Elle l’adore
France, 2014
Titre original : –
Réalisateur : Jeanne Herry
Scénario : Jeanne Herry, Gaëlle Macé
Acteurs : Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Pascal Demolon
Distribution : StudioCanal
Durée : 1h45
Genre : Comédie dramatique, Policier
Date de sortie : 24 septembre 2014
Note : 3/5
Synopsis : Même relativement discrète dans la vie de son idole, Muriel est la plus grande fan de Vincent Lacroix, LA super star de la chanson française. Elle n’hésitera pas une seconde lorsqu’il viendra tard chez elle lui rendre visite pour lui demander de faire disparaître le corps de sa compagne hystérique qui vient de mourir dans un accident après une dispute. Car plutôt que d’appeler la police et de risquer un scandale, il a un plan qu’il croit parfait pour faire disparaître le corps avec la complicité involontaire (dans un premier temps) de sa plus grande admiratrice.
C’est l’histoire d’une star de la chanson dont la compagne meurt dans un accident bizarre qui va demander à sa fan numéro un de l’aider à faire disparaître le corps. Normal…
Être une fan
Le titre de ce premier long-métrage réalisé par Jeanne Herry, la fille de Miou-Miou et Julien Clerc est inspiré de la chanson de Michel Berger, La Groupie du Pianiste et de son refrain : Elle l’aime, elle l’adore, C’est beau comme elle l’aime, C’est fou comme elle aime… ‘ Et en effet, la pauvre Muriel ne recule devant rien pour lui rendre service. Sandrine Kiberlain s’approprie un rôle en or pour elle. Elle est d’abord une passionnée discrète qui suit son artiste favori partout, sacrifiant sa vie intime et ses enfants pour sa collection d’objets commémoratifs en tous genres rachetés parfois à prix d’or, mentant à tous pour s’inventer une plus belle vie que la vraie et s’attirant les pires ennuis à cause de cela. Même ses plus proches ne pourront pas la croire lorsqu’elle tentera de dire la vérité car elle ne cesse d’affabuler au quotidien et ils en sont bien conscients… Comment la croire, surtout lorsque la vérité est si incroyable !
Ruptures de ton
Le grand moment du scénario est la longue scène d’interrogatoire de Muriel qui va s’adapter à son tempérament de mythomane, et qui permet à Sandrine Kiberlain de livrer une belle performance dans une scène à suspense qui devient petit à petit hilarante et de façon totalement inattendue dans un superbe retournement (via un bijou marquant) qui refait glisser le film noir vers la comédie du départ après un glissement dramatique de plus en plus grave. L’équilibre n’est pas toujours maintenu à un niveau crédible mais le réalisme n’est clairement pas le propos de la jeune réalisatrice, à commencer par l’accident mortel du début aussi tragique que magnifiquement débile, comme le pire des accidents domestiques.
Laurent Lafitte est délicieusement veule en clone évident de Patrick Bruel (on se croirait revenu aux pires moments -pour l’intéressé- de la Bruelmania lors de l’évocation de sa célébrité) qui aurait dérapé vers l’innommable et n’hésiterait pas à user ses proches pour éviter d’assumer ses torts. Pascal Demolon (devenu un second rôle important du cinéma français depuis Radiostars) et Olivia Côte (qui s’impose depuis cette année avec Une Rencontre, Les Beaux Jours ou Les Gazelles) forment un étonnant couple de policiers qui tente de résoudre cette disparition mais leurs scènes de ménage (drôles) empiètent sur la bonne marche de leur enquête. On s’amusera au passage de l’apparition de Muriel Mayette en domestique de Laurent Lafitte alors qu’elle était au moment du tournage la directrice de la Comédie Française et donc la patronne de ce sociétaire fidèle de la maison de Molière !
Résumé
Ce long-métrage inattendu glisse de la comédie inattendue au film noir implacable avant de revenir aux rires puis à la tension psychologique. L’originalité du scénario et son décalage permanent permettent de passer un moment inattendu en complicité de cette femme attachante qui fout toute sa vie en l’air, et toute sa vie c’est pas grand chose, prête pour son idole à aller jusqu’en enfer, pour reprendre les paroles de la chanson de Michel Berger qui donne son titre à cette étonnante comédie très noire et franchement drôle.