Test Blu-ray 4K Ultra HD : Nosferatu

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Nosferatu

États-Unis : 2024
Titre original : –
Réalisation : Robert Eggers
Scénario : Robert Eggers
Acteurs : Lily-Rose Depp, Nicholas Hoult, Bill Skarsgård
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 2h16
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 25 décembre 2024
Date de sortie DVD/BR/4K : 7 mai 2025

Nosferatu est une fable gothique, l’histoire d’une obsession entre une jeune femme tourmentée et le terrifiant vampire qui s’en est épris, avec toute l’horreur qu’elle va répandre dans son sillage…

Le film

[4/5]

Les plus cyniques parmi les cinéphiles déclarent à qui veut l’entendre que le cinéma d’horreur est en déclin depuis la fin des années 90. C’est un point de vue que l’on peut entendre, mais il nous semble au contraire que le travail et la passion de cinéastes tels que Rob Zombie, Ti West, Mike Flanagan, les frères Philippou, Parker Finn, Jordan Peele, Ari Aster ou Robert Eggers ne cessent de nous prouver que le genre en a encore bel et bien sous le pied, et qu’un film d’horreur peut encore surprendre le public en 2025. Au sein de cette vague – non exhaustive – de cinéastes étant parvenu au fil des films à renouveler les codes et les formes du genre, Robert Eggers est sans aucun doute l’un des plus singuliers.

Après The Witch en 2016 (130.000 entrées) et The Lighthouse en 2019 (76.000 entrées), Robert Eggers était parvenu à attirer le public français dans les salles en 2022 avec The Northman, qui avait enregistré 359.000 entrées : ce film lui a donc permis d’obtenir la reconnaissance du public français, en même temps qu’il disposait de celle des grands studios, qui lui avaient alloué les moyens suffisants afin de mettre en forme sa « vision ». Les résultats du film dans les salles ayant satisfait les producteurs, Robert Eggers put alors réunir 50 millions de dollars afin de mettre en boite Nosferatu, une ré-imagination du film de Friedrich Wilhelm Murnau bénéficiant de son style si particulier : lent, malaisant, atmosphérique et extrêmement graphique.

Avec six mois de recul par rapport à la sortie de Nosferatu dans les salles à travers le monde, on ne peut que se féliciter qu’une telle proposition de cinéma – si radicale qu’elle flirte gentiment avec le cinéma d’art et d’essai – soit parvenue à trouver son public : le film a en effet généré 178 millions de recettes au Box-office international, et attiré un peu plus de 455.000 spectateurs en France. Renouant avec la tradition initiée par le film de Murnau, le film de Robert Eggers fait de son vampire une créature monstrueuse : un géant difforme affichant un visage repoussant, de longues mains griffues et des crocs d’animal sauvage, imposant sa volonté par la manipulation, l’intimidation et la terreur. Interprété par un Bill Skarsgård absolument méconnaissable, le comte Orlok est un bel et bien un monstre, et chacune de ses apparitions fait littéralement froid dans le dos.

La volonté de Robert Eggers de secouer le spectateur et de l’emmener en dehors de sa zone de confort se ressent dès la première séquence de Nosferatu, qui met en scène Ellen, le personnage incarné à l’écran par Lily-Rose Depp, plongé dans une sorte d’appel frénétique, lascif et sensuel, tenant tout à la fois de l’invocation et de l’appel de la chair. Cet aspect étrangement érotique se maintiendra tout au long du film, la tension sexuelle existant entre Ellen et le comte Orlok allant crescendo au fur et à mesure que le film se déroule. Avec l’aide de son directeur de la photographie Jarin Blaschke, Robert Eggers s’efforce de créer une atmosphère sépulcrale, sombre et étouffante, qui contraste fortement avec la beauté macabre des plans qu’il nous donne à voir.

La lumière et les ombres sont utilisées à bon escient, dans la plus pure tradition du cinéma expressionniste allemand : on entend par là que le public comprend immédiatement quand il doit ressentir une sorte de normalité et de sécurité, et quand les situations sont plus incertaines ou dangereuses. De nombreux plans d’ensemble, dévoilant une architecture biscornue et oppressante, sont utilisés non seulement pour établir les lieux, mais aussi pour renforcer le sentiment d’isolement des personnages, et notamment celui de Thomas (Nicholas Hoult) lors de son voyage à travers la vieille Europe en direction du château d’Orlok. Au fil des séquences de Nosferatu, qui se déroulent sur un rythme lent, calqué sur les déplacements du comte dans l’ombre, on se rend rapidement compte que pour chaque chose que nous voyons dans la lumière, il en existe également une tapie dans l’obscurité.

De ce fait, l’effroi s’installe progressivement et monte crescendo, et Robert Eggers ne laisse que peu d’occasions au public de souffler. La progression narrative et atmosphérique de Nosferatu est à l’image de la créature au centre du récit, chaque cadavre insufflant un peu plus de sang dans les corps caverneux du film, lui permettant, au fur et à mesure que le pouvoir et l’emprise d’Orlock s’étendent, d’atteindre une tension maximale. L’évolution d’Orlok est d’ailleurs mise en parallèle avec la transe orgasmique d’Ellen. Lily-Rose Depp nous livre d’ailleurs une performance remarquable, alimentant le sentiment de catastrophe imminente développée par le film : profondément perturbée, inquiète, Emma ne se sent nulle-part à sa place et ne parvient manifestement pas à trouver le bonheur. Au fil du film, ses visions contrôlées par Orlok ont un impact de plus en plus visible sur elle : elle blanchit, et ses cernes s’accentuent de plus en plus, tandis que son côté, le comte se gorge de sang, véritable aubergine de plus en plus rigide et turgescente.

En deux mots comme en cent, si vous aimez le cinéma atmosphérique de Robert Eggers, conçu comme de longs préliminaires suivis d’un climax faisant l’effet d’une décharge brutale et explosive, il n’y a point à douter que vous apprécierez là où le cinéaste choisit d’emmener le spectateur avec son Nosferatu. Pour les spectateurs l’ayant découvert en salle à l’hiver dernier, on notera par ailleurs que le film nous est ici présenté dans une version « Extended Cut », d’une durée d’environ quatre minutes de plus que le montage cinéma. Le dîner entre Thomas et le comte y est légèrement plus long, et on trouvera quelques lignes de dialogues supplémentaires pour le professeur Albin Eberhart Von Franz (Willem Dafoe) et le Dr Wilhelm Sievers (Ralph Ineson).

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4,5/5]

Nosferatu vient tout juste de débarquer chez votre dealer de culture préféré au format Blu-ray 4K Ultra HD, sous les couleurs de Universal Pictures. Autant l’affirmer tout de suite sans faire durer le suspense : le rendu Katka du film est absolument époustouflant, probablement même meilleur que si vous l’avez découvert sur grand écran en décembre dernier. Tourné en pellicule, Nosferatu marquait la quatrième collaboration de Robert Eggers et de son directeur photo Jarin Blaschke, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le rendu visuel qui nous est proposé ici fait vraiment honneur à l’ambition formelle qu’ils déploient tout au long du film.

Le transfert nous propose une finesse de détail impeccable tout en respectant le léger grain d’origine. Le film se déroule essentiellement dans l’obscurité, mais l’étalonnage Dolby Vision + HDR10 permet aux noirs d’afficher une profondeur remarquable, et de pousser les couleurs – volontairement désaturées – dans leurs retranchements les plus froids, et les scènes laissant apparaître des flammes donnent immédiatement plus de chaleur à l’ensemble. Les visages, vêtements et bien sûr les décors bénéficient d’un piqué d’une précision absolue, et la profondeur de champ est remarquable, durant les scènes en extérieur autant que dans celles se déroulant en intérieur : c’est magnifique.

Côté son, la version originale de Nosferatu nous est proposée en Dolby Atmos, dans un mixage doté d’un core Dolby TrueHD 7.1. L’ampleur et le dynamisme sont au rendez-vous, le film n’étant d’ailleurs aucunement avare en passages flippants, ce mixage propose une spatialisation atmosphérique littéralement renversante, qui plongera à coup sûr le spectateur dans l’ambiance délétère du film de la plus efficace des manières. La version française est quant à elle proposée dans un mixage Dolby Digital+ 7.1 qui fait tout aussi bien le taf côté immersion : l’ensemble est parfaitement enveloppant, dynamique et vraiment punchy, avec des effets multidirectionnels fréquents et efficaces. On notera cela dit que l’on préfère très nettement la VO à la VF, pour de simples raisons artistiques.

Du côté de la section suppléments, les amoureux de Nosferatu pourront prolonger le plaisir pris devant le film en savourant la courte série de scènes coupées (6 minutes), et se plonger dans sa fabrication à travers un passionnant making of (40 minutes). Divisé en six parties thématiques, cette intéressante plongée dans l’envers du décor de la fabrication du film reviendra sur l’implication de Robert Eggers dans le projet, mais également sur la création du comte Orlok, l’utilisation de l’ombre et de la lumière pour créer l’atmosphère, les décors, les costumes, les effets visuels ou encore la musique. Très complet et intéressant ! Enfin, les fans les plus indécrottables de ce Nosferatu cuvée Eggers pourront se régaler d’un commentaire audio du scénariste / réalisateur Robert Eggers. Le cinéaste y reviendra, scène après scène, sur ses intentions ainsi que sur les anecdotes liées à telle ou telle séquence. De la conception des décors aux costumes, en passant par le casting et les repérages, Robert Eggers évoque tous les sujets. On y apprendra par exemple que le château d’Orlok est celui de Pernštejn, en République tchèque, le même que celui utilisé par Werner Herzog pour son film Nosferatu, fantôme de la nuit en 1979. Les équipes du film ont cependant tenté de « camoufler » le château, en rajoutant une porte plus massive que celle utilisée par Herzog, et en tournant dans des coins et recoins qui n’avaient pas été utilisés à l’époque. Le réalisateur reviendra également sur les légères modifications apportées pour la version longue, et les raisons qui l’avaient poussé à les écarter du montage final.

On notera par ailleurs que le Blu-ray 4K Ultra HD de Nosferatu édité par Universal Pictures est présenté dans un superbe SteelBook aux couleurs du film.

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