Le box-office de la semaine du 29 janvier 2020

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Le Lion © Jean-Marie Leroy / Monkey Pack Films / TF1 Droits Auiovisuels / Pathé Films / TF1 Films Production / Artemis Production Tous droits réservés

Un nombre conséquent de nouveautés ont apporté un petit vent de fraîcheur au classement du box-office français en cette semaine 5, allant du 29 janvier au 4 février. Et pourtant, ça ne va toujours pas mieux ! Mais pourquoi ?! Pour la troisième semaine de suite, la fréquentation stagne en effet à un niveau misérablement bas d’un peu plus de deux millions et demi de spectateurs. Parfois un tout petit peu en hausse ou en baisse aussi peu sensible, comme ce fut le cas cette semaine-ci, mais globalement dans un creux de la vague qui joue les prolongations. Ainsi, la semaine de fin janvier, début février en 2020 enregistre la plus mauvaise performance pour cette période-ci de l’année depuis le début du siècle. Aïe, aïe, aïe ! Le seul rayon de soleil au tableau, qu’on ne pourra certes apprécier qu’en le regardant à travers des lunettes au teint franchouillard, est la santé relativement bonne du cinéma français, grâce à ses 37 % de part de marché cette semaine et à ses 30 % depuis le début de l’année. C’est un bien piètre lot de consolation tout de même … !

Beaucoup, beaucoup de nouveautés donc cette semaine, qui n’ont pas seulement trouvé leur chemin dans les salles, mais également celui sur la liste des priorités cinématographiques du public assez clairsemé. Après, la part de marché cumulée des six nouveautés dans le Top 10 ne représente qu’un tiers de la fréquentation, ce qui devrait tout de même nous faire relativiser cet apport inhabituel de sang neuf. De surcroît, le porteur principal d’espoirs de réussite accomplit un démarrage quelque peu poussif. Il fut un temps, pas si lointain, où la dernière comédie populaire avec Dany Boon affolait les compteurs. Ses deux dernières sorties hivernales, Raid dingue en 2017 et La Ch’tite famille l’année suivante, toutes deux réalisées par lui-même, avaient ainsi dominé sans peine le box-office. Avec Le Lion de Ludovic Colbeau-Justin, ça ne se passe pas du tout de la sorte. Avec un peu plus de 250 000 spectateurs en première semaine, il n’y a en effet pas de quoi rugir, même si l’on reste assez loin de l’échec cuisant de Le Dindon de Jalil Lespert en septembre dernier, qui avait démarré avec cent mille spectateurs en moins. Même avec le coup de pouce des vacances, le million d’entrées en fin de course devrait être compliqué à atteindre.

Les autres nouveautés le jouent plutôt serré, avec quatre d’entre elles dans un mouchoir de poche entre 132 000 et 113 000 spectateurs. Le bonus de ses six nominations aux Oscars et le traitement survolté d’un sujet tragique ont valu à Jojo Rabbit de Taika Waititi un démarrage des plus prometteurs. Le ton beaucoup plus sobre et sombre de La Voie de la justice de Destin Daniel Cretton n’ont visiblement pas non plus déplu. Quant aux autres nouveautés françaises, elles risquent de ne pas résister longtemps à l’avalanche des sorties des vacances. Tandis que les résultats à peu près honorables de L’Esprit de famille de Eric Besnard et de Les Traducteurs de Régis Roinsard sont avant tout à mettre sur le compte de leur fidélité au genre auquel ils appartiennent respectivement, Cuban Network de Olivier Assayas démarre trop timidement pour enfin inverser la courbe commerciale du réalisateur, stoïquement en attente d’un succès mitigé comme l’a été Les Destinées sentimentales au début du siècle. A moins qu’on choisisse au contraire de se réjouir qu’un cinéaste au style et aux sujets aussi exigeants que Olivier Assayas arrive à intégrer temporairement le classement français.

Parmi les films en continuation, il y a ceux – une petite minorité – qui résistent bien et ceux qui doivent assister à la fonte cruelle de leur nombre de salles et par conséquent de leur nombre de spectateurs. Curieusement, c’est le duo de tête de la semaine dernière qui s’en sort le mieux. Bad Boys for Life de Adil El Arbi et Bilall Fallah s’accroche ainsi sans trop de peine à son trône, avec une baisse raisonnable d’un bon tiers de ses fans plus ou moins nostalgiques de l’époque Michael Bay par rapport à son démarrage pas tout à fait décevant. L’un des grands favoris aux Oscars, 1917 de Sam Mendes s’en sort encore plus souverainement. L’épopée de guerre pourrait même prétendre à supplanter les mauvais garçons la semaine prochaine et repasser en tête, s’il n’y avait pas le probable raz-de-marée des nouveautés de ce mercredi-ci. A l’autre extrémité du classement, Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part de Arnaud Viard et Scandale de Jay Roach s’apprêtent d’ores et déjà à faire leurs adieux, ni le drame familial déprimant, ni le thriller médiatique bien dans l’air du temps n’ayant a priori trouvé les faveurs durables du public français. Ce qui a quand même de quoi étonner surtout pour le deuxième, l’actualité autour des abus sexuels dans le milieu des sports de glace en France n’ayant pas réussi à faire le lien, dans la tête des spectateurs, avec l’affaire Roger Ailes aux États-Unis.

Voici les principaux chiffres du Top 10 du box-office français entre le mercredi 29 janvier et le mardi 4 février 2020 :

  1. Bad Boys for Life – distribué par Sony Pictures Releasing France – 2ème semaine / – 37 % – 409 722 entrées / 1 061 031 cumul – 15 % part de marché
  2. 1917 – distribué par Universal Pictures International France – 3ème semaine / – 22 % – 341 382 entrées / 1 422 227 cumul – 13 % part de marché
  3. Le Lion – distribué par Pathé – Nouveauté – 253 092 entrées cumulées – 10 % part de marché
  4. Jojo Rabbit – distribué par The Walt Disney Company France – Nouveauté – 132 054 entrées cumulées – 5 % part de marché
  5. L’Esprit de famille – distribué par Apollo Films – Nouveauté – 122 373 entrées cumulées – 5 % part de marché

6. Les Traducteurs – distribué par Mars Films – Nouveauté – 121 867 entrées cumulées – 5 % part de marché

7. Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part – distribué par UGC – 2ème semaine / – 46 % – 114 984 entrées / 327 011 cumul – 4 % part de marché

8. La Voie de la justice – distribué par Warner Bros. France – Nouveauté – 113 153 entrées cumulées – 4 % part de marché

9. Scandale – distribué par Metropolitan Filmexport – 2ème semaine / – 47 % – 109 035 entrées / 314 117 cumul – 4 % part de marché

10. Cuban Network – distribué par Memento Films – Nouveauté – 89 408 entrées cumulées – 3 % part de marché


Gretel & Hansel © Patrick Redmond / Orion Pictures / United Artists Releasing Tous droits réservés

On mentirait, si on disait que les choses vont mieux dans les salles américaines. Ce week-end-là est en effet l’un des plus mauvais de l’année, par exemple en 2019, quand Glass de M. Night Shyamalan s’accrochait mollement pour la deuxième fois de suite à la première place et quand le box-office cumulé de tous les films à l’affiche cette semaine-là n’avait atteint que de pitoyables 73 millions de dollars. On n’est pas encore à ce niveau catastrophique, mais avec une cagnotte de 80 millions de dollars pour les 64 films comptabilisés, il n’y a pas non plus de quoi crier victoire ! Car Bad Boys for Life reste aussi outre-Atlantique un champion quelque peu fatigué, suivi par ses fidèles dauphins 1917 qui attend son sacre hollywoodien de dimanche soir et Le Voyage du Dr Dolittle de Stephen Gaghan, un échec relatif sur le marché américain qui espère se rattraper à l’international. Déjà plus étonnante est la longévité de Jumanji Next Level de Jake Kasdan, à l’affiche depuis deux mois et toujours dans le Top 5 ! Toutefois, il reste à une distance incompressible du premier, qui était déjà à 365 millions de dollars au même moment dans son parcours d’exploitation en février 2018.

Pas grand-chose à signaler du côté des nouveautés : le film d’horreur Gretel & Hansel de Osgood Perkins n’effraie guère le public et ne défraie pas les chroniques du box-office du film de genre, avec sa moyenne par copie très proche des deux films qui l’encadrent dans le classement. Le thriller The Rythm Section de Reed Morano avec Blake Lively et Jude Law fait encore deux fois moins bien, avec la plus mauvaise moyenne par copie du Top 15, ce qui lui vaut tout juste une fort modeste dixième place. La moyenne par copie du programme de courts-métrages nommés aux Oscars, distribué dans près de cinq-cents salles, est en revanche la meilleure du Top 30, à l’exception de celle de Bad Boys for Life. A quand une initiative comparable en France pour les courts nommés aux César ?! Réellement la meilleure moyenne par copie – près de vingt mille dollars en moyenne dans quatre salles – revient à The Assistant de Kitty Green avec Julia Garner, qui vient de passer au Festival de Sundance. Enfin, un joli succès dans le circuit art & essai en France à l’automne dernier, Le Traître de Marco Bellocchio démarre de façon plus confidentielle dans les salles américaines, où il fait son entrée à la quarantième place.

Voici les principaux chiffres du Top 5 du box-office américain pour le week-end se terminant le dimanche 2 février 2020 :

  1. Bad Boys for Life – distribué par Sony – 3ème semaine / – 48 % – 17 682 959 $ / 148 059 490 $ cumul
  2. 1917 – distribué par Universal – 6ème semaine / – 40 % – 9 497 235 $ / 119 083 624 $ cumul
  3. Le Voyage du Dr Dolittle – distribué par Universal – 3ème semaine / – 37 % – 7 593 865 $ / 55 112 685 $ cumul
  4. Gretel & Hansel – distribué par United Artists Releasing – Nouveauté – 6 154 007 $ cumulés, sans date de sortie en France
  5. Jumanji Next Level – distribué par Sony – 8ème semaine / – 22 % – 6 000 181 $ / 291 217 334 $ cumul

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