Critique : Les opportunistes

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Les opportunistes afficheLes opportunistes

Italie, France : 2014
Titre original :Il capitale humano
Réalisateur :  Paolo Virzi
Scénario : Paolo Virzi, Francesco Bruni, Francesco Piccolo d’après un roman de Stephen Amidon
Acteurs : Valeria Bruni Tedeschi, Fabrizio Bentivoglio, Valeria Golino, Fabrizio Gifuni
Distribution : Bac Films
Durée : 1 h 49
Genre : Drame
Date de sortie : 19 novembre 2014

3,5/5

Depuis déjà plusieurs années, l’effet de la mondialisation est tel qu’il n’y a pas d’obstacle majeur à affronter lorsqu’on souhaite adapter un roman américain fouillant les mœurs actuels de la très haute bourgeoisie du Connecticut dans un film italien tourné dans la région de Côme, en Lombardie. Une telle adaptation pour le cinéma, Paolo Virzi l’a réalisée et l’a réussie à partir du roman « Human Capital » de l’américain Stephen Amido

Synopsis :  Près du Lac de Côme en Italie. Les familles de la richissime Carla Bernaschi et de Dino Ossola, agent immobilier au bord de la faillite, sont liées par une même obsession : l’argent. Un accident la veille de Noël va brutalement changer leurs destins.

Les opportunistes 5 L’adaptation libre d’un roman

Agé de 50 ans, Paolo Virzi est un réalisateur italien réputé, à qui on doit des films comme Caterina va en ville ou Chaque jour que dieu fait. Lorsqu’il a découvert « Human Capital », un roman écrit en 2004 par l’écrivain américain Stephen Amidon, l’idée d’en faire un film lui est venue très vite à l’esprit et, avant même que les droits soient disponibles, il a soumis cette idée à 2 scénaristes, Francesco Bruni, par ailleurs réalisateur de Scialla !, et Francesco Piccolo. Dès l’obtention des droits, le trio s’est mis en œuvre et, avec l’accord de Stephen Amidon, lui même ancien critique de cinéma dans le Financial Times et le Sunday Times, ils ont détricoté le roman, en commençant par transposer l’action de la côte Est des Etats-Unis vers la Lombardie, et, surtout, en découpant la narration en 3 chapitres, chacun de ces chapitres racontant la même histoire selon le point de vue d’une personne différente.

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La rencontre de deux mondes

Transposée du Connecticut à la région de Côme, en Lombardie, l’adaptation du roman de Stephen Amidon nous conduit dans un microcosme très particulier : la très haute bourgeoisie de cette région d’Italie. A la veille de Noël, un accident entraînant la mort d’un cycliste va permettre de raconter l’évolution de la relation entre une famille de cette très haute bourgeoisie et une famille beaucoup plus modeste dans laquelle Serena, la fille, est la petite amie de Massimiliano, le fils de l’autre famille, et le père, Dino, un agent immobilier dont les affaires ne marchent pas bien. Dino, à la fois cynique et plein d’ambitions, a pour rêve est de se faire accepter par plus riche et plus puissant que lui et il compte profiter de la relation entre Serena et Massimiliano pour se rapprocher de Giovanni, le père de ce dernier, un riche propriétaire de fonds d’investissement. Mais à cynique, cynique et demi, et, face à une caste dont il ne connaît pas les codes, Dino va vite apparaître comme étant surtout d‘une grande naïveté. Le récit de cette évolution se déroule sous la forme de trois chapitres la racontant sous des angles différents voire contradictoires et construits sur le même modèle : le présent (décembre 2010), retour 6 mois en arrière et, de nouveau, le présent. Le premier chapitre est centré sur Dino, le deuxième sur Carla, l’épouse de Giovanni, une femme dont le théâtre et ceux qui le font sont la principale préoccupation, et le troisième sur Serena.

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Film policier ou film sociologique ?

 Avec ce cycliste percuté par une voiture dont le conducteur ne s’arrête pas, le début du film peut faire penser au spectateur que la suite va s’attarder principalement sur l’enquête policière qui va s’enclencher. En fait, cet accident n’est presque qu’un prétexte pour parler avant tout de l’Italie d’aujourd’hui, des différences de classe, de la crise économique, de l’ambition, de la fièvre spéculative, du déclin de la culture dans le monde d’aujourd’hui. De l’Italie d’aujourd’hui ? Pas seulement, bien sûr : l’action du roman à l’origine du film se déroule aux Etats-Unis et l’action du film aurait tout aussi bien pu se dérouler dans notre pays comme dans tout autre pays développé. Les protagonistes du film sont-ils tous des opportunistes, comme le laisse supposer son titre ? Tous, sûrement pas, mais un certain nombre, des hommes surtout, le sont ou voudraient l’être. En tout cas, pour une fois, le titre français est plutôt mieux adapté que le titre original, Il Capitale Humano, traduction en italien du titre du roman, « Human Capital », dans la mesure où ce n’est qu’à la toute fin du film qu’intervient cette notion de Capital Humain.
En plus d’être une fresque pleine de sens décrivant sans concession des maux importants de nos sociétés occidentales, Les Opportunistes peut se targuer de proposer une distribution très riche dans laquelle on retrouve Valeria Bruni Tedeschi (prénommée Carla dans le film!!), Fabrizio Bentivoglio, très présent dans le cinéma italien depuis plus de 30 ans, Valeria Golino, l’inoubliable Grazia de Respiro, et Fabrizio Gifuni qui interprétait Aldo Moro dans Piazza Fontana.

Résumé

 Lors de la cérémonie des David Di Donatello 2014, les Oscars / Césars italiens, deux films se sont partagés les honneurs : La Grande Belleza et Les Opportunistes, ce dernier étant récompensé, entre autres, à la fois comme meilleur film et comme meilleur scénario. Les Opportunistes, comme La Grande Belleza, apporte en tout cas une nouvelle preuve que le cinéma italien n’est pas aussi moribond qu’on le prétend un peu trop souvent.

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