Test Blu-ray : La 7ème compagnie en Haute-Définition

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Depuis la disparition de La 5 en 1992, les nanars et autres comédies franchouillardes des années 70/80 ne sont malheureusement plus diffusés à la télévision, privant les jeunes générations de cinéphiles de la découverte de tous ces films avec Jean Lefebvre, Pierre Mondy, Paul Préboist, Darry Cowl, Pierre Tornade, Aldo Maccione, Henri Guybet, Michel Galabru, Luis Régo, Georges Beller ou les Charlots… Mais la comédie « franchouillarde » compte aussi ses classiques indétrônables : la saga consacrée par Robert Lamoureux à la 7ème Compagnie entre 1973 et 1977 en fait indéniablement partie. Malgré leurs multiples rediffusions, les trois films réunissent toujours en moyenne cinq millions de téléspectateurs (entre 25 et 28% de part d’audience) à chaque nouvelle programmation à la télévision, et ont récemment permis à TF1 de s’assurer de très bons audimats durant l’été 2013, puis de remettre le couvert avec le même succès en août 2016.

On souhaite la même réussite à Gaumont du côté des ventes des Blu-ray : l’éditeur nous permet en effet aujourd’hui de (re)découvrir les trois films de la saga en haute Définition. L’occasion idéale de se replonger dans Mais où est donc passée la 7ème compagnie ? (1973), On a retrouvé la 7ème compagnie (1975) et La 7ème compagnie au clair de lune (1977).

Mais où est donc passée la 7ème compagnie ?

France, Italie : 1973
Titre original : –
Réalisation : Robert Lamoureux
Scénario : Robert Lamoureux
Acteurs : Jean Lefebvre, Pierre Mondy, Aldo Maccione
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h35
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 13 décembre 1973
Date de sortie Blu-ray : 24 mai 2017

Fin mai 1940, alors que l’armée allemande attaque sur tous les fronts et oblige les Alliés à se replier, la 7ème compagnie du 108e régiment de transmission est contrainte de se réfugier dans les bois. Le capitaine Dumont décide d’envoyer trois hommes pour surveiller les environs : le chef Chaudard, le téléphoniste Pithivier et le fusilier-mitrailleur Tassin. Entre temps, leur compagnie est repérée et arrêtée par les allemands. Désormais seuls, les trois hommes vivent des jours bucoliques dans la forêt de Machecoul, jusqu’à ce qu’ils entreprennent de voler un dépanneuse allemande…

 

On a retrouvé la 7ème compagnie

France : 1975
Titre original : –
Réalisation : Robert Lamoureux
Scénario : Robert Lamoureux, Jean-Marie Poiré
Acteurs : Jean Lefebvre, Pierre Mondy, Henri Guybet
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h27
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 10 décembre 1975
Date de sortie Blu-ray : 24 mai 2017

En mai 1940, le lieutenant Duvauchel, le chef Chaudard, et les soldats Pithivier et Tassin poursuivent leur débâcle personnelle à bord d’une dépanneuse de chars, dérobée à l’ennemi. C’est grâce à cette dépanneuse qu’ils font évader leur compagnie prisonnière… Au cours de ces retrouvailles mouvementées, ils sont pris pour des héros. Ils vont se retrouver, le plus souvent malgré eux, impliqués dans une série d’aventures rocambolesques…

 

La 7ème compagnie au clair de lune

France : 1977
Titre original : –
Réalisation : Robert Lamoureux
Scénario : Robert Lamoureux, Jean-Marie Poiré
Acteurs : Jean Lefebvre, Pierre Mondy, Henri Guybet
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h22
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 7 décembre 1977
Date de sortie Blu-ray : 24 mai 2017

Dans ce troisième et dernier volet, les trois héros de la 7ème compagnie ont été démobilisés après leur évasion. Redevenu quincailler dans une petite ville de province, le chef Chaudard a invité ses anciens camarades de combat Pithivier et Tassin. Il ignore que sa femme fait de la résistance, et qu’elle cache un officier dans la cave du magasin…

 

A la croisée des chemins de La grande vadrouille de Gérard Oury (1966) et des Bidasses en folie de Claude Zidi (1971), Mais où est donc passée la 7ème compagnie ? osait le pari, en 1973, de faire rire avec les démêlés d’un trio de soldats bas de plafond, aussi lâches qu’hypocrites, en plein cœur de la seconde Guerre Mondiale. Acteur comique très populaire dans les années 50, humoriste et artiste de music-hall à ses heures (on lui doit le fameux sketch « La chasse au canard »), Robert Lamoureux écrit et réalise le film, et dans le rôle de ses bidasses, il choisit deux acteurs de sa génération, Jean Lefebvre et Pierre Mondy, auxquels il adjoint l’italien Aldo Maccione, une quinzaine d’années plus jeune qu’eux, et découvert du grand public l’année précédente dans L’aventure c’est l’aventure. Et la magie opère : sans prétention, très éloigné de toute idée de sophistication ou de mécanique complexe du gag, le film comporte néanmoins quelques passages très amusants grâce à des acteurs potaches, qui en font volontiers des caisses. Ainsi, Mais où est donc passée la 7ème compagnie ? deviendra, avec 3,9 millions d’entrées, le troisième plus gros succès cinéma en France pour l’année 1973, derrière Mon nom est personne et Les aventures de Rabbi Jacob.

Deux ans plus tard, les soldats reviendront donc dans On a retrouvé la 7ème compagnie, la suite de leurs mésaventures en France occupée. Dans le rôle du soldat Tassin, Aldo Maccione laissera en revanche sa place à Henri Guybet : si sa carrière, très chargée à l’époque, en plus d’être partagée entre l’Italie et la France, ne lui permettait peut-être juste pas de rempiler pour de simples questions d’emploi du temps, on murmure que Maccione réclamait un cachet trop important. Le choix d’Henri Guybet n’a rien d’innocent : le public apprécie les facéties de cet acteur, découvert deux ans plus tôt dans… Rabbi Jacob. Un poil plus sophistiqué dans la construction de ses gags, On a retrouvé la 7ème compagnie emprunte beaucoup au vaudeville que Robert Lamoureux apprécie ; on reconnaît également la patte de Jean-Marie Poiré au scénario, ce dernier sortant à peine d’une longue période d’écriture aux côtés des monuments Michel Audiard et Georges Lautner. Ainsi, ce deuxième épisode se révèle, malgré un démarrage un peu laborieux (le temps pour le spectateur, peut-être, de s’adapter à la présence d’Henri Guybet), probablement le plus drôle de la trilogie, notamment parce qu’il comporte en son sein la meilleure scène des trois films, la fameuse scène dite « des matelas ». Le succès en salles est à nouveau au rendez-vous, avec 3,7 millions d’entrées en France.

En 1977, La 7ème compagnie au clair de lune ne réalisera en revanche plus que 1,8 millions d’entrées, et chutera de la troisième à la douzième place du box-office annuel. La raison du désamour du public pour cet épisode est probablement liée au fait que, dans l’intrigue de ce troisième opus, nos trois compères sont retournés dans le « civil » et ne constituent plus, malgré ce qu’indique le titre, la fameuse Septième compagnie. Toujours écrit par Robert Lamoureux et Jean-Marie Poiré, le film demeure néanmoins assez efficace, et certains passages figurent parmi les grands moments de la trilogie – en particulier la séquence où les trois soldats se font passer pour des anglais : c’est très bête mais il est difficile de ne pas rire devant le spectacle de ces acteurs en roue libre prêts à tous les cabotinages pour amuser le public. Du côté du casting, sans doute sous l’impulsion de Poiré, on retrouve quelques acteurs ayant une image nettement moins « ringarde » que le trio de têtes d’affiche : Gérard Jugnot, Jean Carmet, André Pousse… Si le film n’est pas à proprement parler un « échec » au box-office, il marquera néanmoins la fin des aventures des soldats Chaudard, Tassin et Pithivier… Du moins jusqu’à la prochaine rediffusion TV !

Les Blu-ray

[4,5/5]

Disponibles chez Gaumont au sein de la dix-huitième vague de sa collection Blu-ray Découverte, les trois films de la saga de la 7ème compagnie s’offrent donc enfin un lifting HD très attendu, puisque jusqu’à présent, seul le premier épisode était disponible sur galette Blu-ray…

Du côté des masters, et aussi bien côté image que côté son, l’éditeur nous propose des éditions de très bonne tenue ; les trois films sont présentés dans leurs format d’origine 1.66 respectés et en 1080p naturellement. L’ensemble est donc chaudement recommandé, d’autant que les transferts préservent la granulation d’origine, imposent de belles couleurs et ne présentent pas le moindre souci de compression à l’horizon. Le mixage audio est proposé en DTS-HD Master Audio 1.0 mono d’origine, dans les trois cas de façon parfaitement claire, nette et précise. Du très beau travail !

Côté suppléments, l’éditeur nous propose de découvrir des reportages sur les tournages des deux premiers films, tous deux tirés des archives de l’INA. Les acteurs y font preuve d’une bonne humeur communicative, et on notera qu’à la fois Robert Lamoureux et Jean Lefebvre évoquent en plaisantant, sur le tournage d’On a retrouvé la 7ème compagnie, le cas du cinema « porno ». En effet, l’élection de Giscard en 1974 s’était accompagnée d’une levée de la censure cinématographique, et on avait alors assisté à un véritable déferlement de porno dans les salles obscures (presque 25% des films distribués en France en 1974 étaient classés dans le genre « érotique » ou « pornographique »). On trouvera aussi un extrait de l’émission Allons au cinéma (1977) ainsi qu’un entretien avec Henri Guybet, ce dernier évoquant ses souvenirs durant une vingtaine de minutes.

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