trouvera une présentation du film par Francis Barbier, et intitulée « Satan l’habite ». Car oui, chez Le chat qui fume on aime aussi rigoler. Et si vraiment vous aimez l’humour et que vous voulez vous bidonsker, allez relire ma vanne sur Barbara Bouchet dans le test Blu-ray de leur édition de La longue nuit de l’exorcisme. En l’espace d’un peu moins de trente minutes, Francis Barbier (DeVilDead.com) aborde les qualités et les défauts du film. Même s’il semble développer une certaine tendresse vis-à-vis de ce dernier, il se montre également assez sévère avec La poupée de Satan. Son analyse très complète revient entre autres sur la collaboration étroite entre le réalisateur « officiel » Ferruccio Casapinta et son chef opérateur Francesco Attenni, qui l’aurait en réalité en grande partie mis en scène.

 

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