Nyon 2019 : Werner Herzog invité d’honneur

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Si on vous demandait de nous donner le nom du réalisateur qui représente le mieux pour vous l’alliance entre la montagne et le cinéma, vous penseriez à qui ? Et si on y ajoutait la variable « documentaire » … ? Il n’est pas sûr que vous arriviez de suite à Werner Herzog. Cette réponse est pourtant évidente, si l’on connaît tant soit peu la filmographie du réalisateur allemand. Les organisateurs du Festival de Nyon, Visions du réel, sont visiblement familiers avec elle, puisqu’ils ont annoncé en début de semaine que Werner Herzog sera le lauréat du prix Maître du Réel à leur festival en Suisse. Alors, oui, sur les rives du lac Léman, à moins de quatre-cents mètres d’altitude, on n’est pas vraiment dans les hautes montagnes, que Herzog n’a pas cessé de gravir au service de ses films documentaires et parfois de fiction. Que cela soit pourtant une incitation à se rendre plus confortablement à ce festival incontournable dédié au documentaire dont la 50ème édition se déroulera du vendredi 5 au samedi 13 avril 2019.

En partenariat avec la Cinémathèque suisse et l’École cantonale d’art de Lausanne, plusieurs événements sont organisés pour donner au public l’opportunité de rencontrer Werner Herzog en chair et en os, dont une masterclass le mardi 9 avril et la projection d’une sélection de ses films, dont Meeting Gorbatchev, son dernier long-métrage co-réalisé avec André Singer. Il recevra son prix le Sesterce d’or Prix Raiffeisen la veille. Des informations plus détaillées sur cet hommage prestigieux seront communiquées au mois de mars, en même temps que l’ouverture des pré-ventes des tickets en ligne à partir du 11 mars 2019.

© Robin Holland Tous droits réservés

Alors qu’il n’est plus tout jeune, Werner Herzog (* 1942) est toujours au cœur de l’actualité cinématographique, soit de façon active, comme le démontre la dizaine de documentaires, courts et longs, qu’il a tournés depuis le début de la décennie, soit d’un point de vue plus théorique, avec par exemple l’édition de l’essai « Werner et les catastrophes naturelles » par Laura Fredducci aux Éditions Anne Carrière au printemps dernier ou la grande rétrospective de reprises que le distributeur Potemkine lui avait consacrée fin 2014. Connu surtout d’un hélas pas si grand public pour ses films de fiction, dont les collaborations houleuses avec son acteur fétiche Klaus Kinski dans, entre autres, Aguirre La Colère de dieu et Fitzcarraldo, Herzog a commencé à s’intéresser dès ses débuts au documentaire. Deux de ces pépites initiales ont par ailleurs été reprises dans le programme Les Ascensions de Werner Herzog, sorti également en décembre 2014. Car quasiment depuis le début du siècle, cette partie-là de sa filmographie jouit d’une plus grande visibilité, grâce à des titres comme Ennemis intimes sur son travail avec Kinski, Grizzly Man sur le fou d’ours Timothy Treadwell, La Grotte des rêves perdus sur les grottes de Chauvet et ses peintures murales, ainsi que Into the Abyss sur le système pénitentiaire aux États-Unis.

Ce sont enfin ses documentaires qui lui ont valu une vague de reconnaissance au fil du dernier acte de sa vie créative, depuis sa nomination à l’Emmy du Meilleur Documentaire en 1999 pour Little Dieter Needs To Fly, jusqu’à celle aux Oscars dix ans plus tard pour Rencontres au bout du monde, resté inédit en France, en passant par les prix des critiques de Los Angeles et du syndicat des réalisateurs américains, la Directors Guild, en 2006 pour Grizzly Man. En Suisse, le Festival de Locarno, à deux-cents kilomètres à l’est de Nyon, lui avait déjà décerné son prix honorifique, le Léopard d’or, en 2013. Werner Herzog sera le sixième réalisateur à recevoir le prix Maître du Réel, après Richard Dindo, Barbet Schroeder, Peter Greenaway, Alain Cavalier et Claire Simon.

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