Test Blu-ray : Comme un oiseau sur la branche

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Comme un oiseau sur la branche

États-Unis : 1990
Titre original : Bird on a wire
Réalisateur : John Badham
Scénario : David Seltzer, Louis Venosta, Eric Lerner
Acteurs : Mel Gibson, Goldie Hawn, David Carradine
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h50
Genre : Thriller, Action
Date de sortie cinéma : 12 septembre 1990
Date de sortie DVD/BR : 8 juillet 2020

15 ans plus tôt, Rick Jarmin a témoigné contre deux agents fédéraux corrompus. Depuis, il vit sous une fausse identité. Mais il croise par hasard Marianne Graves, son amour de jeunesse, qui le reconnait. Au même moment, les agents qu’il a fait condamner retrouvent sa trace. Désormais, Rick et Marianne ne sont plus en sécurité…

Le film

[4,5/5]

S’il est clairement retombé dans l’oubli et a dû se recycler dans la série TV depuis plusieurs décennies maintenant, John Badham avait su marquer de son empreinte le cinéma de divertissement tout au long des années 80, ainsi qu’au tout début des années 90, notamment avec deux monuments de la comédie d’action : Comme un oiseau sur la branche (1990) et La Manière forte (1991). Le point commun entre les deux films était de se reposer sur des duos improbables, qui marqueraient, chacun à leur manière, une génération entière de jeunes cinéphiles.

Le duo mal assorti était déjà une source de gags solide dans le genre du cinéma d’action en 1990 : avant Comme un oiseau sur la branche, Mel Gibson l’avait déjà largement expérimenté avec les deux premiers opus de la saga L’arme fatale. En plus de la frénésie d’action et de l’humour décomplexé, les scénaristes du film Louis Venosta et Eric Lerner avaient donc décidé de jouer la carte de l’originalité. Secondés au scénar par le vieux briscard David Seltzer, les auteurs de Comme un oiseau sur la branche ont pris le parti – payant – de profiter de l’expérience de Goldie Hawn dans le domaine de la comédie pour proposer un savant mélange – encore relativement inédit – d’action à 100 à l’heure, de comédie ET de romance.

Et au final, devant la caméra solide et expérimentée de John Badham, Comme un oiseau sur la branche est devenu un véritable petit film culte, un OVNI que l’on se régalera à redécouvrir en famille trente ans après sa sortie. Véritable madeleine de Proust cinématographique, le film de Badham est un actioner 100% plaisir, dont on s’étonne d’avoir gardé en tête plusieurs répliques, malgré les années qui nous séparent de sa sortie dans les salles. Toujours aussi fun et réussi si l’on excepte son épouvantable chanson-titre (qui était déjà horrible en 1990), Comme un oiseau sur la branche s’impose comme une belle réussite, mais elle repose sur un équilibre fragile. La logorrhée verbale de Mel Gibson, les cris et les protestations de Goldie Hawn, de l’action, des poursuites, du rire et encore du rire. Dans cet ordre ou dans un autre.

Constamment sur la corde raide (un peu, disons, comme un oiseau sur une branche), le film de Badham parvient néanmoins à trouver son propre équilibre, son homogénéité, aussi mystérieuse puisse-t-elle paraître. Incroyable mais vrai. Une vanne de Mel, la moue de Goldie, une bagnole, un train, une moto ou un avion lancés à pleine vitesse, une autre vanne de Mel, une bourde ou un hurlement de Goldie. Et ça marche, puisqu’on en redemande. Encore plus fort : contre toute attente, le rôle de Goldie Hawn ne se limite aucunement au cliché de la blonde écervelée et hurleuse, popularisé par le personnage de Willie Scott dans Indiana Jones et le temple maudit. Comme Kate Capshaw dans le film de Spielberg justement, Goldie Hawn parvient à dépasser le statut de simple « silhouette » et apporte une vraie consistance à son personnage et à son interprétation, notamment grâce à un scénario malin qui propose une distribution habile des répliques et des punchlines comiques.

Le rythme est trépidant, enchaînant très rapidement les poursuites, parfois franchement survoltées et enthousiasmantes. On pense notamment à la scène de la fuite de l’hôtel à Detroit, épatante et mise en scène avec panache et dynamisme. La tonalité générale lorgne plutôt ouvertement du côté de la bande dessinée, le scénario de Comme un oiseau sur la branche ne prenant pas grand-chose au sérieux, avec ses personnages riant aux éclats à l’issue d’une course-poursuite qui aurait pu douze fois leur coûter la vie. La scène finale, prenant place au cœur d’un zoo, tient également de cet état d’esprit fantaisiste, avec des bad guys qui passeront l’arme à gauche dans des conditions spectaculaires – et même étonnamment impressionnantes.

La tension érotique entre les deux personnages principaux est maintenue avec brio tout au long de leur cavale à travers les États-Unis, même si elle dévie par moments, pour de rire, vers d’autres personnages (le coiffeur gay, la vétérinaire entreprenante…).

Ce qui fait tout le prix et la réussite de Comme un oiseau sur la branche vient d’ailleurs probablement en grande partie de là : de cette folle alchimie entre Mel Gibson et Goldie Hawn, qui crève littéralement l’écran. C’est d’autant plus remarquable que ce genre de couples a totalement disparu des écrans de cinéma depuis de nombreuses années : aujourd’hui, les acteurs en tête d’affiche dans les comédies romantiques sont jeunes et bankables. Quand ils ne le sont plus, ils sont cantonnés à d’autres rôles. Il semble impossible de nos jours de revoir une comédie romantique mettant en scène, comme le film de Badham, deux acteurs dans la fleur de l’âge : Mel, 35 ans, Goldie, 45 ans. L’intrigue ne cherche par ailleurs pas à les rajeunir, et prend leur âge en compte, leur offrant un background, un passé commun. Les seconds-rôles, de David Carradine à Bill Duke en passant par Joan Severance ou Stephen Tobolowsky, sont également d’une solidité à toute épreuve.

Le Blu-ray

[4/5]

Les nostalgiques de l’action en mode 80/90’s auront probablement les larmes aux yeux en découvrant que Comme un oiseau sur la branche est enfin disponible en Haute-Définition dans une édition digne de ce nom, grâce aux efforts de Rimini Éditions. Côté Blu-ray, la copie est globalement d’une très belle propreté, malgré quelques légers outrages liés au temps qui demeurent un peu visibles. Cela dit, on préférera toujours quelques imperfections n’ayant pu être gommées numériquement que le lissage abusif que pratiquent, encore aujourd’hui, certains éditeurs, sans même se rendre compte à quel point ils dénaturent parfois les œuvres. Ici, le grain argentique est respecté à la lettre, le piqué est d’une belle précision, et la profondeur de champ est remarquable, bref, c’est du très beau boulot, naturellement proposé en version intégrale et 1080p. Bref, on est en présence d’un beau Blu-ray. Côté son, c’est la grande classe également : la VF d’époque, ainsi que la VO anglaise sont proposées dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine. La version française est formidable, avec les voix de Jacques Frantz et Monique Thierry, pour un résultat typique de la fin des années 80.

Du côté des suppléments, l’éditeur nous gâte avec L’abécédaire Mel Gibson, un joli sujet conçu par Matthieu Rostac (auteur du livre « Mel Gibson – Sur la brèche ») avec l’aide de Rimini Éditions et de La plume. Il s’agit d’un abécédaire, revenant donc, lettre après lettre, sur différents aspects de la carrière de Mel Gibson. C’est très intéressant, et vous apprendra à coup sûr deux/trois informations que vous ignoriez sur Mad Mel. Un accent tout particulier sera mis sur Comme un oiseau sur la branche.

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