Critique : Sisters

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Sisters

Etats-Unis, 2015
Titre original : Sisters
Réalisateur : Jason Moore
Scénario : Paula Pell
Acteurs : Tina Fey, Amy Poehler, Maya Rudolph, Ike Barinholtz
Distribution : Universal Pictures International
Durée : 1h57
Genre : Comédie
Date de sortie : 11 mai 2016

Note : 2/5

Tina Fey et Amy Poehler forment un duo de choc dans le monde de la comédie américaine, grâce à leur collaboration régulière dans les sketchs de « Saturday Night Live » et le rôle de maîtresses de cérémonie des Golden Globes qu’elles ont endossé pour l’instant à trois reprises. Au cinéma, cette équipe de tonnerre, irrévérencieuse et drôle, devra cependant encore faire ses preuves en haut de l’affiche, après des rôles secondaires dans Lolita malgré moi de Mark S. Waters. Ce constat reste hélas d’actualité suite à cette comédie poussive, qui cherche impudemment à tirer profit de la renommée des deux comédiennes, sans se donner la peine de rendre pétillante une intrigue plombée par sa vulgarité puérile. Sisters constitue en fait un cas d’école navrant de tout ce qui ne tourne pas rond dans la comédie américaine populaire des années 2010, toujours prisonnière de l’humour graveleux issue de l’époque American Pie, mais incapable de l’élever à un niveau soit plus mature, soit réellement rebelle.

Synopsis : Les sœurs Maura et Kate Ellis ne pourraient pas être plus différentes l’une de l’autre. Tandis que la première cultive en toute circonstance sa fibre altruiste, au point de se retrouver seule après son divorce, la deuxième est incapable de mener une vie d’adulte, poussant son immaturité jusqu’à perdre sans cesse son emploi et à gêner sa fille adolescente Haley, d’ores et déjà plus responsable qu’elle. La décision de leurs parents de vendre la maison familiale à Orlando en Floride les oblige d’y retourner une dernière fois, afin de vider leur chambre remplie de souvenirs de jeunesse. Ce sera également l’ultime occasion d’y faire la fête ensemble, dans le cercle de leurs amis d’antan, des quadragénaires qui mènent depuis une vie bien rangée et tristounette. Pour une fois, Maura et Kate vont échanger leurs rôles habituels de bonne âme et de bête de scène pour une célébration déchaînée, qui laissera des traces indélébile dans la maison prête à être vendue.

Une bite sur le mur

Au lieu de nous faire rire aux éclats, cette comédie nous inspire de la pitié. Les éléments pitoyables s’y succèdent en effet à un rythme préoccupant : des traits amplement liftés de la vieille garde – Dianne Wiest et James Brolin dans le rôle sans saveur des parents – aux personnages secondaires ennuyeusement caricaturaux, en passant par cette paire de vedettes au féminin qui méritait certainement mieux que cette histoire fatiguée pour tenter une transition haute en couleur vers le cinéma. Bref, Sisters a en quelque sorte copié le concept de The Party de Blake Edwards, à savoir une fête qui dégénère au-delà de l’absurde, mais le film de Jason Moore n’en a nullement hérité l’esprit joyeusement irrévérencieux. La provocation y va certes bon train, notamment par le biais de répliques truffées de sous-entendus voyants. Mais les différentes cibles de moquerie, toutes déjà vues sous une forme ou une autre dans d’autres comédies sorties récemment chez Universal, comme Nos pires voisins de Nicholas Stoller, ne se prêtent guère à un ton méchamment acerbe.

Une ballerine dans le cul

Car le reproche principal que nous émettons à l’égard de cette comédie pas vraiment divertissante, c’est qu’elle s’adonne à une promotion à peine larvée du statu quo, sous son habillage grossier de dynamitage des normes. Peu importe l’étendue du déraillement des mœurs et du comportement de Maura et Kate, une existence affreusement aseptisée les attendra à la fin de leur aventure laborieusement rocambolesque. Ce retour au bercail de la bienséance, symbolisé par un couple traditionnel dans un foyer qui ne l’est pas moins, est hélas la marque de fabrique du cinéma hollywoodien dans ce qu’il a de plus consensuel. Il serait évidemment naïf d’espérer une quelconque mise en question sérieuse et durable de cet idéal trop convenable de la part d’une production avant tout commerciale. L’association de comédiennes aussi peu politiquement correctes que Tina Fey et Amy Poehler nous avait pourtant donné l’espoir, amèrement déçu, qu’une approche moins frileuse du centre sacro-saint de la société américaine était possible.

Conclusion

Les fans de ces deux comiques d’exception que sont sans l’ombre d’un doute Tina Fey et Amy Poehler seraient peut-être bien avisés de faire l’impasse sur cette comédie qui ne rend guère justice à leur talent. Il ne serait même pas exagéré de qualifier Sisters de parodie fâcheuse de l’humour ironique qui les avait rendues célèbres. En tout cas, nous sommes profondément las de ces prétendues comédies, qui affichent fièrement leur vulgarité infantile pour mieux rentrer docilement dans le rang par la suite.

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