Test Blu-ray : Halloween 5 – La revanche de Michael Myers

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Halloween 5 – La revanche de Michael Myers

États-Unis : 1989
Titre original : Halloween 5 – The revenge of Michael Myers
Réalisation : Dominique Othenin-Girard
Scénario : Michael Jacobs, Dominique Othenin-Girard, Shem Bitterman
Acteurs : Donald Pleasence, Ellie Cornell, Danielle Harris
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h30
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 28 novembre 1990
Date de sortie DVD/BR : 5 août 2020

Un an a passé depuis que Michael Myers a tenté de tuer sa nièce Jamie. Poursuivi par la police, Michael s’enfuit par un canal et est recueilli par un ermite. À son réveil, il tue celui qui l’a hébergé et reprend sa traque. À Haddonfield, Jamie, devenue muette, est soignée dans un hôpital à la suite de son agression envers sa mère adoptive. Elle était alors sous le contrôle de son oncle Michael. C’est cette connexion entre eux que compte utiliser le Dr. Loomis pour stopper le tueur d’Halloween…

Le film

[3,5/5]

Gros succès dans les salles en 1988, Halloween 4 a confirmé au producteur Moustapha Akkad ce qu’il savait déjà : le public veut voir Michael Myers en action. Désireux de battre le fer quand il est chaud, Akkad décide donc de produire et de tourner un cinquième épisode à la saga, dont la sortie est programmée à Halloween 1989. La mise en chantier d’Halloween 5 se fait donc, comme l’opus précédent, sous le signe de l’urgence. Le scénario connait plusieurs versions, change de façon assez radicale sous la pression des acteurs ou de la production et même le réalisateur choisi par Moustapha Akkad, Dominique Othenin-Girard, doit à l’occasion s’employer à réécrire de nouvelles scènes pour le film. Dans le documentaire présent en bonus de l’édition Blu-ray d’Halloween 5, le producteur Rick Nathanson affirme même que lorsque le tournage a commencé, l’équipe ne disposait pas encore du scénario terminé, et que ce dernier était en constante réécriture…

Il est vrai qu’à l’écran, Halloween 5 est un vrai bordel, un foutoir narratif sans queue ni tête. Mais un foutoir bourré jusqu’à la gueule d’idées. Si la plupart d’entre elles ne sont certes pas exploitées de façon satisfaisante, le film de Dominique Othenin-Girard a au moins le mérite de proposer des choses nouvelles, des idées foutraques en pagaille. Et en ce sens, Halloween 5 s’impose d’entrée de jeu comme très supérieur à l’opus précédent. Dès le début du film, le script prend le parti de « réimaginer » les éléments qui prenaient place à la fin d’Halloween 4. Etant parvenu à fuir et à éviter l’explosion, Myers se retrouve porté par le courant jusqu’à une cabane tenue par une espèce de vieil ermite, dans une espèce de relecture bizarroïde de Frankenstein. Le récit n’est pas clair, et un fondu enchainé nous emmènera directement un an plus tard, alors qu’aucun élément ne vient expliciter le fait que Myers et l’ermite aient cohabité pendant un an : on voit juste le tueur d’Halloween se réveiller et tuer l’ermite, comme s’il avait dormi une année entière. On découvre néanmoins un étrange tatouage sur son bras, dont la nature ne nous sera pas – non plus – explicitée. Idem pour « l’homme en noir », présent durant tout le film dans le sillage du tueur, et dont le spectateur ne saura finalement rien.

A bien y réfléchir, tout Halloween 5 est un mystère, et semble par moments relever de l’écriture automatique, voire du cadavre exquis. Quelle est la nature du lien psychique entre Myers et sa nièce ? Pourquoi celle-ci est-elle muette au début du film ? Pourquoi veut-il la tuer, et quelle est la fonction du « sanctuaire » que l’on découvre à la fin du film ? Pourquoi le Dr. Loomis abandonne-t-il ses idées fixes et tente ici de « soigner » son patient, de le libérer de son mal ? Autant de questions qui resteront sans réponse, mais qui contribuent à faire d’Halloween 5 une œuvre singulière et assez passionnante. Sa bizarrerie se retrouvera d’ailleurs jusque dans la musique d’Alan Howarth, qui s’amuse à ajouter d’étranges bruitages comiques sur certaines séquences, et triture littéralement le célèbre thème imaginé par John Carpenter dans une mémorable scène de poursuite.

Probablement peu désireux de signer une œuvre dans la veine du film précédent, Dominique Othenin-Girard n’en fait qu’à sa tête, fait fi de toute cohérence, rompt avec tout ce que l’on croyait connaitre de Michael Myers. La photo du film, signée Robert Draper, est très belle, et malgré un budget que l’on imagine serré, Halloween 5 nous propose de très jolies compositions de plans. De la même façon, le cinéaste propose au public un travail assez remarquable sur les arrière-plans, dans lesquels se cache régulièrement le tueur. Subtil, il fait le choix de ne pas en faire trop, et ne met la plupart du temps pas en avant sa présence par un zoom ou un plan de coupe révélant la présence de Myers au public, mais si vous prêtez attention à ce qui se passe derrière les personnages en avant-plan, vous repérerez régulièrement sa silhouette dans un coin de l’image. Ainsi, la présence de Myers en tant qu’ombre survole véritablement tout le film.

Bien sûr, tout n’est pas parfait au cœur du film, loin de là : Michael Myers s’est définitivement rangé aux côtés des boogeymen les plus basiques du genre, et se contente d’enchainer les meurtre d’adolescents à la façon d’un automate, multipliant les armes et faisant preuve de beaucoup plus d’imagination que dans le film précédent pour arriver à ses fins. Les différences entre Myers et le Jason de la saga Vendredi 13 s’estompent donc de plus en plus, mais l’ensemble fonctionne plutôt bien pour peu que l’on soit client des excès du slasher des années 80. Par ailleurs, de très belles scènes surnagent, et l’ambiance se fait volontiers oppressante, surtout à l’occasion des quelques séquences prenant place dans la maison de famille des Myers. Ainsi, si on ne se laisse pas déstabiliser par les nombreuses énigmes (ou trous narratifs) de son scénario, le soin apporté à sa mise en forme font finalement d’Halloween 5 un long-métrage assez unique et attachant.

Pour autant, l’esprit bizarre d’Halloween 5 ne lui permettra pas pour autant de rencontrer son public : le film ne récoltera que 11,6 millions de dollars de recettes au box-office américain, soit un tiers de moins que l’épisode précédent. Encore aujourd’hui, parmi la communauté des fans de la franchise, le film de Dominique Othenin-Girard est encore souvent considéré comme un vilain petit canard. Sur le site de référence IMDb, il n’obtient qu’une note de 5,2/10, alors qu’Halloween 4 est quant à lui noté 5,9/10.

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est donc à ESC Éditions que l’on doit l’excellente initiative de sortir Halloween 5 sur support Haute Définition, et ce quelques semaines à peine après la sortie d’Halloween 4. Le film de Dominique Othenin-Girard bénéficie donc aujourd’hui des joies du Blu-ray, et dès les premiers plans, on constatera que le boulot de restauration a été fait avec soin, et que le bond qualitatif par rapport aux éditions DVD antérieures est vraiment saisissant. Le film est proposé au format 1.85 respecté, le grain d’origine a été préservé (forcément un peu plus présent sur les scènes nocturnes ou en basse lumière), le piqué est d’une belle précision, et les couleurs sont pétantes et naturelles. Bref, on est en présence d’un très beau Blu-ray. Côté son, c’est la classe également : VF et VO sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine ; la version originale est parfaites, la version française assez frontale et un poil étouffée. L’éditeur nous propose par ailleurs également la VO en DTS-HD Master Audio 5.1, dans un mixage qui passe en un éclair des ambiances discrètes finement spatialisées à des effets littéralement tonitruants propres à secouer les murs. Du beau travail.

Du côté des suppléments, ESC Editions fait également très fort puisque l’éditeur est allé chercher un making of rétrospectif en deux parties (44 minutes) qui évoquera sans langue de bois le tournage d’Halloween 5, et propose des entretiens avec le producteur Malek Akkad, le producteur exécutif Rick Nathanson, le compositeur Alan Howarth et les acteurs Danielle Harris, Ellie Cornell, Wedny Kaplan, Jeffrey Landman, Jonathan Chapin, Frankie Como, Tamara Glynn, Matthew Walker et Don Shanks. Passionnant et drôle, ce documentaire n’évite aucun des aspects de la production, depuis ses débuts précipités jusqu’au casting et à l’équipe. L’équipe y reviendra sur les problèmes narratifs du film (on découvrira ainsi ce qui a inspiré la création de « l’homme en noir »), sur ses fautes de goût ainsi que sur la personnalité de Dominique Othenin-Girard, plusieurs fois présenté comme français alors qu’il est suisse. Plusieurs images « vintage » des fêtes organisées par l’équipe tous les soirs du tournage viendront entrecouper les propos de l’équipe. Dans la deuxième partie, l’actrice Danielle Harris expliquera pourquoi elle n’est pas revenue dans Halloween 6. L’éditeur nous propose également de nous plonger dans une présentation du film par Christophe Lemaire (11 minutes). Toujours aussi amusant et sympathique, le journaliste remettra le tournage d’Halloween 5 dans son contexte et le situera par rapport aux premiers films de la saga. S’il aborde finalement assez peu le film en lui-même, il semble cela dit avoir un certain respect pour le boulot effectué par Dominique Othenin-Girard sur cet opus. Enfin, on fermera la section suppléments avec la traditionnelle bande-annonce du film.

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