Test Blu-ray : Beyond Re-Animator

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Beyond Re-Animator

Espagne, États-Unis : 2003
Titre original : –
Réalisation : Brian Yuzna
Scénario : José Manuel Gómez, Miguel Tejada-Flores
Acteurs : Jeffrey Combs, Jason Barry, Elsa Pataky
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h36
Genre : Horreur, Comédie
Date de sortie DVD/BR : 18 août 2021

Un jeune garçon de 10 ans voit sa soeur se faire tuer par un zombie dans la maison de leurs parents. S’ensuit une fusillade et l’arrestation d’Herbert West, à l’entrée du cimetière voisin. 15 ans plus tard, le même garçon, devenu médecin, est affecté au service d’une prison. Une prison qui renferme, non par hasard, un certain Herbert West. La rencontre des deux personnages est inévitable et conduit à un carnage contrôlé…

Le film

[4/5]

Si vous êtes un lecteur régulier de la section vidéo de critique-film, vous savez tout l’amour que l’on voue à Brian Yuzna, que l’on considère comme un génie absolu du Cinéma, ayant révolutionné le genre horrifique dans les années 90. Pour les cancres du fond, on vous propose néanmoins un retour rapide sur la carrière du maestro ès Horror. Flashback : nous sommes à la fin des années 80, et Brian Yuzna s’impose dans le cœur des amateurs de fantastique dès son premier film en tant que réalisateur, Society (1989), film barré s’il en est, baignant dans une ambiance complètement surréaliste, branque et très sexuée.

A l’issue de ce coup d’essai / coup de maître particulièrement fendard et jouissif, Brian Yuzna reviendrait derrière la caméra l’année suivante avec les excellents Re-Animator 2 et Douce nuit, sanglante nuit 4 : L’initiation (toujours inédit en DVD et Blu-ray chez nous), qui confirmeraient et entérineraient définitivement son talent fou et incontestable, reléguant les icones du passé Orson Welles ou Stanley Kubrick au rang de chiffons merdeux, de ringards, de mecs n’ayant définitivement rien compris à l’essence même du médium « Cinéma », dont la portée transcendantale autant que les possibilités narratives infinies étaient enfin révélées à leur pleine puissance par Yuzna.

Le film qui nous intéresse aujourd’hui, Beyond Re-Animator, a été tourné en 2003 en Espagne, pour le compte de la Fantastic Factory, société de production espagnole spécialisée dans le cinéma fantastique dirigée par Julio Fernandez et Brian Yuzna lui-même. Créée en 2000 sous l’égide de Filmax, la Fantastic Factory ne produirait que neuf films avant de disparaitre en 2007. Beyond Re-Animator est probablement le plus réussi d’entre eux.

Autant être clair d’entrée de jeu cela dit : si le premier Re-Animator entretenait des liens – déjà assez ténus – avec l’œuvre de H.P. Lovecraft, les deux opus de la saga réalisés par Brian Yuzna en 1990 et 2003 abandonnent de leur côté totalement l’aspect « Lovecraftien » du récit d’origine. Ainsi, Beyond Re-Animator se concentrera quant à lui sur le gore le plus outrancier, l’humour potache, les idées loufoques : il s’agit d’un pur divertissement « gonzo », conçu pour les amateurs de trash et de gore, et ne cherchant en aucun cas à se faire passer pour autre chose.

Le scénario de Beyond Re-Animator, écrit par les espagnols José Manuel Gómez et Miguel Tejada-Flores, tient d’ailleurs du prétexte pur et simple. Il vise essentiellement à réunir et à voir s’affronter Herbert West, toujours interprété par le formidable Jeffrey Combs, et un assistant / antagoniste – ici un médecin ayant croisé la route du réanimateur de cadavres dans son enfance – sur fond de déferlement de zombies. Malins, les deux scénaristes décident de les réunir dans un vaste endroit clos, afin de pouvoir reproduire grosso modo la construction narrative du premier film, chaque personnage du film de Stuart Gordon trouvant ici un équivalent. Au-delà de cette volonté de remake inavoué, l’idée est bien entendu d’en offrir à nouveau le maximum au spectateur en termes d’outrances gorasses et de séquences dégueu, tout en respectant des contraintes budgétaires évidentes.

A l’issue d’une séquence d’ouverture absolument gerbante qui donnera clairement le ton de la production, Beyond Re-Animator enchainera donc avec une courte exposition des lieux (une prison) et des nouveaux personnages, avant de multiplier les quiproquos qui mèneront, naturellement, à la décision impromptue d’essayer le contenu d’une mystérieuse fiole remplie d’un liquide vert luminescent sur une personne supposée morte.

« Monumentale erreur », dirait Jack Slater – voici une décision un poil trop hâtive qui va plonger la prison tout entière dans le chaos. A partir de ce moment précis, Beyond Re-Animator sombrera dans le grand n’importe quoi tout à fait réjouissant, d’autant plus fun que le film de Yuzna est littéralement rempli à ras bord de personnages secondaires, dont beaucoup se verront naturellement transformés par les expériences de West. Parmi les plus notables d’entre eux, on trouvera bien sûr le Dr. Howard Phillips (Jason Barry), une journaliste un peu fouineuse (Elsa Pataky), un directeur de prison forcément sadique (Simón Andreu), son bras droit tout aussi sadique (Lolo Herrero), mais aussi quelques détenus, tels que Cabrera (Enrique Arce), l’amoureux des rats, et bien sûr Speedball (l’inénarrable Santiago Segura), le chtarbé de service accro aux drogues en tous genres.

La quasi-totalité de Beyond Re-Animator se déroulant dans l’enceinte de la prison, le carnage peut donc commencer, avec la générosité typique du cinéaste en termes d’outrances bien gratinées, d’idées folles et de séquences inattendues. La combinaison d’humour décalé et de gore extrême ne fonctionne certes pas toujours à plein régime (on note en effet quelques petites baisses de rythme), mais les effets spéciaux sont réussis et de nombreuses performances d’acteurs complètement barrées contribuent à faire du film un divertissement attachant et toujours agréable. La construction du film, montant crescendo dans l’horreur, permet à Brian Yuzna de se livrer à une poignée de prouesses formelles qui culmineront durant la dernière demi-heure du film, qui s’impose comme un véritable maelstrom de carnage et de séquences carrément WTF, et s’avère tout à fait représentatif du goût de la démesure et du Grand-Guignol du cinéaste.

Il y a ainsi de grandes chances pour que, tout au long de votre vie de cinéphile, vous n’ayez jamais eu le loisir de découvrir, dans un film de cinéma, un rat affrontant une bite zombie. Beyond Re-Animator vous donnera cette chance. Et rien que pour cela, il est de rigueur de saluer bien bas la créativité et le talent de Brian Yuzna – cinéaste génial s’il en est, que l’on ne désespère pas de voir, un jour, repasser derrière une caméra. Pour l’amour de l’Art.

Le Blu-ray

[4,5/5]

A l’occasion de la sortie très attendue de Beyond Re-Animator en Haute-Définition, ESC Éditions se fend d’une très belle édition Mediabook Combo Blu-ray + DVD + Livret, dotée d’un visuel aussi criard et outrancier que le film : de toute beauté. Les puristes et les collectionneurs seront de plus ravis de constater qu’ESC reprend ici exactement la même présentation que celle proposée par l’éditeur indépendant The Ecstasy of Films, qui a récemment sorti les deux premiers opus de la saga Re-Animator dans des Combos similaires : voilà donc une édition qui ne devrait pas faire tache à côté des deux autres dans votre DVDThèque.

Si on n’a pas eu l’objet finalisé entre les mains, on salue donc ESC Éditions pour ce travail éditorial superbe rendant ses lettres de noblesse à l’appellation « Édition Collector ». Le Mediabook est par ailleurs proposé en édition limitée, et contient un livret de 48 pages signé Marc Toullec (qui d’autre ?) et consacré à la Fantastic Factory. On tient donc là un véritable et bel objet de collection, mais ESC ne mise pas tout sur la présentation puisque l’éditeur ajoute également une poignée de suppléments intéressants sur les disques à proprement parler.

Côté galette, le Blu-ray du film nous propose une image très satisfaisante : tourné en 35MM, Beyond Re-Animator s’impose ici sans peine grâce à une image certes douce en termes de grain mais nous proposant tout de même une définition accrue, mêlée à des couleurs et des contrastes volontairement poussés dans leurs retranchements. Un vrai plaisir de revoir le film dans ces conditions ! Côté son, le film est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1 en VF comme en VO. La spatialisation, d’abord discrète, explosera surtout durant le dernier acte du film. La spatialisation profite également à la musique signée Xavier Capellas, qui se développe à sa guise sur la scène arrière, l’immersion étant prolongée par un recours fréquent au caisson de basses. Du bon taf !

Dans la section suppléments, on commencera tout d’abord avec une très amusante présentation du film par Christophe Lemaire (16 minutes). Ce dernier y reviendra sur la « légende » autour de la saga, puis sur le film et son casting, avant de terminer en nous présentant le thermomètre d’Herbert West. On poursuivra ensuite avec un making-of du film (18 minutes, SD), introduit par Brian Yuzna et nous donnant à voir quelques images volées sur le tournage du film ainsi que tout plein d’entretiens avec les acteurs. On passera rapidement sur le clip de « Move your dead bones » par Dr. Re-Animator, qui est une insupportable soupe Eurodance (4 minutes), pour enchaîner avec une série d’entretiens avec l’équipe du film (18 minutes, SD). Il s’agit des rushes des interviews non utilisés sur le making of (mêmes décors), mais l’ensemble est intéressant et amusant. On y trouvera des interventions de Brian Yuzna, Jeffrey Combs, Jason Barry, Elsa Pataky, Simón Andreu et Santiago Segura. Enfin, on trouvera également dans les suppléments un intéressant sujet composé de différents photocalls suivis d’un extrait de conférence de presse avec l’équipe du film (16 minutes), durant lesquels on entendra principalement s’exprimer Brian Yuzna, puis les acteurs (Jeffrey Combs, Elsa Pataky, Nico Baixas…). On terminera bien entendu avec la traditionnelle bande-annonce.

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