Test Blu-ray : Cure

0
2243

Cure

Japon : 1997
Titre original : Kyua
Réalisation : Kiyoshi Kurosawa
Scénario : Kiyoshi Kurosawa
Acteurs : Koji Yakusho, Tsuyoshi Ujiki, Masato Hagiwara
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h51
Genre : Horreur, Thriller
Date de sortie cinéma : 10 novembre 1999
Date de sortie DVD/BR : 28 juillet 2021

Un officier de police, Takabe, enquête sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées avec une croix gravée dans le cou. Un jour, un jeune vagabond est arrêté près de l’endroit où a été retrouvé le dernier corps. Il est vite identifié comme un ancien étudiant en psychologie, devenu fou et ayant d’inquiétants pouvoirs hypnotiques, lui permettant de pousser des gens à commettre des actes criminels…

Le film

[3,5/5]

Si Kiyoshi Kurosawa est aujourd’hui quasi-unanimement reconnu comme un cinéaste japonais important, il n’en a pas toujours été le cas. Ainsi, lorsque l’on a découvert Cure en France en 1999, le film avait beau avoir été largement salué par Libé, Les Inrocks et Télérama (comme il serait par la suite par des cinéastes influents tels que Martin Scorsese ou Bong Joon-ho), il fit tout de même à l’époque office de douche froide à bien des cinéphiles amateurs de cinéma d’horreur et de fantastique.

Il faut dire aussi que Kiyoshi Kurosawa sait prendre de la distance par rapport au genre et à ses codes, et proposait avec Cure un film extrêmement cérébral, lent, filmé à la japonaise, avec de longs plans très contemplatifs – un intellectualisation du genre qui représente à peu près l’inverse de l’immédiateté « viscérale » des films généralement célébrés par les amateurs d’horreur, et qui provoqua en son temps un rejet absolu de la part d’une petite frange de cinéphiles à travers le monde. On aurait ainsi tendance à dire que si certains cinéastes œuvrant dans le cinéma de genre mettaient leurs tripes sur la table en tournant, Kiyoshi Kurosawa quant à lui y mettait son cerveau.

Presque 25 ans après sa sortie japonaise cependant, l’heure de la réhabilitation a sonné pour Cure, qui s’impose comme un puissant film d’horreur psychologique. Le récit est étrange, sinueux, et Kurosawa parvient à tirer profit de la lenteur de sa narration, utilisant son détachement apparent comme une arme supplémentaire pour consolider une atmosphère véritablement étouffante, délétère. A sa manière, et puisqu’il n’aurait pu être tourné nulle part ailleurs, Cure contribue à donner du Japon une image grise, délabrée et morne, où plus personne ne se parle et où le sentiment d’isolement de chacun peut finalement mener à une espèce de « déshumanisation » collective, frappant comme au hasard, et incitant les japonais à plonger dans les ténèbres et la folie.

L’impression de folie se dégageant de Cure est également renforcée par le montage de Kan Suzuki, qui explosera lors de certaines séquences aux limites du surréaliste, et par la musique de Gary Ashiya, qui rend l’expérience de visionnage encore plus troublante. Ainsi, et pour peu que l’on sache à peu près à quoi s’attendre, Cure s’avère finalement une expérience cinématographique unique, et même assez intense dans son genre. A découvrir, même – et peut-être surtout – si vous l’aviez boudé à sa sortie !

Le Blu-ray

[4/5]

C’est sous les couleurs de Carlotta Films que Cure fait son apparition ce mois-ci sur support Blu-ray ; on espère que d’autres films de Kiyoshi Kurosawa suivront chez l’éditeur. Côté master, cette édition Haute Définition de Cure s’avère tout à fait convaincante : le piqué est d’une belle précision, la colorimétrie s’avère assez superbe, et la granulation argentique d’origine – assez importante – a été préservée avec soin. La copie affiche par ailleurs une stabilité et une propreté toutes deux très convaincantes. En l’état, le rendu visuel de la galette éditée par Carlotta est probablement le meilleur actuellement disponible sur le marché. On notera par ailleurs que le film est proposé en 1080p. Côté son, l’éditeur nous propose un mixage VOST DTS-HD Master Audio 5.1, imposant un dynamisme finalement assez impressionnant dans son genre, sans jamais nuire à la patine old school du film. On notera également que Carlotta n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 plus cohérent si vous visionnez Cure sur un « simple » téléviseur.

Du côté des suppléments, l’éditeur nous propose tout d’abord un entretien avec Kiyoshi Kurosawa (15 minutes), réalisé en 1999 et proposé en définition standard. Le cinéaste y reviendra sur sa conception personnelle de la peur, mêlant angoisses intérieures et menaces extérieures, évoquera son processus créatif sur le film et donnera une poignée d’informations pertinentes sur le film, tout en appuyant sur l’obsession des Japonais pour le concept de fin du monde. On terminera ensuite avec un entretien avec Stéphane du Mesnildot (22 minutes), spécialiste du cinéma asiatique, qui reviendra sur la grande richesse thématique de Cure et du cinéma de Kiyoshi Kurosawa en général.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici