Kill List

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Kill ListKill List

Angleterre : 2011
Titre original : Kill List
Réalisateur : Ben Wheatley
Scénario : Ben Wheatley, Amy Jump
Acteurs : Neil Maskell, MyAnna Buring, Michael Smiley
Distribution : Wild Side
Durée : 1h35
Genre : Horreur
Date de sortie : Prochainement

Globale : [rating:4.5][five-star-rating]

Le prêtre, l’archiviste et le député. Trois noms sur une liste. Trois hommes à rayer de la carte et deux vieux frères d’armes prêts à remplir un dernier contrat. Leur course folle vers une justice sauvage les fera plonger dans les abîmes de la haine.

Synopsis : Huit mois après une mission désastreuse à Kiev l’ayant laissé physiquement et mentalement marqué, Jay (Neil Maskell), ex-soldat devenu tueur à gages, est poussé par son co-équipier, Gal (Michael Smiley), qui l’embarque dans une nouvelle tâche. Alors qu’ils plongent dans le sombre et perturbant monde des contrats, Jay craque à nouveau: il est frappé par une peur et une paranoïa qui l’enfoncent au cœur des ténèbres.

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« Ces salauds méritent de souffrir »

Kill List fut projeté en compétition internationale du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2011. Même s’il ne remporta aucun prix, sans doute du fait qu’il soit trop éloigné du registre fantastique, il rencontra un succès considérable auprès du public. Pour l’équipe de Critique-film ce fut incontestablement le film le plus maîtrisé de la compétition. Pourtant le réalisateur Ben Wheatley, également co-scénariste du film, n’en est qu’à son second film, après un Down Terrace (2009) passé complètement inaperçu en France (on attend toujours sa sortie en salles…).

L’intrigue s’ouvre sur un développement brillant de la personnalité de Jay, marié à une ancienne soldate suédoise, coulant des jours heureux avec leur jeune fils, entrecoupée de scènes de ménages violentes faisant pleuvoir les coups et voler la faïence. Neil Maskell incarne avec brio un Jay impétueux, dont la fêlure psychologique grandissante avalera bien plus de victimes que la liste ne le prévoit. Pourtant au fur et à mesure que les noms sont rayés on finit par encourager Jay à poursuivre sa croisade contre des pourritures de première, trafiquants de films pédo-pornographique. De fait la violence du film interroge le spectateur au plus profond de lui même. On se sent éclaboussé par la brutalité des coups de marteau et nos mains deviennent aussi sales que celles de cet artisan de mort à la justice expéditive. Le chaos finit par régner en maître et le film fonce tête baissée vers le nihilisme.

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Tout n’est que reconstruction

D’un certain point de vue Gal est à Jay ce que Sancho Panza est à Don Quichotte : l’écuyer dévoué, emporté malgré lui dans une folle cavalcade contre des moulins à vents. Protagoniste à la gueule buriné, tout aussi charismatique que le personnage central,  Michael Smiley insuffle un humour percutant qui rend notre duo profondément attachant. Les dialogues qui jalonnent cette descente aux enfers, tout à la fois hilarants et vibrants, sont d’une authenticité rare, héritage maitrisé de ce savoir faire typiquement britannique, à l’instar des films de Mike Leigh ou Ken Loach. Autant dire qu’on est bien loin des pitreries de Tarantino et que si les répliques fusent comme des balles, elles crèvent les stéréotypes de films de tueurs à gage comme si votre meilleur oncle s’avérait être le tueur d’à côté.

Kill List nous fait arpenter un climax abrupt, tendu et vertigineux, avant de nous faire chuter comme des pantins. Durant la première heure du film j’étais fasciné par la générosité avec laquelle Ben Wheatley nous offre les rudiments d’un film noir bien ficelé tout en dépassant nos attentes. La réalisation permet une immersion complète en commençant par filmer ses personnages au plus près d’eux, pour ensuite s’appesantir sur la drame qui est en train de se jouer par une mise en scène planante à la musique minimaliste. Rien n’apparaît comme surfait et Kill List frappe juste et suffisamment fort pour assommer les plus aguerris d’entre vous. Même le final, qui aurait pu sombrer dans un festival de dramaturgie, a l’intelligence d’être amputé pour laisser le spectateur prolonger l’œuvre tout en l’encaissant frontalement. Si la violence déployée risque d’indigner bon nombre de personnes pensant avoir affaire à un simple thriller, elle m’apparaît comme nécessaire pour l’exploration de la psychologie des personnages et en ce que le film ne traite finalement que d’une chose, avec le même génie que Cronenberg, « une histoire de violence ».

Résumé

Kill List est un pur chef d’œuvre de film noir. Tout à la fois comédie de mœurs et thriller implacable au climax horrifique. Ben Wheatley vous invite à pénétrer les failles de ses personnages à l’emprise chaotique pour un pèlerinage quasi-mystique. Gageons qu’on n’a pas fini d’entendre parler de lui…

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=aqkqF–v1tg[/youtube]

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