Institut Lumière : rétrospective Anthony Mann jusqu’au 4 juin 2024

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Winchester ’73 © 1950 Sherman Clark / Universal Pictures International France / Mary X Distribution Tous droits réservés

L’Américain Anthony Mann compte parmi ces réalisateurs hollywoodiens du milieu du siècle dernier, dont le cinéphile lambda connaît le nom mais pas forcément des films en particulier. D’où tout l’intérêt d’organiser des rétrospectives de son travail éclectique, comme le font actuellement la Cinémathèque Française à Paris et l’Institut Lumière à Lyon. Un privilège dont Anthony Mann bénéficie même déjà pour la deuxième fois du côté de la Cinémathèque, qui lui avait rendu hommage la dernière fois il y a dix-huit ans, en 2006. Contrairement à ses homonymes contemporains Daniel Mann et Delbert Mann, tombés tranquillement dans l’oubli malgré des films aussi mémorables que Reviens petite Sheba pour le premier et Marty pour le deuxième.

Pour en revenir au grand Anthony, la rétrospective parisienne est déjà en cours depuis la mi-mars et s’arrêtera dans moins de deux semaines, le dimanche 14 avril. Celle-là s’apparente à une intégrale puisque trente-cinq de ses films y seront projetés, contre vingt-et-un à Lyon. Dans le Rhône, les festivités commencent cette semaine pour s’étaler sur plus de deux mois, jusqu’au mardi 4 juin. La rétrospective y sera ponctuée de la séance d’ouverture demain soir de La Brigade du suicide présentée par la programmatrice de l’Institut Lumière Maelle Arnaud, d’une conférence le mardi 16 avril du journaliste Jacques Demange en amont de la séance de La Porte du diable et des deux séances du jeudi 16 mai présentées par l’animateur des conférences de l’Institut Lumière Fabrice Calzettoni.

L’Homme de la plaine © 1955 William Goetz Productions / Columbia Pictures / Sony Pictures Releasing France
Tous droits réservés

Plus d’un demi-siècle après la disparition de Anthony Mann (1906-1967), que reste-t-il de ce réalisateur aux quarante films ? De l’action et de la volonté, de grands espaces et des impasses, comme l’indiquaient les titres des éditos des deux rétrospectives à la Cinémathèque ? En effet, il est difficile de résumer la carrière d’un véritable touche-à-tout, un maître incontesté du western, certes, mais également quelqu’un qui avait su mettre ses talents au service de séries B au début de sa carrière et de grandes fresques historiques à sa fin.

Un homme fiable en somme, au style ciselé et au goût à peine voilé pour une représentation crue – pour l’époque – de la violence, plus apprécié par ses confrères qui l’avaient nommé à trois reprises au Directors Guild Awards pour Romance inachevée, Côte 465 et Le Cid que par l’Académie du cinéma américain, où dans la course aux Oscars ses films concourraient au mieux dans des catégories techniques.

Venu du théâtre, Anthony Mann avait d’abord travaillé en tant que directeur de casting pour le producteur influent David O. Selznick au moment d’Autant en emporte le vent. Il avait commencé à réaliser ses premiers films au début des années 1940, se faisant rapidement un nom grâce à des films noirs bruts et efficaces comme La Cible vivante avec Erich von Stroheim, ainsi que La Brigade du suicide et Marché des brutes, tous deux avec Dennis O’Keefe.

L’Homme de l’ouest © 1958 Walter Mirisch Productions / Ashton Productions / United Artists / Metro-Goldwyn-Mayer
Tous droits réservés

Or, c’est dans les années ’50 qu’il signait ses films les plus marquants à travers des westerns portés par l’interprétation magistrale de James Stewart en homme brisé : Winchester ’73, Les Affameurs, L’Appât, Je suis un aventurier et L’Homme de la plaine. Dans son genre phare, il allait également faire équipe avec Robert Taylor (La Porte du diable), Victor Mature (La Charge des tuniques bleues), Henry Fonda et Anthony Perkins (Du sang dans le désert), Gary Cooper (L’Homme de l’ouest) et Glenn Ford (La Ruée vers l’ouest).

La chance lui avait moins souri avec ses deux péplums coûteux au début des années ’60, Le Cid et La Chute de l’Empire romain, tous deux avec Sophia Loren, ainsi qu’avec Charlton Heston pour le premier et Stephen Boyd pour le deuxième. En 1964, Anthony Mann avait été le président du jury au Festival de Berlin, qui avait attribué alors son Ours d’or au film turc Un été sans eau de Metin Erksan. L’année suivante, il avait retrouvé Kirk Douglas qui l’avait écarté auparavant de la réalisation de Spartacus pour son dernier film assuré entièrement : Les Héros de Télémak. Car Mann est décédé d’une crise cardiaque le 29 avril 1967, en plein tournage de Maldonne pour un espion, terminé dès lors par sa vedette Laurence Harvey.

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