Les Seigneurs de Dogtown
USA : 2004
Titre original : Lords of Dogtown
Réalisateur : Catherine Hardwicke
Scénario : Stacy Peralta
Acteurs : Heath Ledger, Emile Hirsch, John Robinson, Victor Rasuk, Nikki Reed
Production : Columbia Pictures Corporation, Indelible Pictures, Art Linson
Durée : 1h47
Genre : Comédie Dramatique Biographique
Date de sortie : 3 Juin 2005
Réalisation : [rating:3.5]
Scénario : [rating:3.0]
Acteurs : [rating:3.5]
Musique : [rating:5.0]
Globale : [rating:3.5]
Catherine Hardwicke est devenue une réalisatrice sur le tard. D’abord chef décoratrice pour le cinéma (Vanilla Sky, Les rois du désert…), elle entreprend la réalisation avec Thirteen pour lequel elle sera primée au festival de Sundance en 2003 (Director's Award). Les Seigneurs de Dogtown est son second film, fruit d’une collaboration avec un ami de longue date, Stacy Peralta, ancien skateur devenu réalisateur et qui pour l’occasion a écrit le scénario de ce film retraçant la naissance du skateboard et une partie de sa vie au sein des Z-Boys.
Synopsis : Dans les années 70, les rues de Dogtown, un quartier de Venice, en Californie, sont le territoire d'un groupe de jeunes qui pour la première fois, transposent les plus spectaculaires mouvements du surf sur le béton. En peu de temps, les Z-Boys deviennent des légendes. Véritables magiciens du skateboard, ils sont à l'origine des sports extrêmes d'aujourd'hui. Les compétitions se les arrachent, les filles leur tombent dans les bras. Soudain, tout le monde les veut, le sport, le marketing, la pub…
Mais dans ce tourbillon qui voit une passion devenir un business et des ados se transformer en stars, que vont devenir la flamme, la passion, et l'amitié qui les unit ? (Allociné)
Un film d’adolescents attardés sur le skateboard ? Pas seulement. Stacy Peralta qui avait réalisé en 2001 un documentaire autobiographique, Dogtown and Z-Boys, récompensé à Sundance, recherchait une manière d’adapter cette histoire sur grand écran. L’histoire des Z-Boys, considérés depuis comme des légendes dans le milieu, s’illustre dans une comédie dramatique qui a le mérite de donner la pêche mais également de nous faire regretter cette époque ou flottait ce parfum de liberté, d’esprit rebelle et aventureux caractérisant si bien les seventies.
L’entame du film est une franche réussite : musique envoûtante devenant peu à peu transcendante (Merci Voodoo Child et Jimi Hendrix), introduction des trois protagonistes principaux, plongée dynamique et particulièrement bien filmée au cœur d’une folle descente en skateboard, premier frisson, et première déconvenue…. Une scène faisant écho à la vie de nos Z-Boys, qui connaitront autant de haut que de bas.
Catherine Hardwicke a pris cette habitude de tourner avec de jeunes acteurs comme en témoigne Thirteen et le premier volet de la trilogie Twilight. Au niveau du casting on retrouve donc une flopée de jeunes premiers. Victor Rasuk est Tony Alva, le skateur ambitieux, clamant à qui veut l'entendre qu’il deviendra le meilleur du monde et que rien ne l’en empêchera. John Robinson qui a tenu le premier rôle d’Elephant de Gus Van Sant (Chef d’œuvre absolu) est lui Stacy Peralta, garçon travailleur et modeste, caractérisé par son sens des valeurs et des principes. Enfin et non des moindres, le désormais célèbre Emile Hirsch révélé au grand public dans Into The Wild joue ici Jay Adams, le skateur impétueux et sauvage qui s’oppose à toute convention et refusant de se soumettre au culte du billet vert.
Ces trois personnages hauts en couleurs sont les membres originels des Zephyr Boys, les ambassadeurs d’une culture qui encore aujourd’hui porte les traces des coups d’éclats de ces pères fondateurs. Chacun des Z-Boys se distingue par un trait de caractère particulier : la fougue, l’ambition et la réserve. Les interprétations sont convaincantes et on sent un réel plaisir chez les acteurs. En particulier chez Emile Hirsch qui se fond complètement dans la peau de Jay Adams, aussi bon dans les tons décalés et burlesques que touchant dans ses plus sombres périodes. Victor Rasuk parait quant à lui un peu plus excessif sur certaines séquences, trop de superficialité et moins de profondeur dans son personnage contrairement à ses deux compères.
Certaines scènes du film sont des improvisations partielles ou totales des acteurs et ajoutent de la sincérité à l’œuvre. Il est à préciser que les véritables Jay Adams et Stacy Peralta ont aidé et conseillé les acteurs afin de les guider et d’obtenir au final des interprétations les plus fidèles possible à leurs agissements et comportements de l’époque. Dans ce genre de film on vire souvent à la caricature et il est agréable de voir que ce n’est absolument pas le cas ici. Heath Ledger (L'imaginarium du Docteur Parnassus) dans le rôle de Skip Engblom, père spirituel initiateur du concept des Z-Boys, est quant à lui imbibé de rock n’roll attitude, prenant pour le coup un accent tout aussi délicieux qu’incompréhensible (A voir en VO évidemment). L’ensemble de la distribution se régale et ce bonheur est partagé ! On plonge avec entrain et plaisir dans cette époque si caractéristique ainsi que dans la vie de nos fougueux skateurs.
Pour retranscrire ce style old school à l’écran, C.Hardwicke opte pour une image granuleuse qui sied à merveille au film et donne la sensation de voir un document d’époque, à moindre mesure évidemment. Le film est assez conventionnel dans la mise en scène, mais la clé de la réussite de ce dernier réside dans les phases de skate qui sont particulièrement bien filmées, dynamiques et surtout immersives. Que ce soit en caméra suivie ou avec une caméra au niveau des roues, ces parties ne manquent pas de relief.
Enfin, mention spéciale à la bande son du film tout simplement géniale. On passe de Black Sabbath à David Bowie, d’Alice Cooper à Rod Stewart et conclut cette épopée californienne sur une sublime reprise de Wish You Were Here des Pink Floyd par Sparklehorse. L’ambiance retranscrite est grandement appuyée par ces choix musicaux. L’ensemble du film est cohérent du début à la fin, l’aspect biographique donnant d’autant plus de crédit à l’histoire. L’ennui ne nous guette point !
En résumé :
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