Le box-office de la semaine du 6 décembre 2023

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Migration © 2023 Illumination Entertainment / Universal Pictures International France Tous droits réservés

Le marché français

Une bataille à armes à peu près égales entre deux films d’animation américains au sommet et l’arrivée de trois nouveautés françaises ont permis au box-office français de la semaine 49, allant du 6 au 12 décembre, de limiter à peu près la casse. Les chiffres de la fréquentation baissent, certes, pour retrouver leur niveau modeste d’il y a quinze jours. Mais on est toujours légèrement au dessus du creux de trois semaines que les cinémas français avaient traversé à la même époque l’année dernière. Plus que quelques jours à tenir, avant que les vacances de Noël n’insufflent un dernier sursaut au nombre de tickets vendus au cours de cette année 2023, marquée par une reprise plutôt timide après la parenthèse pandémique.

Plus solide que franchement costaude, la tendance globale depuis le début de l’année est toujours au vert, avec une hausse d’au moins 18 % en comparaison avec la même semaine en 2023. La part de marché du cinéma français grapille, quant à elle, quatre points par rapport à la semaine dernière pour s’établir pour l’instant à de très confortables 35 %. L’arrivée cette semaine de la nouvelle aventure des mousquetaires devrait nous garantir, là aussi, une impulsion plus ou moins marquée et durable.

Les nouveautés

Depuis Moi moche et méchant de Pierre Coffin et Chris Renaud, sorti sur les écrans français en octobre 2010, le studio d’animation Illumination Entertainment enchaîne les succès. Pas plus tard qu’au mois d’avril, il avait dominé le box-office mondial grâce à Super Mario Bros. Le film. L’escale française de la drôle de famille de canards de Migration de Benjamin Renner promettait donc une belle fin d’année à son distributeur, la filiale nationale d’Universal. En fin de parcours, d’ici un mois, voire un mois et demi, ce film d’animation destiné à un public familial sera certainement millionnaire. Les vacances de Noël s’en chargeront avec une certitude absolue. Néanmoins, avec un nombre de copies presque identique comparé à son concurrent de chez Disney, à l’affiche une semaine plus tôt, – 640 pour les volatiles à la déroute et 628 pour la nouvelle princesse – on aurait pu s’attendre à un envol plus vigoureux …

Les trois grosses sorties françaises de la semaine ont globalement rempli leur contrat. Or, le degré d’exposition respectif de ces films ne leur a point porté chance, puisque c’est celui d’entre eux à l’affiche dans le moins de cinémas, Soudain seuls de Thomas Bidegain, qui s’en sort finalement le mieux. Pourtant, en toute probabilité, ce sera le plus petit succès de son acteur principal pour l’année écoulée, il est vrai particulièrement favorable à Gilles Lellouche grâce au coup double au printemps de Astérix et Obélix L’Empire du milieu de Guillaume Canet et Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry. Le réalisateur Ladj Ly sortait également d’un succès considérable avec son premier long-métrage Les Misérables, millionnaire il y a quatre ans. Son deuxième devra se contenter d’un cumul final sensiblement inférieur, probablement en dessous du quart de million de spectateurs conquis par les histoires de banlieue contées dans Bâtiment 5.

Enfin, cela fait un certain temps que l’acteur Franck Dubosc ne déplace plus les foules. En dehors de rares formules à succès en tout cas, comme récemment celle de 10 jours sans maman de Ludovic Bernard, répétée avec un moindre taux de réussite commerciale plus tôt cette année à travers sa suite 10 jours encore sans maman du même réalisateur. Cela n’empêche pas Dubosc de tourner avec une frénésie remarquable, traduite par pas moins de quatre sorties au cours de l’année passée. Avec son premier tour de chauffe d’à peine cent mille spectateurs en première semaine, Noël joyeux de Clément Michel risque fort de s’inscrire sur la longue liste des résultats vaguement respectables des films portés par sa vedette depuis le milieu des années 2000.

Les films en continuation

Sans un raz-de-marée de nouveautés vigoureuses, les films à l’affiche depuis quelque temps s’en sont sortis avec les honneurs la semaine passée. Du côté grand public, les baisses de fréquentation demeurent limitées, avec une fois de plus Hunger Games La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur de Francis Lawrence en position de meilleur élève de la classe. Et le Napoléon de Ridley Scott toujours un peu à la traine, comme si son exil à Sainte-Hélène, loin du classement des meilleures entrées, ne pouvait pas arriver assez tôt !

Entre ces deux extrêmes tout relatifs, le champion de la semaine dernière a eu droit à sept jours de sursis, avant de se voir délogé par les mousquetaires. En termes de remplissage du rôle traditionnel du Disney de Noël, on aura vu mieux que ce Wish Asha et la bonne étoile de Chris Buck et Fawn Veerasunthorn, qui finira dans le meilleur des cas entre deux et trois millions d’adeptes de contes de fées animés, quand il quittera l’affiche et les séances en journée, le mercredi et les week-ends courant janvier ’24.

Du côté des films plutôt estampillés art et essai, nous sommes ravis que notre prévision dans cette rubrique la semaine dernière quant au sort de Perfect Days de Wim Wenders se soit avérée vraie. Avec la plus petite baisse du Top 10, il nous invite à la hardiesse de lui prédire désormais un cumul final autour du quart de million de spectateurs, en pleine emphase avec le ton mélancolique de cette aventure du quotidien filmée au Japon ! Encore plus probable, il dépassera tôt ou tard les entrées du Temps d’aimer de Katell Quillévéré, sorti le même jour quoique sur presque deux fois plus d’écrans : 183 pour le Wenders et 353 pour l’épopée intimiste d’après-guerre.

Le classement français

Voici les principaux chiffres du Top 10 du box-office français entre le mercredi 6 et le mardi 12 décembre 2023 :

  1. Wish Asha et la bonne étoile – distribué par The Walt Disney Company France – 2ème semaine / – 37 % – 395 036 entrées / 1 023 933 cumul – 17 % part de marché
  2. Migration – distribué par Universal Pictures International France – Nouveauté – 266 863 entrées cumulées – 11 % part de marché
  3. Napoléon – distribué par Sony Pictures Releasing France – 3ème semaine / – 41 % – 226 566 entrées / 1 372 223 cumul – 10 % part de marché
  4. La Tresse – distribué par SND – 2ème semaine / – 31 % – 212 167 entrées / 518 240 cumul – 9 % part de marché
  5. Hunger Games La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur – distribué par Metropolitan Filmexport – 4ème semaine / – 31 % – 173 354 entrées / 1 409 689 cumul – 7 % part de marché

6. Soudain seuls – distribué par Studiocanal – Nouveauté – 116 736 entrées cumulées – 5 % part de marché
7. Noël joyeux – distribué par Gaumont – Nouveauté – 101 658 entrées cumulées – 4 % part de marché
8. Bâtiment 5 – distribué par Le Pacte – Nouveauté – 88 788 entrées cumulées – 4 % part de marché
9. Perfect Days – distribué par Haut et court – 2ème semaine / – 26 % – 76 203 entrées / 179 435 cumul – 3 % part de marché
10. Le Temps d’aimer – distribué par Gaumont – 2ème semaine / – 46 % – 64 218 entrées / 183 001 cumul – 3 % part de marché


Le Garçon et le héron © 2023 Studio Ghibli / Toho Company / Wild Bunch Distribution Tous droits réservés

Le marché américain

Plus que jamais en parfait décalage avec le reste du monde, les spectateurs américains découvrent Le Garçon et le héron de Hayao Miyazaki un mois et demi après leurs pendants français. Ce sera la même chose avec Migration, à l’affiche dans les multiplexes d’outre-Atlantique qu’à la fin de cette semaine-ci. Et comme en France début novembre, le dernier film du maître de l’animation japonaise s’impose d’emblée en tête du classement ! Cependant, notre joie devrait être relativisée par ce démarrage aux chiffres peu exceptionnels. En effet, les meilleurs premiers week-ends du mois de décembre au box-office américain se situent au dessus de deux cents millions de dollars avec les univers de Spider-Man et Star Wars. Celui du chef-d’œuvre de l’anime ressemble davantage aux premiers jours en salles de films aussi peu mémorables que Happy New Year de Garry Marshall en 2011 et The Holiday de Nancy Meyers en 2006.

A l’inverse, la pratique des sorties limitées permet aux cinéphiles américains de découvrir en quelque sorte en avant-première les films de fin d’année aux potentielles citations aux Oscars. Le week-end dernier, c’est notamment Pauvres créatures de Yorgos Lanthimos, visible chez nous seulement à partir du 17 janvier 2024, qui a su impressionner avec une belle moyenne par copie. Seulement projetée dans neuf salles, l’aventure fantastique avec Emma Stone a fait d’emblée son entrée à la dix-septième place, à une place et quelques milliers de dollars derrière Winter Break de Alexander Payne, d’ores et déjà sur le déclin après un premier cycle d’exploitation de sept semaines. Également nouveau, Origin de Ava DuVernay, pour l’instant sans date de sortie en France, génère 117 000 dollars dans seulement deux salles, pour une belle moyenne par copie dix fois supérieure à celle du Garçon et le héron.

Le classement américain

Voici les principaux chiffres du Top 5 du box-office américain pour le week-end se terminant le dimanche 10 décembre 2023 :

  1. Le Garçon et le héron – distribué par GKids – Nouveauté – 13 011 722 $ cumulés
  2. Hunger Games La Ballade du serpent et de l’oiseau chanteur – distribué par Lions Gate – 4ème semaine / – 34 % – 9 296 441 $ / 135 552 367 $ cumul
  3. Godzilla Minus One – distribué par Toho International – 2ème semaine / – 24 % – 8 591 413 $ / 25 592 747 cumul
  4. Les Trolls 3 – distribué par Universal Pictures – 4ème semaine / – 22 % – 6 088 410 $ / 82 970 185 $ cumul
  5. Renaissance A Film by Beyoncé – distribué par AMC Theatres – 2ème semaine / – 74 % – 5 475 265 $ / 28 526 429 cumul

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