Wolf Creek
Australie : 2005
Titre original : –
Réalisation : Greg McLean
Scénario : Greg McLean
Acteurs : John Jarratt, Cassandra Magrath, Kestie Morassi
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h44
Genre : Horreur, Thriller
Date de sortie cinéma : 9 août 2006
Date de sortie BR/4K : 23 juillet 2025
Trois jeunes randonneurs quittent leur ville d’Australie pour trois semaines de trekking dans le désert australien. Ils en profitent pour aller admirer Wolf Creek, un cratère causé par une météorite vieux de plusieurs milliers d’années. Cette nuit-là, ils retrouvent leur voiture en panne. Lorsqu’un autochtone leur propose de l’aide, ils se croient sauvés. Pourtant, le vrai cauchemar commence…
Le film
[5/5]
Sorti sur les écrans français durant l’été 2006, Wolf Creek s’était imposé comme un classique immédiat de l’horreur contemporaine. Formellement très abouti, le film écrit et réalisé par Greg McLean avait bénéficié, au printemps 2007, d’une sortie en DVD sous les couleurs de TF1 Vidéo. Bizarrement, et alors même que le format était à l’époque déjà bien installé dans les foyers de l’hexagone, Wolf Creek avait fait partie de ces films qui, malgré une facture formelle remarquable, n’avaient pas pu bénéficier d’une exploitation en Blu-ray en France. Le film de Greg McLean avait donc été lâchement privé de Blu-ray, au même titre que plusieurs autres films de genre sortis à peu près à la même époque, et qui seraient appelés à devenir de solides objets de culte au fil des ans. On pense ici notamment à Isolation (Billy O’Brien, 2005), Black Sheep (Jonathan King, 2006), Solitaire (Greg McLean, 2007), Halloween (Rob Zombie, 2007), Les Ruines (Carter Smith, 2008) ou encore Amer (Bruno Cattet et Hélène Forzani, 2010), tous privés de Haute-Définition en leur temps !
Heureusement, ESC Éditions est là pour rectifier les erreurs du passé et, bénéficiant des dernières innovations technologiques dans le domaine de la vidéo domestique, nous propose aujourd’hui de redécouvrir Wolf Creek au format Blu-ray 4K Ultra HD. Grâce à ESC, l’heure est donc au pardon pour ces éditeurs auxquels on en a tant voulu durant des années. « Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! » disait le barbu sur sa croix – il semble qu’il soit temps de passer l’éponge sur les incompétences d’hier, tout en saluant l’audace et la pertinence des choix éditoriaux d’aujourd’hui. C’était d’autant plus indispensable que même si la franchise s’avère encore peu développée chez nous, Wolf Creek a donné naissance à une suite, Wolf Creek 2, sortie en 2013, ainsi qu’à une déclinaison sous la forme d’une série TV, qui sera développée durant deux saisons en 2016 / 2017. Au cœur de la saga, on trouve bien sûr le personnage de Mick Taylor, interprété par l’excellent John Jarratt (Pique-nique à Hanging Rock, Next of Kin), un serial killer créé par Greg McLean à partir d’un véritable tueur en série australien nommé Ivan Milat, surnommé « The Backpacker Killer », ayant tué au minimum sept personnes (dont cinq routards internationaux) entre 1989 et 1993.
Avec Wolf Creek, le scénariste Greg McLean prend le parti de développer son récit de façon volontairement lente, afin de créer une atmosphère et un attachement aux personnages principaux qui prendra tout son sens dans le deuxième acte du film. La première heure est essentiellement imprégnée d’une ambiance de road-trip décontracté, dans la lignée de certains films américains des années 1970, et bien sûr d’une poignée de classiques australiens de la Ozploitation écrits par Everett De Roche dans les années 70/80 (Long weekend, Déviation mortelle…). Le récit prend son temps pour installer ses personnages, s’apparentant presque à un récit de voyage. Trois amis, Liz, Kristy et Ben, interprétés par Cassandra Magrath, Kestie Morassi et Nathan Phillips, s’aventurent dans l’Outback australien à bord d’une vieille voiture pour visiter le célèbre site d’impact de météorite situé dans le parc national de Wolf Creek. Le déroulement de l’histoire, initialement joyeux et détendu, contribue à rendre les protagonistes principaux véritablement attachants et crédibles. En parallèle, l’attachement à une représentation naturaliste – et même quasi-documentaire – de leur voyage et de leurs interactions permet à la mise en scène de Greg McLean d’accentuer volontairement leur isolement par rapport à tout semblant d’environnement « civilisé ».
John Jarratt est littéralement parfait et plus vrai que nature dans le rôle de Mick Taylor, un chasseur de l’Outback apparemment bienveillant, mais qui dégage toutefois une vague aura menaçante en raison de sa nature robuste. Ainsi, on ne pourra que remarquer sa froideur, véritablement inquiétante, au moment où, assis autour d’un feu de camp, Ben fait une blague à priori anodine sur Crocodile Dundee. De plus, ce sentiment de menace latente est encore accentué par le paysage de l’Outback australien, rude, impitoyable, qui tend à faire penser qu’en dépit de son côté extrêmement « plat » et baigné d’un soleil de plomb, le mal pourrait presque s’y cacher au grand jour. Cette atmosphère permet au scénario de Wolf Creek d’avancer d’une manière implacable. Le film est clairement divisé en deux parties : la première moitié nous présente longuement les trois héros, Liz, Kristy et Ben, le spectateur découvrant avec eux les magnifiques paysages australiens ; la découverte des penchants sadiques et ultraviolents de Mick dans le deuxième acte n’en sera que plus brutale et éprouvante. D’ailleurs, il faut noter que Greg McLean fait preuve d’un enthousiasme débordant dans sa description de la violence, avec une série de scènes d’une sauvagerie extrême, doublée d’un nombre croissant de victimes et d’un suspense certain, qui tendra à bouleverser les attentes du spectateur, du moins quant à savoir qui se sortira vivant de cette cruelle mésaventure.
Wolf Creek dégage tout au long de son intrigue une angoisse sourde et malaisante, d’autant plus efficace que le tueur du film n’est pas un de ces « monstres » de cinéma au faciès immédiatement reconnaissable (masque de foire ou de hockey, visage brûlé, difformités…). Il s’agit au contraire d’un être humain d’apparence tout à fait normale, et qui en dépit de son apparence robuste s’efforce de se montrer affable et drôle… Alors qu’il se révélera pervers et monstrueux lors de scènes de tortures mémorables, alors même que Greg McLean, qui a parfaitement retenu les leçons de Tobe Hooper sur Massacre à la tronçonneuse, n’en montre finalement très peu, ne versant jamais dans le gore à outrance ou la surenchère. L’essentiel est laissé à l’imagination du spectateur, ce qui tend à rendre le film encore plus oppressant, et le fait que le film soit essentiellement tourné caméra à l’épaule rajoute encore une touche de réalisme à l’ensemble. Le seul élément « irrationnel » de l’intrigue consiste dans le fait que les montres de Ben et de Krity se sont toutes deux arrêtées, à la même heure, lors de leur visite sur le site du cratère : on retrouvera cette tentation à faire appel aux codes du fantastique à l’occasion du plan final du film, durant lequel on voit la silhouette du tueur s’éloigner en direction du soleil couchant, puis s’estomper à l’horizon. Si cette idée souligne évidemment le caractère « insaisissable » du tueur, elle fait aussi le pont avec d’autres classiques du fantastique, tels que Duel (Steven Spielberg, 1971) ou Jeepers Creepers (Victor Salva, 2001), dans le sens où elle sous-tend que le mal ultime n’a pas de visage et peut se cacher partout.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4/5]
Wolf Creek vient donc tout juste de sortir au format Blu-ray 4K Ultra HD, sous les couleurs de ESC Éditions, récemment rebaptisé ESC Films. Comme souvent avec l’éditeur, le film s’impose dans un bel écrin : le Combo Blu-ray 4K UHD + Blu-ray nous est présenté dans un digipack trois volets surmonté d’un étui cartonné. Une belle façon de fêter le vingtième anniversaire du film !
Côté master, le film a visiblement bénéficié d’une solide restauration, et le rendu Katka est tout simplement éblouissant. C’est d’autant plus remarquable que la caméra utilisée à l’époque du tournage était la Sony HDW-F900, une caméra Haute-Définition qui ne répond pas aux normes HDR actuelles. L’étalonnage Dolby Vision qui nous est proposé ici a néanmoins de quoi nous enthousiasmer, réduisant en partie la légère surexposition du matériel source. Le niveau de détail en sort grandi, de même que les couleurs, qui présentent désormais un aspect orangé doré encore plus prononcé dans les scènes prenant place dans l’Outback australien. Les jeux d’ombres et de lumières sont bien rendus, le piqué est éparant, extrêmement précis dans les gros plans, et les contrastes sont ultra-boostés – parfois même un peu trop, notamment au cours des dernières scènes du film, qui se déroulent dans l’obscurité : les reflets lumineux sur la peau des acteurs donnent souvent cet effet HDR artificiellement exagéré.
Côté son, le mixage nous est proposé, en VO, en Dolby Atmos, et le rendu acoustique de l’ensemble s’avère très impressionnant. Qu’il s’agisse des scènes de fête au début du film, des bruits d’ambiance pendant le voyage ou de la panique de la dernière partie du film, la spatialisation et la dynamique générale sont très solide. Les moments chocs vous feront sauter au plafond, le caisson de basses tape dur, et les enceintes Surround ne connaissent pas le repos. Pour les cinéphiles non équipés, Wolf Creek nous sera également proposé dans des mixages DTS-HD Master Audio 5.1 en VF et en VO, et nous offrent une expérience plus immersive que jamais, surtout en comparaison avec l’antique DVD de 2007. Malheureusement cela dit, la version française qui nous est proposée par ESC Films est une VF québécoise, ce qui pourra s’avérer gênant pour les amateurs de VF qui auront droit à des expressions typiques des mangeurs de poutine – on parle donc ici plutôt de « boules » que de « nichons », et on admettra que cela peut faire bizarre de voir le bad guy du film menacer sa captive de lui « couper les boules ».
Dans la section suppléments, le Blu-ray 4K Ultra HD du film ne nous propose que la traditionnelle bande-annonce, accompagnée d’un commentaire audio de Greg McLean, Matt Hearn (producteur exécutif), et des actrices Cassandra Magrath et Kestie Morassi (VOST). Il s’agit d’un commentaire assez standard, informatif et léger, dominé par la présence de Greg McLean, qui reviendra sur de nombreux aspects techniques et narratifs de Wolf Creek. Pour le reste des suppléments, il faudra se rabattre sur le Blu-ray du film, également disponible dans le boitier de cette édition 4K, mais malheureusement, il ne nous a pour le moment pas été fourni par l’éditeur. Vous pourrez y retrouver les bonus suivants : un making of (50 minutes), un entretien avec John Jaratt (8 minutes), une sélection de Scènes coupées (6 minutes) et un montage de Storyboards (3 minutes).