Test Blu-ray : Halloween 4 – Le retour de Michael Myers

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Halloween 4 – Le retour de Michael Myers

États-Unis : 1988
Titre original : Halloween 4 – The return of Michael Myers
Réalisation : Dwight H. Little
Scénario : Alan B. McElroy
Acteurs : Donald Pleasence, Ellie Cornell, Danielle Harris
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h28
Genre : Horreur
Date de sortie cinéma : 9 mai 1990
Date de sortie DVD/BR : 22 juillet 2020

Le meurtrier Michael Myers est toujours vivant. Gravement brûlé et plongé dans un coma profond, il est toujours gardé sous haute surveillance dans un hôpital psychiatrique fédéral. La nuit où il doit être transféré dans un hôpital d’État, Michael Myers parvient à s’échapper en tuant les infirmiers. Décidé à le rattraper, le docteur Loomis suit une piste jonchée de cadavres qui le conduit tout droit à Haddonfield…

Le film

[3/5]

La nostalgie des années 80 a le vent en poupe ces dernières années, et les éditeurs de DVD / Blu-ray l’ont bien compris. Ainsi, malgré un marché de la vidéo en péril et les difficultés à ramener le public français vers le support physique, les films de genre des années 80 débarquent toujours aussi nombreux sur les linéaires de vos revendeurs préférés. Mois après mois, les classiques et les moins classiques se suivent et ne se ressemblent pas. Mais la nostalgie que l’on peut éprouver à l’endroit de ce cinéma d’une époque révolue n’annihile-t-elle finalement pas toute forme d’esprit critique ?

On avoue que l’idée nous a traversé l’esprit durant notre redécouverte d’Halloween 4, réalisé en 1988 par Dwight H. Little. Ce qui était un mauvais film il y a trente ans ne reste-t-il pas un mauvais film, quelle que soit l’époque où on le voit ? La réponse mérite d’être nuancée. Car indéniablement, Halloween 4 est un naufrage, une suite inepte et mal foutue, doublée d’une véritable insulte au film fondateur Halloween – La nuit des masques, réalisé par John Carpenter en 1978. Mais pourtant… Si naze soit-il, le film peut clairement s’inscrire dans la catégorie des « plaisirs coupables », de ces longs-métrages qu’on aime détester, dont on voit et ressent toutes les faiblesses sans pour autant – et assez paradoxalement – se résoudre à les rejeter en bloc. Comme si l’amateur de nanar qui sommeille en chacun de nous se régalait de ce qu’on peut pourtant considérer comme un échec artistique absolu.

Dwight H. Little est d’ailleurs assez coutumier du fait, puisqu’il est également le réalisateur de Désigné pour mourir, alias le film mettant en scène Steven Seagal contre des sorciers vaudou, qui est certes loin d’être le plus impressionnant, le plus cohérent ni même le plus réussi des films de Saumon agile mais qui, paradoxalement, finit toujours par atterrir dans le lecteur Blu-ray lors d’une soirée entre potes en mode pizzas et détente. Même chose concernant son Rapid fire avec Brandon Lee : c’est objectivement naze, mais tellement typique de son temps et du genre qu’il aborde que ça se revoit toujours avec autant de plaisir.

Halloween 4 est d’ailleurs également un film profondément influencé par son époque de tournage. Quand il sort sur les écrans américains en octobre 1988, les boogeymen dominent littéralement le genre fantastique : Jason et la saga Vendredi 13 en sont déjà à sept films, et la saga Freddy compte alors quatre longs-métrages. Michael Myers quant à lui est absent des écrans depuis 1981, et le public, friand de slashers, le réclame. Ces appels ne laisseront pas insensible le producteur de la saga Halloween, Moustapha Akkad. Décision est donc prise de passer outre l’échec financier et critique du précédent film (le pourtant excellent Halloween III – Le sang du sorcier), et Halloween 4 s’emploiera à offrir aux fans du monde entier le grand retour de Michael Myers, dont l’histoire a été laissée en suspens à la fin d’Halloween II. Après l’abandon de John Carpenter et Debra Hill, dont le projet n’avait pas été retenu par les studios, c’est donc le scénariste débutant Alan B. McElroy qui se charge d’imaginer le retour de Michael Myers à Haddonfield. L’accouchement du récit a d’ailleurs été précipité par la grève des scénaristes de 1988 à Hollywood, qui força McElroy à développer son concept, écrire son histoire et l’envoyer aux producteurs en moins de onze jours.

Par la force des choses, ce retour de Michael Myers aux affaires prendra donc une forme très conventionnelle et proche, aussi bien narrativement que visuellement, des pérégrinations meurtrières de Jason à Crystal Lake et ses environs. Etant donné que plus personne n’ignore, en 1988, l’apparence du tueur, Moustapha Akkad et Dwight H. Little prennent le parti de mettre Michael Myers dans la lumière. D’ombre fantomatique et insaisissable dans le premier épisode (ainsi que, dans une moindre mesure, dans le deuxième), il devient ici la « star » du film, présent et bien visible avec son masque blanc flashy, attendant chacune de ses nouvelles proies avec impatience.

La principale différence entre Halloween 4 et ses concurrents directs de l’époque réside dans sa tonalité, désespérément sérieuse malgré une intrigue que l’on pourrait sans peine qualifier de « basique ». Qu’il s’agisse de Jason, de Freddy ou même de Chucky, qui débarquerait un mois plus tard à peine sur les écrans dans Jeu d’enfant, tous agrémentaient leurs mises à mort de bons mots ou de situations amusantes, avec un goût certain pour la surenchère. L’humour de ces films leur permettait de prendre une certaine distance par rapport au slasher et à ses codes, ce que le film de Dwight H. Little ne fait malheureusement jamais, enchainant les situations les plus grotesques avec le plus grand sérieux du monde. Timoré dans son recours aux effets gore, ne développant aucun suspense, Halloween 4 choisit même parfois de délaisser complètement Myers, notamment en ce qui concerne la scène du massacre au commissariat, qui aurait sans doute pu s’imposer comme « LE » gros morceau du film mais dont le spectateur ne verra en réalité rien.

Le scénario fait également un choix absurde, que l’on trouvait néanmoins déjà au cœur d’Halloween II. Ainsi, d’un côté, le film insistera énormément sur la nature « inhumaine » de Michael Myers, dont le professeur Loomis répète à longueur de bobine qu’il est le mal incarné. Mais d’un autre côté, l’intrigue s’échinera également à étoffer son arbre généalogique en lui inventant une nièce, ce qui le rattache paradoxalement à sa nature d’être humain bien réel. La nièce en question est incarnée par Danielle Harris (la petite fille de Désigné pour mourir et du Dernier samaritain), que Rob Zombie irait rechercher bien des années plus tard pour l’intégrer à sa vision de la saga Halloween.

Néanmoins, grâce au charisme du personnage de Michael Myers et grâce à quelques petites fulgurances, telles que par exemple une image finale pour le moins inattendue, Halloween 4 parvient à conserver un indéniable pouvoir d’attraction pour le spectateur, qui ne parviendra jamais à le détester complètement, malgré l’évidence de ses défauts. D’une manière générale cela dit, la réhabilitation des slashers des années 80 évolue lentement mais sûrement dans l’esprit des fantasticophiles. Cette réhabilitation est un signe des temps. En effet, les slashers estampillés 80’s véhiculent en effet un charme visuel certain, qui se double d’un effet « nostalgie » pour les cinéphiles les ayant découvert il y a trente / quarante ans, alors qu’ils étaient enfants ou adolescents. Et finalement, les revoir aujourd’hui provoque toujours avec le recul une irrépressible clémence – c’est d’autant plus manifeste qu’il ne semble plus n’y avoir que les « ieuvs » comme l’auteur de ces lignes qui revoient les films de cette époque, la jeune génération préférant s’abreuver de nouveautés horrifiques. « C’était pas si mal » se dit-on dès lors à soi-même, même quand – comme ici – le spectacle n’incite pas à se réveiller la nuit. C’est finalement assez logique, dans le sens où on ne comparera plus forcément le film de Dwight H. Little avec les films qui l’ont précédé, mais au contraire bel et bien avec la majorité des slashers « light » pour ados produits dans les années 90/2000, et dont les cinéphiles ont largement été abreuvés à l’avènement du support DVD. Et c’est vrai que comparé à ces pelletées de daubes, Halloween 4 maintenait encore un certain niveau de qualité qui s’est complètement perdu durant la décennie suivante.

Le Blu-ray

[4,5/5]

Disponible chez ESC Distribution, Halloween 4 s’offre donc un lifting Haute-Définition sur galette Blu-ray qui s’avérait très attendu par les fans de la saga. Et aussi bien côté image que côté son, la déception n’est pas à l’ordre du jour : le master proposé par l’éditeur est en effet d’excellente tenue. Le film est proposé au format 1.85:1 respecté et encodé en 1080p. Le mixage audio est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine, VF et VO étant tout à fait claires et sans souffle. Le grain d’origine est préservé, et l’ensemble nous permet de (re)découvrir le film dans des conditions chaudement recommandables. On notera bien sûr que la VO bénéficie également d’un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 immersif et dynamique, multipliant les effets spectaculaires, dont l’impact bien bourrin est encore renforcé par des basses omniprésentes.

Côté suppléments, l’éditeur nous propose tout d’abord un long making of rétrospectif (48 minutes) divisé en deux parties et proposant des entretiens avec le fils du producteur Malek Akkad, le réalisateur Dwight H. Little, le scénariste Alan B.McElroy, le compositeur Alan Howarth, le producteur Paul Freeman, les maquilleurs John Carl Buechler et Ken Horn, les cascadeurs Tom Morga et George P. Wilbur et enfin – last but not least – les acteurs du film : Danielle Harris, Ellie Cornell, Kathleen Kinmont, Beau Starr, Raymond O’Connor, Erik Preston et Sasha Jensen. Des extraits d’interview vintage sont également inclus, notamment avec le producteur exécutif Moustapha Akkad. Il s’agit d’un excellent documentaire qui reviendra sur tous les aspects du film, qu’ils soient bons ou mauvais. Certaines anecdotes sont assez croustillantes : on ignorait par exemple que la production avait reçu des masques de Myers roses avec des cheveux blancs, et qu’elle avait donc dû teindre les cheveux et peindre le visage en blanc. Les plus observateurs auront néanmoins remarqué que le masque rose à cheveux blancs apparait durant une séquence du film, sans que l’équipe ne parvienne à expliquer comment l’erreur a pu être commise et par quel miracle personne ne l’a remarqué.

On continuera ensuite par une présentation du film par Christophe Foltzer, au cœur de laquelle le scénariste / rédacteur d’EcranLarge replacera Halloween 4 dans son contexte de tournage en s’efforçant le plus possible d’éviter d’évoquer le film en lui-même. Il reviendra néanmoins sur les problèmes d’écriture et de production, en évoquant notamment l’influence de Moustapha Akkad sur le film. Enfin, on fermera la section suppléments avec la traditionnelle bande-annonce du film.

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