Après une année de relâche pour cause de pandémie du coronavirus, la Fête du cinéma retrouve à peu de choses près son mode opératoire traditionnel. Il est certes loin le temps, où l’on devait acquérir un carnet spécial dans lequel les consommateurs de films les plus inconditionnels pouvaient regrouper la dizaine de tickets accumulés au fil des trois jours de l’opération commerciale. Mais sinon, vous pourriez profiter dès aujourd’hui et jusqu’au dimanche 4 juillet du tarif fort attractif de quatre euros par séance. Eh oui, contrairement à ses habitudes plus récentes, la Fête ne s’étale pas sur deux semaines de sorties. Ce qui n’est pas très grave en soi, puisque ce mercredi vous réservé une fois de plus de (très) nombreux films dignes d’intérêt. Si l’on compte les rétrospectives, plus d’une trentaine de titres vous attendent. De quoi amplement vous rassasier d’images et de sons sur grand écran !
Tandis que la Fête de l’ancien monde était souvent l’occasion de sortir tout et n’importe quoi dans nos salles obscures chéries – après tout, qui va faire la fine bouche quand c’est la quantité qui prime sur la qualité ? –, cette 36ème édition peut se prévaloir d’un programme des plus alléchants. A commencer par quelques comédies fort savoureuses qui sont la preuve de la bonne santé du cinéma français. Ainsi, parmi les ultimes rescapés de la dernière sélection du Festival de Cannes, avant le lever du rideau de la nouvelle édition dès mardi prochain, c’est le conte loufoque de loups-garous Teddy des frères jumeaux Boukherma qui nous intrigue le plus. Le rire sera encore plus jaune face aux présidents que Jean Dujardin et Grégory Gadebois campent dans le film du même nom de Anne Fontaine.
Déjà plus sujets à caution, la comédie d’action américaine Hitman and Bodyguard 2 de Patrick Hughes et la comédie sociale française La Fine fleur de Pierre Pinaud nous paraissent suffisamment inoffensives pour constituer des divertissements convenables. Ce qui ne sera en toute probabilité pas le cas lors des retrouvailles de Alexandra Lamy et Franck Dubosc, trois ans après Tout le monde debout, dans le délire fantastique à la trame brouillonne Le Sens de la famille de Jean-Patrick Benes.
Les drames sont de même présents en force cette dernière semaine avant les vacances scolaires. Et pas des moindres, puisque notre cher confrère Jean-Jacques semble avoir adoré Le Procès de l’herboriste de Agnieszka Holland et fortement apprécié Sœurs de Yamina Benguigui ! D’autres choix plus qu’honorables pour faire le plein de cinéma sérieux à moindre prix se nomment les plus ou moins déroutants De l’or pour les chiens de Anna Cazenave Cambet, sélectionné au label de la Semaine de la Critique cannoise l’année dernière, My Zoé de Julie Delpy pour son septième long-métrage toujours aussi imprévisible, Février du Bulgare Kamen Kalev remarqué auparavant avec Eastern Plays et Tête baissée, le conte doux-amer sur le Liban Sous le ciel d’Alice de Chloé Mazlo et, enfin, La Fièvre de Maya Da-Rin, passé par le Festival du cinéma latino-américain de Biarritz en 2019.
Deux documentaires remarquables complètent ce tableau de sorties très riche, sur un ton particulièrement à fleur de peau. Dans Midnight Traveler de Hassan Fazili, le réalisateur évoque l’exode long et pénible de sa famille depuis l’Afghanistan. Et dans Solo de Artemio Benki, il est question du lent retour à la perfection artistique d’un pianiste en pleine dépression.
Comme si vous n’étiez pas déjà surbookés par toutes ces propositions de cinéma prometteuses, les films en reprise font, eux aussi, preuve d’une exemplaire complémentarité. Entre le drame d’adolescents gays profondément touchant Beautiful Thing de Hettie MacDonald côté britannique, le conte de vengeance stylé La Vengeance d’un acteur du Japonais Kon Ichikawa et la reprise de l’extrêmement épique 1900 de Bernardo Bertolucci, deux ans après sa dernière ressortie, vous aurez en effet l’embarras du choix.
Or, le morceau de résistance en la matière de cette fin de mois de juin, ce sont évidemment les deux rétrospectives – ample pour Roberto Rossellini, plus ciblée pour Alain Tanner – qui vous permettront de vous familiariser avec l’œuvre imposante de ces cinéastes hélas un peu passés de mode ces dernières années !
De l’or pour les chiens de Anna Cazenave Cambet (France, Drame, 1h39) avec Tallulah Cassavetti, Ana Neborac et Corentin Fila
The Deep House de Alexandre Bustillo et Julien Maury (France, Horreur, 1h21, distribué sur 199 copies) avec James Jagger, Camille Rowe et Eric Savin
Février de Kamen Kalev (Bulgarie, Drame, 2h05) avec Dimitar Radoinov, Lachezar Nikolayev Dimitrov et Kolyo Ivanov Dobrev
La Fièvre de Maya Da-Rin (Portugal, Drame, 1h38) avec Régis Myrupu, Rosa Peixoto et Johnatan Sodre
La Fine fleur de Pierre Pinaud (France, Comédie dramatique, 1h34, distribué sur 330 copies) avec Catherine Frot, Melan Omerta et Fatsah Bouyahmed
Hitman and Bodyguard 2 de Patrick Hughes (États-Unis, Action, 1h56, distribué sur 437 copies) avec Ryan Reynolds, Samuel L. Jackson et Salma Hayek
Midnight Traveler de Hassan Fazili (Qatar, Documentaire, 1h27, distribué sur 50 copies)
My Zoé de Julie Delpy (Allemagne, Drame familial, 1h42, distribué sur 80 copies) avec Julie Delpy, Richard Armitage et Daniel Brühl
Pierre Lapin 2 de Will Gluck (États-Unis, Comédie fantastique, 1h24) avec Rose Byrne, Domhnall Gleeson et David Oyelowo
Présidents de Anne Fontaine (France, Satire politique, 1h40) avec Jean Dujardin, Grégory Gadebois et Doria Tillier
Le Procès de l’herboriste de Agnieszka Holland (Pologne, Biographie filmique, 1h58, distribué sur 86 copies) avec Ivan Trojan, Juraj Loj et Jaroslava Pokorna (critique)
Le Sens de la famille de Jean-Patrick Benes (France, Comédie familiale, 1h31, distribué sur 502 copies) avec Alexandra Lamy, Franck Dubosc et Christiane Millet
Sœurs de Yamina Benguigui (France, Drame, 1h35, distribué sur 81 copies) avec Isabelle Adjani, Rachida Brakni et Maïwenn (critique)
Solo de Artemio Benki (Argentine, Documentaire, 1h25)
Sous le ciel d’Alice de Chloé Mazlo (France, Comédie dramatique, 1h30, distribué sur 87 copies) avec Alba Rohrwacher, Wajdi Mouawad et Isabelle Zighondi
Teddy de Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma (France, Fantastique, 1h28) avec Anthony Bajon, Christine Gautier et Noémie Lvovsky
Reprises
1900 (1974) de Bernardo Bertolucci (Italie, Drame historique, 5h25) avec Robert De Niro, Dominique Sanda et Gérard Depardieu
Beautiful Thing (1996) de Hettie MacDonald (Royaume-Uni, Comédie dramatique, 1h31) avec Linda Henry, Glen Berry et Scott Neal
Rétrospective Roberto Rossellini « Une vie de cinémas » (1945-1957) de Roberto Rossellini (Italie, distribué sur 7 copies) : Rome ville ouverte / Païsa / Allemagne année zéro / L’Amore / Stromboli / La Machine à tuer les méchants / Voyage en Italie / La Peur / Inde terre mère
Rétrospective Alain Tanner « Éloge de la fuite » (1969-1982) de Alain Tanner (Suisse) : Charles mort ou vif / Le Retour d’Afrique / Dans la ville blanche
La Vengeance d’un acteur (1963) de Kon Ichikawa (Japon, Drame, 1h55, distribué sur 10 copies) avec Kazuo Hasegawa, Fujiko Yamamoto et Ayako Wakao