Critique : Sacré Robin des Bois

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Sacré Robin des Bois

États-Unis : 1993
Titre original : Robin Hood – Men in tights
Réalisation : Mel Brooks
Scénario : Mel Brooks, Evan Chandler, J.D. Shapiro
Acteurs : Cary Elwes, Roger Rees, Dave Chappelle
Production : Brooksfilms Ltd.
Durée : 1h43
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 15 décembre 1993

4,5/5

Que cela soit en dessin animé ou en film, nous avons tous vu une adaptation de Robin des Bois. Depuis 1922, Robin des Bois ne cesse de voir son personnage à l’écran, que ce soit en séries ou en films, et interprété par de nombreux acteurs différents, dont Kevin Costner et Errol Flynn en sont les plus reconnus jusqu’à l’arrivée de Russell Crowe. Mel Brooks nous propose une parodie bien potache et comique à souhait. Sacré Robin des Bois est l’avant-dernière œuvre de Mel Brooks, et pas moins l’une des meilleures. Après le carton des Hot Shots !, Mel Brooks revenait à la parodie pour prouver qu’il était le meilleur dans le genre : il fallait avoir un scénario solide et des gags plus comiques les uns que les autres pour ne pas tomber dans l’oubli…

Fraîchement revenu des croisades où il combattait aux côtés du Roi Richard d’Angleterre, le beau Robin de Locksley se voit confisquer ses terres natales par l’usurpateur de la couronne, le Prince Jean. Il jure de se venger et de combler le trou de la sécurité sociale… La belle Marianne trouvera-t-elle celui qui possède la clef de sa culotte de chasteté ?

Cocktail explosif d’acteurs détonants

Si Mel Brooks réussit cette œuvre, c’est tout d’abord, bien sur, grâce à un scénario digne de son créateur, mais aussi grâce à une ribambelle d’acteurs tous plus impliqués les uns que les autres dans cette folle aventure.

Tout d’abord, Robin de Locksley, interprété par Cary Elwes (Saw) n’est pas un Robin des Bois comme les autres : il est un brin macho et doté de mimiques de bouffon. Cary Elwes n’en est pas à sa première parodie, déjà dans Hot Shots ! son rôle du lieutenant Kent Gregory était admirable. Il sait comment rendre son personnage bien ridicule et y met une telle volonté, que ses personnages en sont crédibles. Son petit air à la Errol Flynn n’en laisse aucune indifférente. C’est un aventurier prêt à tout pour venger sa famille. De ses mimiques, on retiendra la façon qu’il a de réfléchir en caressant sa barbichette. Tout est là pour nous faire apprécier le personnage. Mel Brooks a vraiment choisi un bon acteur pour interpréter ce Sacré Robin des Bois maladroit mais charmant.

De plus, il est accompagné de Mirette, son plus fidèle serviteur. C’est Mark Blankfield (Sauvés par le Gong) qui a été choisi par Mel Brooks pour incarner ce personnage aveugle, doté de deux mains gauches, mais confident de Robin. Le fait qu’il soit aveugle va donner à son rôle plus d’importance qu’on pourrait le penser. Notamment lors d’une petite bataille pendant un repas du shériff. Pensant se battre à l’épée contre des adversaires, il ne fait que tailler une poutre en bois, mais il y met tellement de force et de volonté, que ça en est à se tordre de rire. Mark Blankfield et Mel Brooks collaboreront ensemble une deuxième fois quelques années plus tard à l’occasion de Dracula, mort et heureux de l’être.

Robin va aussi faire la connaissance d’Atchoo, un maure en vacances (et non pas un mort, référence à Mirette qui ne le voit pas et dit « Mort ? Comme c’est dommage. Accident de ski ? »). Dave Chapelle (Les Ailes de l’Enfer, Vous avez un message) incarne Atchoo, le noir qui parle en verlan et qui porte des « Pump » de Reebok. Il est un peu la tête pensante de Robin. Il va aider ou plutôt sauver notre Sacré Robin des Bois dans ses péripéties.

Quant au shériff de Rottengham tant méprisé par Robin, c’est Roger Rees (Le roi Scorpion, A la maison blanche) qui s’y colle. Shériff dyslexique qui a un mal fou à s’exprimer correctement ; « Nous livrez manant ce » au lieu de « Livrez nous ce manant » par exemple. Cela le rend encore moins crédible dans son rôle de shériff. Roger Rees est divin dans ce rôle.

Mel Brooks et le souci du détail

Tous ceux qui sont nés dans les années 80 ont grandi avec les films ZAZ (trio de réalisateurs de parodies Zucker, Abrahams et Zucker qui ont réalisé Y’a-t-il un pilote dans l’avion ou Top Secret), mais à l’époque, on ne comprenait pas tous les jeux de mots ou les subtilités de mise en scène. En tout cas pour ma part, ce n’est que lorsque j’ai revu le film pas mal d’années plus tard que j’ai compris pourquoi je rigolais étant plus petite.

Mel Brooks a le sens du détail. Dans Sacré Robin des Bois, on a droit à une course de Jockeys en dromadaire sur la plage lorsque Robin s’évade de la prison, une caméra qui casse un carreau car elle se rapproche trop près, la mouche du prince Jean qui change de place sur son visage à chaque scène, et tant d’autres.

On pourrait en citer encore et encore, mais cela prendrait trop de temps. « Prêtez moi l’oreille » s’écrie Robin et toute la troupe se décroche une oreille et la lance sur Robin. Mel Brooks a aussi pris le soin de nous révéler la vraie naissance du terme « faire la ola ».

Tout le film est bourré de références cinématographiques; « contrairement à mon prédécesseur, je ne danse pas avec les loups » – phrase culte de Robin faisant référence à Kevin Costner (dans la version française). Mel Brooks a aussi pris soin d’y glisser des références à ses propres films.

Le titre anglais, Robin Hood – Men in tights, fait référence aux collants verts que portent Robin et sa troupe. Mel Brooks a lui-même même créé une chanson pour le film : « La bande des mecs en collant, visiblement c’est une bande de combattants » (chanson entrecoupée de l’air du french cancan).

Le générique est aussi fendard, il commence par des archers tirant à l’arc des flèches enflammées pour annoncer les acteurs. Sauf qu’à la fin du générique, une flèche se perd dans le film et atterrit sur le toit d’une chaumière qui prend feu. Et c’est en cœur que les villageois s’exclament « Pourquoi à l’arrivée de Robin ils doivent mettre le feu à nos chaumières ? Lâche-nous, Mel Brooks ! ».

Et pour une fois, je suis vraiment contente du doublage pour la version française, c’est assez rare mais là je dois dire que c’est assez réussi. Le shériff est doublé par Patrick Poivey (voix française de Bruce Willis), Robin par Emmanuel Curtil (voix française de Jim Carrey) et le Prince Jean par Jacques Frantz (voix française de Mel Gibson et Robert De Niro). De quoi rendre le film encore plus intéressant.

Résumé :

Mel Brooks ne signe pas ici le film le plus recherché, et Sacré Robin des Bois manque parfois de rythme, mais le jeu des acteurs et le scénario à mourir de rire suffisent à passer 1h40 de fous rire et de larmes aux yeux. J’ai lu quelque part qu’on comparait ce film avec ceux des Monty Python, et ce n’est pas du tout le même esprit, mais au niveau de l’humour, c’est tout autant valable. Je peux vous assurer qu’après avoir vu ce film plus d’une dizaine de fois étant jeune et revu encore maintenant, je ne cesse de rire et vous garantis que vous rirez aussi.

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