Test Blu-ray : Épouvante sur New York

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Épouvante sur New York

États-Unis : 1982
Titre original : Q – The Winged Serpent
Réalisation : Larry Cohen
Scénario : Larry Cohen
Acteurs : Michael Moriarty, Candy Clark, David Carradine
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h33
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 8 septembre 1982
Date de sortie DVD/BR : 23 août 2024

À Manhattan, les forces de police sont confrontées à plusieurs crimes aussi atroces et étranges les uns que les autres. Au même moment, un énorme monstre volant est aperçu dans le ciel de New York…

© MCMLXXXII Largo Productions, Inc. All Rights Reserved. © 2024 Rimini Éditions

Le film

[4/5]

Figure majeure de la série B américaine, Larry Cohen a offert au cinéma de genre des années 70/80 certaines de ses perles les plus mémorables. Surtout réputé pour ses talents de scénariste, Cohen a cependant endossé à quelques reprises la casquette de réalisateur afin d’illustrer à l’écran les délires les plus fous de son esprit ô combien créatif. Bébé mutant très enclin au meurtre, dragon volant s’attaquant à New York, yahourt vorace dévorant les êtres humains… L’imagination de Larry Cohen semble ne connaître aucune limite, et Épouvante sur New York en est une parfaite démonstration.

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En effet, on pourrait penser qu’Épouvante sur New York s’inscrit dans le genre du film de « menace animale », né après le succès incroyable des Dents de la mer de Steven Spielberg en 1975, et qu’il met simplement en scène une créature gigantesque sillonnant le ciel de New York afin de renverser de façon meurtrière le règne de l’homme. Évidemment, Larry Cohen n’est pas homme à se limiter à ce postulat de départ, et si son histoire de monstre a probablement largement profité sur cette mode au moment de sa sortie (en partie en raison de son affiche somptueuse signée Boris Vallejo), il se trouve que son film tire son originalité de ses personnages et de son scénario absolument imprévisible, qui tend certes à partir dans toutes les directions, mais toujours pour le plus grand plaisir du spectateur.

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Ainsi, bien que la créature s’avère un élément majeur d’Épouvante sur New York et soit plus ou moins toujours tapie dans le subconscient du spectateur durant toute la durée du film, elle ne dispose que de quelques minutes de présence à l’écran. Le vrai héros du film, c’est Jimmy, un petit truand sans envergure interprété par Michael Moriarty, et qui apportera au film un humour et une humanité qui le distingueront immédiatement de tous les autres personnages du genre tant il évite brillamment tous les clichés. En fait, Larry Cohen et Michael Moriarty parviennent à apporter une telle authenticité à ce personnage de petite frappe qui rêve de devenir pianiste de jazz que le couple dysfonctionnel qu’il forme avec Joan (Candy Clark) deviendra rapidement une des composantes les plus essentielles – et les plus passionnantes – du récit, dans le sens où Larry Cohen porte son regard sur l’intimité d’un couple au moment où, traditionnellement, la narration semblait plutôt se diriger vers la découverte du monstre.

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Du côté des personnages, il y a aussi Shepard (David Carradine) et Powell (Richard Roundtree), qui tentent de découvrir si la série de meurtres qui défraie la chronique New Yorkaise a réellement quelque chose à voir avec les témoignages des habitants de la ville qui déclarent avoir vu une espèce de grand dragon ailé dans le ciel. Cependant, même dans sa partie dédiée à l’enquête, Épouvante sur New York s’avère régulièrement assez drôle, ce qui crée un mélange de tonalités qui lui permet de ne ressembler à aucun autre film de monstres, si ce n’est peut-être The Host : dans le commentaire audio du film, Larry Cohen révèle que Bong Joon-Ho avait été influencé par son film et avait été y chercher l’idée de mêler humour et film de monstre.

© MCMLXXXII Largo Productions, Inc. All Rights Reserved. © 2024 Rimini Éditions

Épouvante sur New York développe donc, comme de nombreux autres films de Larry Cohen, un sens de l’humour certain, qui se cache sous la surface horrifique. Le personnage incarné à l’écran par David Carradine s’offre ainsi un certain nombre de punchlines décalées, et on notera une poignée de dialogues cultivant une certaine défiance vis-à-vis du patronat, et surtout de la politique – les saillies à l’encontre des politiciens sont nombreuses, le point d’orgue voyant Jimmy, escroc patenté, menteur et manipulateur, se comparer ouvertement à Richard Nixon. Le climax du film, qui se déroule en haut du Chrysler Building, s’impose également comme une référence amusante à King Kong (Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, 1933).

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On pourra également noter qu’en bonne petite série B, Épouvante sur New York s’avère assez généreux en termes d’outrances, et notamment en ce qui concerne les dérives « gore » : la créture du film dévore ses victimes, leur coupe la tête d’un coup de crocs, et éventre les femmes aux seins nus en laissant dégouliner leurs entrailles en plein milieu de la 42ème rue. Ces excès contribuent également à faire du film de Larry Cohen une perle étrange et absolument unique, même plus de quarante ans après sa sortie.

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Le Combo Blu-ray + DVD + Livret

[4/5]

C’est donc grâce à Rimini Éditions que le cinéphile français pourra aujourd’hui (re)découvrir Épouvante sur New York sur support Blu-ray : on espère que d’autres films de Larry Cohen suivront – d’une façon très étonnante, la trilogie des Monstres, Ma belle-mère est une sorcière ou encore The Stuff sont, à notre connaissance, toujours honteusement inédits en Haute-Définition en France. Pour son arrivée sur support numérique, le film intègre la prestigieuse « Collection Angoisse » de l’éditeur et bénéficie du packaging habituel – un Digipack trois volets surmonté d’un fourreau.

Côté master, Épouvante sur New York est proposé au format respecté, le piqué est très doux et la pellicule occasionnellement abîmée, mais le tout nous est proposé dans un master stable, avec de belles couleurs vives, des contrastes soignés et surtout un grain argentique globalement préservé. Côté son, VF et VO s’imposent naturellement dans des bandes sonores tout à fait satisfaisantes, toutes deux mixées en DTS-HD Master Audio 2.0. Le rendu acoustique est clair. La piste anglaise est plus fine, mais la VF a pour elle un petit côté « culte » typique des années 80, avec des expressions amusantes et des jeux de mots absents de la version originale.

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Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord un livret de 24 pages signé Marc Toullec et consacré au film. Sur la galette à proprement parler, en plus de la traditionnelle bande-annonce et d’un entretien avec Jean-Manuel Costa, réalisateur de courts-métrages et spécialiste de la stop-motion (18 minutes), le gros morceau de l’interactivité du Blu-ray est un formidable commentaire audio de Larry Cohen. Comme à son habitude, le scénariste / réalisateur du film fait preuve d’énormément d’humour, passant d’un détail de la production à des anecdotes de tournage en passant par ses souvenirs des acteurs ou de l’équipe. Larry Cohen fait par ailleurs preuve d’une bonne dose d’autodérision, et commencera par revenir sur la « Première » du film, durant laquelle de nombreux spectateurs pensant assister à une avant-première de Rencontres du troisième type s’étaient levés et avaient quitté la salle en masse dès le générique de début. Carl Reiner et sa femme, présents dans la salle, sont partis à la fin de la scène d’ouverture.

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Voici une poignée d’autres informations révélées par Larry Cohen dans son commentaire audio : il nous expliquera qu’il était un ami de longue date de David Carradine, puisqu’ils avaient servi ensemble dans l’armée. Il admettra cependant qu’ils avaient été brouillés durant quelques années, Cohen ayant dû le renvoyer d’un film en raison de sa consommation excessive d’alcool. Ils s’étaient cependant réconciliés avant la mort de l’acteur. Il reviendra également sur sa rencontre avec Michael Moriarty, et révélera que la scène de l’audition fut improvisée sur le tournage, et que l’acteur a composé lui-même la musique qu’il joue durant ladite scène. Il évoquera les similitudes entre Épouvante sur New York et le Godzilla de Roland Emmerich, évoquant d’ailleurs sa rencontre avec le producteur d’Emmerich, Dean Devlin, qui lui achèterait le scénario de Cellular quelques années plus tard. Les noms de Bruce Willis et d’Eddie Murphy avaient été évoqués pour les rôles de Shepard et de Jimmy. Autre anecdote géniale : l’œuf et le nid de la créature n’ayant pu être installés dans le Chrysler Building, les scènes les mettant en scène avaient été tournées dans un ancien bâtiment de police désaffecté. Une fois le tournage terminé, l’équipe avait tout enlevé, sauf le nid. Un an plus tard, Larry Cohen découvrait un article dans le New York Times décrivant l’activité intense des anthropologues venus en ville pour examiner le mystérieux nid trouvé dans un bâtiment abandonné de la police.

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