Le démantèlement

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Le démantèlement_afficheLe démantèlement

Canada : 2013
Titre original : Le démantèlement
Réalisateur : Sébastien Pilote
Scénario : Sébastien Pilote
Acteurs : Gabriel Arcand, Gilles Renaud, Lucie Laurier, Sophie Desmarais
Distribution : Sophie Dulac Distribution
Durée : 1 h 52
Genre : Drame
Date de sortie : 4 décembre 2013

Globale : [rating:4][five-star-rating]

Alors que le monde des pilotes de rallye est dominé depuis 10 ans par les Sébastien, Loeb puis Ogier, voici que nous arrive du Canada un réalisateur qui s’appelle … Sébastien Pilote ! Il est jeune, il est talentueux et son 2ème long métrage, Le démantèlement, était présenté à Cannes 2013 dans la sélection de la Semaine de la Critique. Il a été récompensé par le Prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatique.

Synopsis : Gaby est éleveur de moutons dans une ferme qu’il a héritée de son père. Il y vit seul depuis que ses filles sont parties s’installer à Montréal. Dans cette région reculée, la crise économique contraint de plus en plus les paysans à céder leurs propriétés. Gaby, lui, résiste. Sa ferme est sa seule raison de vivre. Jusqu’au jour où sa fille, acculée par des problèmes financiers, lui demande de l’aide. Gaby, chez qui le sentiment de paternité est particulièrement développé, va tout faire pour l’aider…

Le démantèlement 3

La bonté d’un homme

Gaby, 63 ans, a repris il y a plusieurs dizaines d’années la ferme de son père, une ferme principalement consacrée à l’élevage des moutons. Ce domaine agricole situé à près de 500 kilomètres au nord de Montréal, ces frères étaient bien contents de le lui laisser. Sa femme ? Elle l’a quitté il y a 20 ans, ne supportant plus cette vie de dur travail, cette vie loin de tout. Elle s’est remariée et elle tient à Montréal une horlogerie bijouterie avec son nouveau mari. Quant à ses 2 filles, elles vivent également à Montréal et les visites qu’elles rendent à leur père sont plutôt rares. Rares aussi sont ses contacts avec le monde extérieur. Le plus souvent, ils se limitent à la visite que lui rend de temps en temps son comptable et ami, un homme qui tente de le convaincre de le laisser installer une connexion internet sur un vieil ordinateur poussiéreux. Un jour, Marie, sa fille aînée, débarque à l’improviste et lui annonce tout de go qu’elle va se séparer de son mari et qu’elle a besoin de 200 000 dollars pour racheter la part de son mari dans leur maison. La banque lui ayant refusé l’emprunt qui lui aurait permis d’aider sa fille tout en conservant son exploitation agricole, Gaby se résout à tout vendre, à démanteler son domaine agricole, malgré les conseils que lui donne son ami le comptable.

Le démantèlement 2

John Ford rencontre Balzac

Deux ans après Le vendeur, un premier long métrage tourné dans sa région d’origine du Lac Saint-Jean et qui n’est pas sorti dans notre pays, Sébastien Pilote est retourné « chez lui » pour tourner Le démantèlement. Il a bâti son scénario en partant d’une idée provenant du vécu d’un ami. C’est en cours de route qu’il s’est aperçu des points communs entre l’histoire qu’il voulait raconter et « le Père Goriot » de Balzac. Il reconnaît lui-même que cela l’a poussé à renforcer chez Gaby ce sentiment de paternité quelque peu excessifLe démantèlement est scindé en 3 parties : le métier de Gaby, un métier rude, une vie de solitaire qui semble convenir à cet homme peu bavard, un environnement majestueux, le troupeau de moutons et le chien qui le suit partout ; la visite de Marie, sa fille aînée, manipulatrice, davantage intéressée par ce qu’elle pourra obtenir de son père plutôt que par son père lui-même ; la visite de Frédérique, plus aimante, présente auprès de son père au moment de la vente du domaine, du troupeau, du matériel agricole. Au final, le film fait penser à une rencontre entre John Ford et Honoré de Balzac, la présence d’agneaux et de notion de sacrifice pouvant aussi être facilement interprétée comme une ode à une sorte de saint laïque, empreint de bonté et de générosité.

Le démantèlement 1

Gabriel Arcand au sommet !

Pour ce film qui présente un aspect quasiment documentaire avec une observation très fine de la vie à la campagne tout en dressant le portrait psychologique d’un homme qui, depuis des années, s’est retrouvé isolé de sa famille et semble malgré tout heureux de sa condition, le choix de l’interprète principal était primordial. Dès le début, Sébastien Pilote avait pensé à Gabriel Arcand, mais ce dernier, en tant que citadin affirmé, avait refusé dans un premier temps, ne se sentant pas capable d’interpréter le rôle d’un paysan. Toutefois, Sébastien Pilote n’ayant pas trouvé un autre comédien qui le satisfasse, il est revenu vers Gabriel Arcand qui a fini par accepter, moyennant une formation accélérée auprès de véritables éleveurs de moutons. On ne peut que se féliciter de cette issue, Gabriel Arcand, présent dans pratiquement tous les plans du film, étant absolument remarquable de sensibilité et de retenue dans ce rôle de « perdant magnifique ». Il gratifie le spectateur de quelques scènes d’une grande force, telle celle où il emmène son chien chez le vétérinaire pour le faire euthanasier puis vient le reprendre, celle, encore, où il finit par chasser ses frères venus pour réclamer leur part sur la vente du domaine alors qu’ils n’avaient émis aucune objection, bien au contraire, lorsque Gaby avait accepté de reprendre la ferme lorsque leur père était décédé, et, bien sûr, toutes les scènes avec ses filles. Aux côtés de Gabriel Arcand, une brochette d’excellents comédien(ne)s : Sophie Desmarais, qu’on reverra en mai prochain dans le rôle principal de Sarah préfère la course et qui interprète Frédérique, Gilles Renaud dans le rôle de l’ami comptable et Lucie Laurier qui joue Marie. La photographique, magnifique, est l’œuvre de Michel La Veaux. On notera que Le démantèlement a été le dernier film en 35 mm développé par Technicolor à Montréal. Quant à la musique, elle joue un rôle important dans le film, Sébastien Pilote considérant que, dans un film, la musique est l’équivalent de la petite plaquette de beurre que certains restaurants offrent en même temps que le panier de pain. Après une ouverture de film où l’on entend « Ripple », la magnifique chanson du Grateful Dead, on reste tout du long dans un esprit country-folk avec la musique de Serge Nakauchi Pelletier distillée à la guitare.

Résumé

Au Canada comme aux Etats-Unis, comme en France, la vie des petits paysans est devenue de plus en plus difficile : difficile de conserver son exploitation, difficile de trouver une épouse, difficile de garder sa famille à ses côtés. C’est ce que Sébastien Pilote nous montre à sa façon, dans un film très touchant mais jamais mièvre, intimiste mais jamais ennuyeux, un film qui nous fait souhaiter que sorte très vite, Le vendeur, son premier long métrage.

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