La magie du Festival de Cannes : récit de 34 ans de festivités

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La magie du Festival de Cannes : 34 ans de présence à Cannes

La magie du Festival de Cannes : 34 ans de présence à Cannes

Vous est-il déjà arrivé d’être pratiquement contraint d’aller voir un film alors que la fatigue accumulée par la vision de sept films dans la même journée avait plutôt tendance à vous entrainer rondement vers votre chambre ?

Pendant 12  jours chaque année, Cannes devient un monde de folie douce, un monde magique, un monde à part d’où l’on peut, matin, midi et soir, regarder l’état du reste du monde dans des salles obscures refusant des spectateurs à chaque projection.

Pendant ces 12 jours, Cannes est la capitale mondiale du cinéma et trois publics différents investissent la ville et ses alentours. A tout seigneur, tout honneur, commençons par les professionnels, qu’ils soient réalisateurs, producteurs, journalistes, distributeurs, programmateurs, etc. .
Passons aux amateurs de stars et de paillettes qui chassent les autographes et qui s’agglutinent aux pieds des marches du Palais des Festivals afin d’apercevoir leurs vedettes préférées. Pour pouvoir bénéficier de la meilleure vue sur les marches, certains installent leur escabeau aux meilleures places dès 8 heures du matin et résistent vaillamment jusqu’à la nuit tombée.

Terminons, avec la famille des cinéphiles :  eux, ce sont les films qui les intéressent. Malgré les longues queues qu’il faut faire entre chaque film, souvent sans aucune certitude quant au fait de pouvoir rentrer, malgré les distances entre les diverses salles qui l‘acceptent, le cinéphile peut arriver à voir 6 films dans sa journée, 7 dans des circonstances exceptionnelles.  Un bon bilan, c’est une bonne cinquantaine de séances lorsque le Festival se termine. Cela peut paraitre curieux, mais ce sont des films vus dans ces circonstances qui, très souvent, restent le plus profondément ancrés dans la mémoire d’un cinéphile : contrairement à la vie normale, 100 % de son temps est consacré au cinéma, il ne pense à rien d’autre d’où une imprégnation solide dans le cerveau. A condition que le film soit bon … ou exécrable.

La magie du Festival de Cannes : 34 ans de présence à Cannes

Au cours des années, la vie des cinéphiles a considérablement changé. Il y a 30 ans, ils avaient plutôt tendance à papillonner d’une salle à l’autre, sans qu’une accréditation s’avère nécessaire.  La MJC Picaud était leur lieu de rendez-vous préféré, un lieu où, très souvent, les films projetés étaient suivis d’un débat avec le réalisateur et/ou des comédiens. Plus d’une fois, le débat se révélait plus intéressant que le film. Certains s’avéraient très chauds. C’est ainsi que tous ceux et toutes celles qui ont assisté à un débat avec les réalisateurs Danièle Huillet et Jean-Marie Straub ne peuvent qu’en garder un souvenir ému.

Par ailleurs, les salles de cinéma cannoises accueillaient des sélections de différents pays avec des films évidemment en versions originales mais souvent non-sous-titrés ou sous-titrés en anglais. Il arrivait parfois des situations cocasses : c’est ainsi que pour une projection commençant à minuit, la foule des spectateurs désirant entrer dans une salle empêchait de sortir les spectateurs du film précédant, les forçant presque à rajouter un film supplémentaire à une journée déjà chargée.

Aujourd’hui, il existe une accréditation spéciale pour cinéphiles. Même si sa valeur est infiniment moindre en terme de priorité comparée aux accréditations des professionnels, elle a le mérite d’exister. Quant au lieu de rendez-vous préféré des cinéphiles, il s’est déplacé plus à l’ouest, dans le quartier de La Bocca. Le théâtre de la Licorne ne désemplit pas du matin jusqu’au soir, l’ambiance est sympathique mais les queues sont parfois monstrueuses : en 2009, pour Inglourious Basterds, certains ont commencé l’attente 5 heures avant l’heure de la projection en s’introduisant dans la queue du film précédant le film précédant le film de Tarantino !

On terminera par une anecdote typiquement cannoise : en 2003, un homme se présente au guichet où sont délivrés les badges des professionnels. Sûr de son fait, il décline son identité. « Désolé », lui répond l’employé du Festival, « je ne trouve pas de badge à votre nom ». « Impossible, j’ai fait ma demande il y a deux mois et elle ne peut pas ne pas avoir été acceptée » « Pourquoi donc ? » « Parce que j’ai eu la Palme d’Or en 1975 ! ». Eh oui, il s’agissait de Mohammed Lakhdar-Hamina, Palme d’Or 1975 avec Chroniques des années de braise ! A votre avis, a-t-on fini par retrouver son badge ?

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