Test Blu-ray 4K Ultra HD : Subway

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Subway

France : 1985
Titre original : –
Réalisation : Luc Besson
Scénario : Luc Besson, Marc Perrier, Alain Le Henry
Acteurs : Christophe Lambert, Isabelle Adjani, Michel Galabru
Éditeur : Gaumont
Durée : 1h42
Genre : Action, Drame
Date de sortie cinéma : 10 avril 1985
Date de sortie BR/4K : 25 juin 2025

Amoureux fou d’Héléna, Fred, un garçon mystérieux, donne rendez-vous à la jeune femme dans l’univers fascinant et agité du métro parisien. Il possède des documents compromettants qu’il a dérobés à son mari. Dans les couloirs souterrains, les jeunes gens vont découvrir une faune étrange, où se mêlent pickpockets et policiers, « rollers » et musiciens…

Le film

[4/5]

Trois ans avant le succès monstre du Grand Bleu, qui propulserait Luc Besson tout en haut du box-office hexagonal, le cinéaste était déjà parvenu à emmener presque trois millions de français dans les bas-fonds du métro parisien avec son deuxième long-métrage, Subway, sorti sur les écrans en 1985. S’ouvrant sur une scène de course-poursuite percutante, le film s’impose dès ses premières minutes comme une œuvre basée sur le mouvement et la musique. Très représentatif de la frénésie clippesque des débuts de MTV, qui commençait à envahir le cinéma dans le monde entier, Subway est une œuvre étrange, pleine de musique, de fumée, de lumières et de fantaisies capillaires. Néanmoins, avec quarante ans de recul par rapport à sa sortie, on ne peut passer à côté du fait que le film a permis à Luc Besson de développer un style visuel iconique absolument incontestable, qu’il affinerait par la suite de film en film.

On trouvera au cœur de l’intrigue de Subway une poignée des marques de fabrique qui feraient le succès du cinéma de Luc Besson : Jean Reno, des scènes d’action efficaces, des antihéros en mode cool, parfaitement coiffés et sapés, des flics maladroits et incompétents, la musique d’Éric Serra… La narration peut paraître aléatoire, mais l’atmosphère est là : l’attirance romantique de Christophe Lambert pour Isabelle Adjani est un fil rouge général distendu, qui permet à Luc Besson et à ses coscénaristes Pierre Jolivet, Alain Le Henry, Marc Perrier et Sophie Schmit d’introduire de nombreux personnages décalés. Parmi eux, on trouve « Baguettes » (Jean Reno), qui s’exprime principalement en tapant partout, « le fleuriste » (Richard Bohringer), ou encore « Roller » (Jean-Hugues Anglade), un pickpocket notoire poursuivi par la police du métro. Cette brigade, dirigée par Michel Galabru et ses deux adjoints, « Batman et Robin » (Jean-Pierre Bacri et Jean-Claude Lecas), mène un combat perdu d’avance contre les voleurs et les squatteurs qui infestent le réseau.

Mais quels que soient les défauts de l’histoire et du rythme au cœur de Subway, ils n’empêchent en rien Luc Besson de nous faire la démonstration de son don pour l’action et de son sens aigu des compositions de plans qui claquent. Du début à la fin, son film joue la carte de l’ambiance, privilégiant l’image et la recherche stylistique, avec des couleurs, des lumières et des ombres très marquées. De plus, chaque séquence de Subway vibre d’un rythme qui lui est propre, ce qui rend impossible toute tentative de le « classer » dans un genre ou dans un autre : il ne s’agit pas vraiment d’un thriller, ni tout à fait d’un film d’action, ni même d’un drame, d’une comédie ou d’un film romantique, même s’il pioche allégrement dans tous ces genres. Le décor joue un rôle fondamental, et le tout est doublé d’une défiance constante et rigolarde vis-à-vis des autorités et de la bourgeoisie, notamment au travers d’une séquence de dîner sortie de nulle-part durant laquelle le personnage d’Isabelle Adjani malmène la femme du préfet en jurant comme un charretier.

Par ailleurs, il est impossible d’évoquer Subway sans mettre en avant sa dimension profondément musicale, et il convient donc de citer la musique du film, signée Eric Serra, qui tient également un petit rôle dans le film. Véritable tour de force formel, Subway est aussi un film profondément ancré dans son temps : l’esthétique des années 80 domine chaque plan, aussi bien du point de vue visuel que sonore. Pour autant, et même s’il a toujours eu tendance à diviser le public, le film a fort bien vieilli, et pour qui saura goûter le style 80’s à fond les ballons qui nous est ici proposé par Luc Besson, force est de constater que la mise en scène et la bande-son auront assurément de quoi captiver durablement le spectateur. A redécouvrir !

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[5/5]

Après Le Cinquième élément, Nikita et Léon, c’est aujourd’hui au tour de Subway de s’offrir les joies d’un upgrade sur Blu-ray 4K Ultra HD, toujours sous les couleurs de Gaumont. Le film a donc bénéficié d’une nouvelle restauration 4K à partir du négatif 35MM, effectuée par Gaumont et le laboratoire VDM, Ce nouveau transfert nous est proposé sur galette 4K, avec un étalonnage HDR10 + Dolby Vision. Le résultat à l’écran est vraiment surprenant, et absolument explosif en ce qui concerne les couleurs. La patine argentique a été respectée à la lettre, le niveau de détail ne faiblit jamais, et même si le film se déroule le plus souvent dans le noir ou dans l’obscurité, la palette colorimétrique est extraordinaire, et les contrastes – de même que la tenue des noirs – sont réellement impressionnants. Pour ceux qui avaient tendance à considérer Subway comme le maillon faible de l’œuvre de Luc Besson, on peut parler de totale redécouverte. Même constat d’excellence du côté du son : immersive et puissante, la piste sonore mixée en DTS-HD Master Audio 5.0 fait honneur à l’ampleur et l’ambition du film de Besson, et à la force de la musique d’Eric Serra. Les ambiances sont restituées de façon impressionnante, d’un dynamisme et d’une force tout simplement bluffantes. On notera par ailleurs que Gaumont n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de système de spatialisation sonore de type Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 qui s’avérera sans aucun doute plus cohérent si vous visionnez Subway sur un « simple » téléviseur.

Du côté des suppléments, on commencera sur la galette Katka à proprement parler, avec un long et passionnant making of (1h20), réalisé par Jean-Hugues Anglade et retraçant tout le tournage du film, des premiers aux derniers jours. Dès les premières minutes du film, on sera en immersion sur le projet Subway aux côtés de Luc Besson, qui nous apprendra que les premiers jours de tournage du Dernier Combat et de Subway se sont déroulés au même endroit. On apercevra ensuite Jack Lang, de passage sur le plateau au moment du tournage de la scène d’ouverture, et on se régalera des images du métro parisien totalement désert. Entre les confidences et les discussions détendues, beaucoup de moments volés permettront aux cinéphiles curieux de découvrir Luc Besson au naturel avec ses acteurs, et bien sûr le tournage des scènes d’action. Très complet !

Le Blu-ray 4K Ultra HD du film contient également une bande-annonce ; pour le reste des suppléments, il faudra se diriger vers le Blu-ray de bonus également disponible au sein du boitier. On y trouvera cinq entretiens enregistrés en 2024 / 2025, qui permettront, mis bout à bout, de nous livrer un intéressant making of rétrospectif. On commencera par un entretien avec Jean-Hugues Anglade (18 minutes), qui remettra le film dans le contexte de sa carrière de l’époque : la rencontre avec Luc Besson au lendemain des Césars, l’entraînement aux rollers, le travail sur le film et le tournage du making of, la liberté ressentie pendant le tournage… Il nous révélera également avoir gardé sa paire de patins en souvenir. On trouvera ensuite un entretien avec Sophie Schmit, monteuse et coscénariste (31 minutes), qui se trouvait d’ailleurs être la compagne de Luc Besson au moment du tournage. Elle reviendra sur les origines du film (écrit avec Pierre Jolivet avant Le Dernier Combat), l’abandon du projet par Charlotte Rampling et Sting, le déblocage de la situation grâce à Isabelle Adjani, et les difficultés à monter une séquence du film en particulier.

On continuera avec un entretien avec Didier Grousset, assistant réalisateur (20 minutes), qui nous expliquera que la RATP avait demandé des réécritures du scénario avant de donner les autorisations de tournage, mais les changements opérés dans le scénario ne furent finalement pas respectés et cachés aux responsables de la RATP ; il se remémorera également le casse-tête logistique que représentait le fait de tourner « en pirate » dans le métro parisien. Il nous livrera quelques anecdotes de première bourre concernant le film, notamment une impliquant un retour en métro avec deux flingues démilitarisés dans la ceinture. On enchaînera avec un entretien avec Didier Naert, assistant décorateur (29 minutes), qui reviendra sur son parcours ainsi que sur le métier de décorateur de cinéma, tout en égrenant, par ci par là, une anecdote concernant le film de Luc Besson. Enfin, on terminera par un entretien avec Michel Jonasz (17 minutes), qui reviendra sur sa longue collaboration avec Arthur Simms, chanteur de la chanson « It’s only Mystery », mort du Sida en 1987 à l’âge de seulement 34 ans. On notera par ailleurs que le Blu-ray 4K Ultra HD de Subway édité par Gaumont nous est proposé dans un superbe SteelBook aux couleurs du film.

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