Test Blu-ray : Jumeaux / Junior

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A la fin des années 80, les stars incontestées du film d’action – on pense à Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone ou encore Chuck Norris – ont vu débarquer de jeunes athlètes aux dents longues bien décidés à piétiner leurs plates-bandes et à croquer leur part du gâteau. Ainsi, des personnalités telles que Jean-Claude Van Damme, Dolph Lundgren ou encore Steven Seagal ont commencé à donner un petit « coup de vieux » aux stars établies, qui ont de fait chercher à se diversifier, notamment en tournant des comédies.

Et quoi de plus facile que de faire rire en jouant sur le contraste entre ces « Hercules » des temps modernes et leurs contemporains ? Ivan Reitman confronterait donc dans un premier temps la montagne de muscles Schwarzenegger au petit Danny DeVito dans Jumeaux (1988), avant de remettre le couvert quelques années plus tard en plaçant le Titan autrichien face à une classe d’enfants de six ans dans Un flic à la maternelle (1990) et, enfin, en faisant de lui un « père-porteur » dans Junior (1994).

2021 semble décidément placée sous le signe de la « redécouverte » des comédies interprétées par Arnold Schwarzenegger il y a une trentaine d’années. Après Un flic à la maternelle, sorti au mois de mai chez ESC Éditions (lire notre article), c’est aujourd’hui au tour de Jumeaux et Junior de connaître les joies de la Haute-Définition grâce à Elephant Films

Jumeaux

États-Unis : 1988
Titre original : Twins
Réalisation : Ivan Reitman
Scénario : William Davies, William Osborne, Timothy Harris…
Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Danny DeVito, Kelly Preston
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h45
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 22 mars 1989
Date de sortie DVD/BR : 18 août 2021

Julius Benedict vit sur une ile situé entre Bora-Bora et l’Australie depuis sa naissance. Il n’a jamais vu la civilisation. Quand il apprend qu’il est le fruit d’une expérience génétique et qu’il a un frère jumeaux, Vincent, aux Etats-Unis, il décide de tout faire pour le retrouver. Mais Vincent n’a pas eu la vie tranquille de Julius. Il vivote de petites arnaques en petites arnaques. Leur rencontre va tout bouleverser…

 

 

On ne présente plus Ivan Reitman, qui s’est imposé avec S.O.S Fantômes comme un des rois incontestés de la comédie US. Conçu sur le modèle de la comédie d’action, Jumeaux repose sur un concept simple : Arnold Schwarzenegger et Danny DeVito y sont donc présentés comme des frères jumeaux. Il n’en fallait pas plus pour convaincre les producteurs et le public, mais on notera tout de même que l’histoire du film (sur laquelle ont planché rien de moins que quatre scénaristes) s’efforce d’aller un peu plus loin que la simple opposition cocasse entre les deux personnages principaux.

Une série d’imbroglios criminels ainsi qu’une intrigue secondaire à base de voiture volée et de tueur sans pitié s’ajoutent donc au point de départ du récit. Si cela n’apparaissait pas comme forcément nécessaire, ces sous-intrigues permettent néanmoins à Jumeaux de nous proposer une petite dose de suspense et d’action, et au récit de revêtir, dans sa deuxième partie, les atours du road-movie. Et bon gré, mal gré, le film d’Ivan Reitman parvient finalement à trouver un équilibre entre ces deux tendances.

Jumeaux jongle donc avec les tonalités, passant de l’humour à l’action d’une séquence à l’autre. Les passages mettant en scène les deux frères sont globalement dédiés à l’amour fraternel, à la découverte du monde par Julius (qui apprendra l’argot et perdra sa virginité) et à la recherche de leur mère biologique. Les autres séquences mettent au contraire l’accent sur la poursuite des frères Benedict par un groupe de truands, avec ce que cela implique de bagarres et même de fusillades et d’éclairs de violence graphique (le personnage incarné par Marshall Bell n’y va en effet pas avec le dos de la cuillère).

Pour autant, Jumeaux fonctionne plutôt bien dans son genre, même s’il s’avère plus convaincant sur le terrain de la quête d’identité et de l’émotion que sur celui de l’intrigue criminelle. L’alchimie entre Arnold Schwarzenegger et Danny DeVito est évidente, et offre à Ivan Reitman l’occasion régulière de jouer du contraste entre la taille et le comportement des deux acteurs L’ensemble est franchement attachant, et les acteurs s’amusent visiblement beaucoup à jouer de leurs différences.

Junior

États-Unis : 1994
Réalisation : Ivan Reitman
Scénario : Kevin Wade, Chris Conrad
Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Danny DeVito, Emma Thompson
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h50
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 25 janvier 1995
Date de sortie DVD/BR : 18 août 2021

Le Docteur Alex Hesse prépare depuis plusieurs années un médicament miracle, censé assurer des grossesses sans risque : l’Expectane. Mais l’administration américaine refuse d’expérimenter son invention. Son associé, le Docteur Larry Arbogast, lui suggère de se prendre lui-même pour cobaye. Alex se laisse séduire par cette idée révolutionnaire qui fera de lui le premier homme « enceint » de l’histoire… Larry dérobe dans l’ancien laboratoire d’Alexandre, désormais dirigé par le Docteur Diana Reddin, un ovule congelé baptisé Junior…

 

 

Six ans après Jumeaux, le pari est pris de réunir le trio gagnant du film de 1988, avec Arnold Schwarzenegger et Danny DeVito devant la caméra, et Ivan Reitman aux commandes. Ce film des retrouvailles, ça sera donc Junior, qui permettra de plus également à Schwarzie de retrouver Pamela Reed, sa partenaire d’Un flic à la maternelle. Les acteurs et l’équipe sont donc presque en famille, mais au final, le film paraîtra curieusement moins équilibré, que ses prédécesseurs, peut-être à cause de son sujet inhabituel, et des difficultés afin de trouver la tonalité juste pour ne pas tomber dans le grotesque absolu.

Junior met donc en scène un homme attendant un enfant – un sujet en or pour la comédie Hollywoodienne de l’âge d’or. On n’ose pas imaginer ce qu’un Howard Hawks, un George Cukor ou même un Frank Capra aurait pu faire d’un tel point de départ avec une pointure telle que Cary Grant en vedette. Seulement voilà : même si on sent bien que le cœur d’Ivan Reitman tend à aller dans cette direction, il ne parvient malheureusement jamais à atteindre le plein potentiel comique de son sujet.

Il faut dire également qu’en 1994, le monde a changé. Les notions de « genre » et de sexualité ne sont pas encore à l’époque au centre de tous les débats comme ils peuvent l’être aujourd’hui (de nos jours, la mise en chantier d’un film tel que Junior serait probablement impossible à Hollywood), mais le rôle disons « traditionnel » des hommes et des femmes a changé, et Ivan Reitman se doit de composer avec cette nouveauté.

Au final, si Junior sera sans doute traité de façon un peu plus fine et délicate qu’on aurait pu s’y attendre, le film ne se « mouille » cependant pas trop d’un point de vue philosophique, et choisit, essentiellement, de reprendre tous les symptômes et les stéréotypes liés à la grossesse pour simplement les retourner avec un homme portant l’enfant. Le fait que cet homme soit interprété par Arnold Schwarzenegger suffit parfois à ce que Junior fonctionne, dans le sens où sa carrure d’Apollon permet à Ivan Reitman de développer une imagerie suffisamment outrancière et exagérée pour provoquer les rires.

Mais Junior peine tout de même un peu trop à trouver le ton juste et le rythme adéquat. C’est dommage, parce que par certains aspects, le film s’avère intéressant, et bien moins con qu’il n’y paraît – notamment dans la façon assez inédite dont le film prend le temps de faire évoluer à l’écran le processus de gestation d’un enfant.

Heureusement, Junior sera sauvé par le talent et l’énergie de ses acteurs : si Danny DeVito est plus limité dans son potentiel comique que sur un film tel que Jumeaux, il s’en sort plutôt bien dans son genre. En six ans, le jeu d’acteur d’Arnold Schwarzenegger s’est considérablement amélioré, et son charisme lui permet sans problème d’assurer le show. A leurs côtés, Emma Thompson est comme d’habitude absolument remarquable dans la peau d’une scientifique maladroite, et Frank Langella fait du Frank Langella.

Les Blu-ray

[4/5]

Jumeaux et Junior viennent donc de débarquer au format Blu-ray en France, sous les couleurs d’Elephant Films, qui à cette occasion se fait ambassadeur de la comédie américaine des années 80/90, en sortant également d’autres petits classiques de l’époque, tels que Le secret de mon succès, Ralph Super King et Arrête ou ma mère va tirer.

Du côté des masters, si l’on excepte quelques plans malheureux, l’ensemble affiche une belle pêche, avec un grain préservé, un piqué accru et des couleurs et des noirs très intenses et soignés. Le transfert des deux films est absolument satisfaisant ; les deux films sont naturellement proposés au format 1.85:1 respecté et 1080p. Côté son, VF et VO sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0 mono d’origine (avec une VO en DTS-HD Master Audio 5.1 dans le cas de Junior). Dans les deux cas, la bande sonore est stable, nette et équilibrée. Les versions françaises d’origine devraient ravir les amateurs de doublages décalés comme en faisaient les français à l’époque : accents, expressions, traductions approximatives… Dans Jumeaux, Arnold Schwarzenegger était doublé par le regretté Patrick Floersheim, qui était connu pour être la « voix française » de Michael Douglas. Dans Junior en revanche, son doublage était assuré par Daniel Beretta, dont le timbre est d’avantage assimilé à l’acteur à cause de films tels que Terminator 2, Total Recall, Last Action Hero… Dans le cas de Danny DeVito, il est doublé par l’acteur français Daniel Russo pour les deux films.

Du côté des suppléments, outre les bandes-annonces des comédies sorties chez Elephant Films à la même date, on trouvera sur chaque galette une présentation du film par Julien Comelli. Chacune d’entre elle dure un peu moins d’un quart d’heure et donne l’occasion au critique / biochimiste suisse, devenu collaborateur régulier d’Elephant Films depuis quelques années, de remettre les films dans leur contexte de tournage et de revenir sur leurs castings respectifs. Entre deux anecdotes, il dira beaucoup de mal des comédies tournées par Sylvester Stallone dans les années 90 L’embrouille est dans le sac et Arrête ou ma mère va tirer. On trouvera en outre une featurette d’époque (6 minutes) sur le Blu-ray de Junior, qui reviendra sommairement sur les thématiques du film.

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