Intégrale Claude Berri #14 : Germinal (1993)

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Germinal

France, Belgique, Italie : 1993
Titre original : –
Réalisation : Claude Berri
Scénario : Claude Berri, Arlette Langmann
Acteurs : Renaud, Gérard Depardieu, Miou-Miou
Durée : 2h40
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 29 septembre 1993

Note : 4/5

Il est presque impossible de ne pas aborder le sujet d’entrée de jeu : avec son budget titanesque 165 millions de francs en 1993 (qui équivaudraient, si l’on en croit l’INSEE, à environ 33 millions d’euros aujourd’hui), Germinal était, à l’époque de sa sortie, le film le plus cher de l’histoire du cinéma français. Ce budget pharaonique a d’ailleurs énormément contribué à donner à Claude Berri cette image de « dernier Nabab » du cinéma hexagonal, qu’il a trimballé jusqu’à la fin de sa vie. Alors que le film fête cette année ses vingt-cinq ans, que reste-t-il de Germinal aujourd’hui ?

 

 

Synopsis : Embauché comme mineur à Montsou, dans le Nord de la France, le jeune Etienne Lantier découvre la souffrance d’une population misérable et déshéritée. Gagné aux idées socialistes, il appelle les mécontents à faire la grève et à constituer une caisse de prévoyance. Le mouvement se durcit…

 

 

« Germinal incarne mon premier engagement politique. Jusque-là, je savais où j’avais le cœur, mais j’ignorais comment le montrer. Si je n’avais pas adapté Zola, il m’aurait fallu militer » déclarait Claude Berri à la sortie du film. Devenue au fil des années un vibrant symbole de toutes les luttes ouvrières à travers le monde, l’œuvre d’Emile Zola devient devant la caméra de Claude Berri une véritable fresque sociale, d’une puissance rare. La reconstitution est en effet aussi vaste qu’impressionnante (quoi qu’on puisse peut-être lui trouver un côté vaguement trop « propre », et un peut-être un poil trop aéré en ce qui concerne la représentation de l’intérieur de la mine), le cinéaste ne lésinant pas sur les moyens pour obtenir ce qu’il veut à l’image – rien de moins que 8000 figurants seront par exemple embauchés pour apparaître dans le film. Germinal est donc, visuellement, un spectacle assurément époustouflant, n’ayant rien perdu de sa force évocatrice après toutes ses années.

Les acteurs également donnent de leur personne pour donner chair à ces personnages connus de tous ou presque – Renaud, Gérard Depardieu, Laurent Terzieff, Jean Carmet ou encore Miou-Miou dégagent tous une extraordinaire puissance, dirigés par un Berri dont Renaud soulignera à de nombreuses reprises la maniaquerie après le tournage, lui reprochant de ne pas lui avoir laissé apporter un peu de lui-même au personnage de Lantier. Tout semblait cadré au millimètre, jusqu’à la diction de ses acteurs : une obsession du contrôle qui, au final, tend peut-être à rendre le film un peu « froid », superbe livre d’images un brin académique manquant néanmoins un peu de souffle épique et de lyrisme.

 

 

Conclusion

Avec Germinal, Claude Berri poursuivait donc sa série d’adaptations de classiques de la littérature française, avec un film qui lui permettrait de rentrer définitivement dans l’histoire du cinéma. Très académique dans sa mise en images (on est loin des images cauchemardesques d’un There will be blood !), son film s’avère néanmoins absolument cohérent avec le reste de son œuvre, depuis toujours résolument tournée vers le cinéma populaire, à la mise en scène classique et fonctionnelle. Sur son boulot d’adaptation, il déclarait « Zola, le visionnaire, a agi en forgeant son livre. Moi, j’ai eu à aimer ses pages, à les respirer, à inoculer leur émotion, à en célébrer la mémoire collective. » Si l’on considère que de nombreux collégiens / lycéens étudient régulièrement le film depuis vingt-cinq ans, on peut considérer que le défi est plutôt relevé.

 

Copyright Photos Benoit Barbier – Collection Fondation Jérôme Seydoux – Pathé © 1993 – Pathé Films – France 2 Cinéma – Alternative Film

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