La Rochelle 2024 : rétrospectives Marcel Pagnol, Chantal Akerman et Natalie Wood

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Parce qu’il n’y a pas que le Festival de Cannes dans la vie, laissons un peu de temps aux distributeurs de caler les sorties des films qui viennent d’y être sélectionnés et revenons plutôt sur les premières informations dont nous disposons d’ores et déjà par rapport au Festival de La Rochelle. Car même si la vénérable institution charentaise a pour habitude de reprendre bon nombre de films ayant eu leur première cannoise quelques semaines plus tôt, c’est avant tout son riche programme de rétrospectives qui fait la particularité de cet événement festivalier incontournable au début de l’été.

Trois d’entre elles ont jusqu’à présent été annoncées, respectivement à la mi-janvier, fin mars et avant-hier : celles consacrées au scénariste et réalisateur français Marcel Pagnol, à la réalisatrice belge Chantal Akerman et à l’actrice américaine Natalie Wood. La 52ème édition du festival aura lieu du vendredi 28 juin au dimanche 7 juillet prochains.

Seront également au programme de ce Fema, quoique plus brièvement, une journée au cours de laquelle le charisme magnétique de l’acteur irlandais Daniel Day-Lewis fera des ravages en cinq films, de My Left Foot de Jim Sheridan à Phantom Thread de Paul Thomas Anderson. Ainsi qu’un hommage en quatre longs-métrages au réalisateur argentin Benjamin Naishtat, qui viendra à La Rochelle présenter son nouveau film El profesor co-réalisé avec Maria Alché, qui devrait sortir en salles en France début juillet.

Le Schpountz © 1938 Les Films Marcel Pagnol / Compagnie Méditerranéenne de Films / MK2 Films /
Festival La Rochelle Cinéma Tous droits réservés

Dans une semaine, le jeudi 18 avril, cela fera un demi-siècle que l’illustre Marcel Pagnol nous aura quittés. Et pourtant, l’héritage artistique de cet homme, présent autant du côté des livres et de la scène théâtrale que du cinéma, reste bel et bien vivant. Le Festival de La Rochelle apportera sa pierre à l’édifice commémoratif à travers une rétrospective en treize films, dont la plupart ont été réalisés par Pagnol. Du diptyque Marius et Fanny au début des années 1930, en passant par Angèle, Le Schpountz et La Fille du puisatier, jusqu’à Manon des sources et Ugolin au début des années ’50, ce sera l’occasion rêvée de découvrir sur grand écran les chefs-d’œuvre d’un cinéma populaire d’antan imprégné du beau parfum de Provence. Par ailleurs, un « parcours Pagnol » animé par des spécialistes, des critiques et des personnalités du cinéma accompagnera la rétrospective rochelaise.

Comme souvent, le Festival de La Rochelle ne fait qu’ouvrir le bal des festivités, puisque l’œuvre de Marcel Pagnol sera mise en avant tout au long de l’année. Notamment à travers une intégrale Pagnol prévue à la Cinémathèque Française à Paris à la suite du festival, du 10 au 21 juillet. Puis une réédition de dix films par Carlotta Films pour le compte de MK2 Films, au cinéma à partir du 24 juillet. A noter également en librairies ces jours-ci l’ouvrage « Marcel Pagnol Autant en emporte la gloire » de Jean-Jacques Jelot-Blanc aux Éditions Privat qui revient en plus de quatre-cents pages sur la carrière multiple de l’auteur de la Trilogie marseillaise. Et si on vous disait que l’été 2024 n’était pas seulement olympique, mais également provençal, grâce à tous ces beaux hommages rendus à Marcel Pagnol …


Golden Eighties © 1986 Jean Ber / Paradise Films / Limbo Film / Fondation Chantal Akerman / Festival La Rochelle Cinéma
Tous droits réservés

Cela fera bientôt neuf ans que la réalisatrice belge Chantal Akerman aura mis fin à ses jours, mais elle nous manque toujours autant. Était-elle l’une des réalisatrices les plus importantes de l’histoire du cinéma, comme l’affirme sa consœur Céline Sciamma (Petite maman) dans le communiqué de presse annonçant sa rétrospective au Festival de La Rochelle ? Peut-être pas. Ou peut-être justement si, par la ténacité avec laquelle elle a défendu sa place à part dans un paysage cinématographique encore plus sexiste à l’époque, passant avec une très grande liberté du documentaire à la fiction, du court-métrage au long. Pour nous en faire une idée plus précise, exactement dix ans après la dernière rétrospective d’envergure qui lui a été consacrée à Bobigny en avril 2014, les près de vingt films à l’affiche à La Rochelle viennent à point nommé.

Encore mieux : ce sera cette fois l’automne 2024 qui sera aux couleurs du cinéma intimiste de Chantal Akerman. Certes, sans les événements d’exception qui accompagneront la rétrospective au Festival de La Rochelle, comme une table ronde qui réunira sa monteuse Claire Atherton, son actrice régulière Aurore Clément et l’auteur de « Œuvre écrite et parlée Chantal Akerman » qui vient de paraître en trois volumes aux Éditions L’Arachnéen Cyril Béghin. Ni la lecture du roman écrit par la réalisatrice « Une famille à Bruxelles » faite par Aurore Clément.

Mais on aura tout de même droit à une ressortie en deux vagues des films de Chantal Akerman grâce à Capricci, prévue le 25 septembre et le 23 octobre, suivie de l’édition d’un coffret Blu-ray regroupant ses courts et longs-métrages. Voire à une exposition au Jeu de Paume à Paris de fin octobre 2024 à la mi-janvier 2025 intitulée « Chantal Akerman. Travelling », qui donnera lieu, elle aussi, à la projection de certains de ses films.


La Fièvre dans le sang © 1961 Newtown Productions / Warner Bros. Discovery France / Festival La Rochelle Cinéma
Tous droits réservés

Après la légendaire Bette Davis qui avait été choisie l’année dernière comme motif pour l’affiche officielle du Festival de La Rochelle, c’est une autre actrice américaine de légende qui y prendra place en 2024 : Natalie Wood. Le festival lui rendra hommage en sept films issus de la période centrale de son illustre carrière, en somme entre le milieu des années 1950 et celui de la décennie suivante.

Auparavant, elle avait été une enfant star dans des films comme L’Aventure de Madame Muir de Joseph L. Mankiewicz et Le Miracle de la 34ème rue de George Seaton. Et après, elle avait tenté de subsister tant bien que mal à Hollywood, en apparaissant dans des genres à la mode comme la comédie romantique Bob et Carole et Ted et Alice de Paul Mazursky, le film catastrophe Météor de Ronald Neame et le conte futuriste Brainstorm de Douglas Trumbull, sorti de manière posthume deux ans après l’étrange noyade qui lui avait coûté la vie le 29 novembre 1981.

Or, ce sont évidemment les films ayant créé la légende Natalie Wood sur lesquels les programmateurs du Festival de La Rochelle se sont attardés. Depuis ses deux premiers rôles emblématiques en jeune fille fascinée par James Dean dans La Fureur de vivre de Nicholas Ray et en otage des Indiens dans le western La Prisonnière du désert de John Ford, jusqu’à ses derniers grands films, Daisy Clover de Robert Mulligan et Propriété interdite de Sydney Pollack. En passant par La Fièvre dans le sang de Elia Kazan aux côtés de Warren Beatty, le mythique West Side Story de Robert Wise et Jerome Robbins – Oscar du Meilleur Film en 1962 – et Une certaine rencontre, encore de Mulligan, le drame social autour de l’avortement dans lequel elle partage l’affiche avec Steve McQueen et qui était ressorti en France en 2018.

Pour vous préparer déjà à ce beau coup de projecteur sur l’une des actrices phares du cinéma hollywoodien des années ’50 et ’60, on vous conseille la lecture de la brève biographie « Natalie Wood Un jeu d’enfant » de Lucas Aubry, qui sera éditée par Capricci à partir du 31 mai. Quelques jours plus tard, la revue L’Avant-scène cinéma consacrera son numéro du mois de juin à La Fièvre dans le sang de Elia Kazan.

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