Le FEFFS 2014 honore le cinéma fantastique européen

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Après neuf jours de cinéma fantastique (mais pas seulement), le jury de la septième édition du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg formé par les réalisateurs Tobe Hooper ( dont le classique Massacre à la tronçonneuse ressort en salles et en dvd et bluray le 29 octobre prochain), Juan Martinez Moreno et Xavier Palud a délivré un palmarès très européen.

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L’Octopus d’Or (le grand prix du festival) a été remis à White God du hongrois Kornél Mundruczó, déjà titulaire de nombreuses récompenses dont le Prix Un Certain Regard lors du dernier Festival de Cannes. Un chien malmené par la gent humaine se libère de ses oppresseurs et entraîne ses congénères dans une rébellion qui n’est pas sans rappeler celle dépeinte dans La Planète des Singes. Hagen, nouveau César ? Du grand cinéma sans la moindre réserve, oppressant, avec une ouverture impressionnante dans des rues désertes qui donne le ton en quelques secondes, avec une mise en scène puissante à hauteur d’animal. Ce qui restera comme l’une des œuvres de cinéma les plus originales de l’année aux côtés de Boyhood de Richard Linklater et Under the skin de Jonathan Glazer est à découvrir en salles le 3 décembre grâce à Pyramide. White God représentera la Hongrie dans la catégorie du meilleur long-métrage en langue étrangère lors de la prochaine édition des Oscars.

Amours cannibales avec Antonio de la Torre
Amours cannibales avec Antonio de la Torre

Le Méliès d’argent a été remis à Amours Cannibales de l’espagnol Manuel Martin Cuenca. Un film d’horreur feutré, une étude de caractère inquiétant, celui d’un tailleur pour hommes mais aussi de dames qu’il tue puis dépèce avant de s’en régaler. Antonio de la Torre interprète avec froideur ce tueur implacable jusqu’à sa rencontre avec la sœur jumelle de l’une de ses victimes. L’ombre d’Hitchcock plane, autant Psychose avec ce psychopathe discret confronté à deux sœurs que Sueurs Froides avec Olimpia Melinte dans un double rôle à la Kim Novak. Le directeur de la photographie Pau Esteve Birba était présent pour accompagner ce long-métrage réussi qui lui a permis de remporter de nombreux prix en festivals (aux Arcs en 2013 par exemple) et un prestigieux Goya mais cette fois-ci c’est le réalisateur qui est primé, presque une première pour ce film qui tourne autour du monde depuis plus d’un an et débarque enfin dans nos salles le 17 décembre 2014, distribué par Zootrope.

Le FEFFS fait partie de la Fédération Européenne des Festivals du Film Fantastique qui réunit une vingtaine de festivals et dont le but est de promouvoir les films européens. Chaque festival remet un Méliès d’argent et l’ensemble est départagé lors du Festival de Sitges. Au nom du fils de Vincent Lannoo a remporté le Méliès d’Or en 2013. Cette année, Amours Cannibales rejoint ainsi les autres Méliès d’Argent déjà annoncés : Enemy de Denis Villeneuve (Festival de Sitges), L’Étrange Couleur des larmes de ton corps de Hélène Cattet et Bruno Forzani (Festival de Trieste), Let us Prey de Brian O’Malley (Festival de Bruxelles), Der Samuraï de Till Kleinert (Imagine Film Festival) et Blind d’Eskil Vog (Festival de Neuchâtel).

Laurent Lucas et Lola Duenas dans Alleluia
Laurent Lucas et Lola Duenas dans Alleluia

Enfin, le jury des longs-métrages a accordé une mention spéciale à Alleluïa de Fabrice du Welz qui avait déjà obtenu l’Octopus d’or en 2008 au FEFFS pour Vinyan. Cet étrange film noir revisite l’affaire dite des Tueurs de la lune de miel filmée une première fois par Leonard Kastle en 1970 d’après un faits divers réel, les meurtres sordides commis entre 1947 et 1949 par le couple de tueurs en série américains Raymond Fernandez et Martha Beck. Le ton décalé, un sens de l’horreur presque débonnaire mais bien sanglant, à la limite de l’expérimental permettent à Du Welz de renouveler une histoire ultra connue des amateurs du genre. Les performances de Laurent Lucas, qui confirme son statut d’acteur le plus inquiétant de France et de Lola Duenas, bien en chair, sauvage et sensuelle, sont superbement outrancières et font passer la dimension audacieuse de ce vrai plaisir de cinéma déviant, le plus abouti de son auteur notamment soutenu au scénario par nul autre que Vincent Tavier, également coauteur, excusez du peu, de C’est arrivé près de chez vous et des aventures de Cowboy, Cheval, Indien, Gendarme et Steven dans Panique au village dont un nouvel épisode a été présenté dans la section courts d’animation (La Bûche de Noël, un nouveau bonheur). Pour ne rien gâter, les personnages de victimes (Édith Le Merdy et Helena Noguerra entre autres) ne sont pas sacrifiés… façon de parler… Alléluia sera distribué en salles le 26 novembre prochain par Carlotta.

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Sans surprise (voir news) c’est le néo-zélandais Housebound de Gerard Johnstone qui remporte le prix du public, grâce à son habile équilibre entre humour et effroi qui renouvelle le genre du film de maisons hantées et/ou d’invasion domestique (home invasion pour les anglophiles). Le film sera distribué en dvd par Luminor.

A Girl walks home alone at night
A Girl walks home alone at night

Rien pour le cinéma non européen donc, ni pour le conte vampirico-western A Girl Walks Home Alone at Night de l’américaine Ana Lily Amirpour ni pour le film de loups-garous à l’ancienne Late Phases de Adrián García Bogliano (dommage) ni pour Honeymoon de Leigh Janiak et Starry Eyes de Kevin Kolsch et Dennis Widmyer (moins dommage).

La remise des prix a eu lieu pour la première fois au Vox parfait pour l’occasion (plus de places), signe de l’importance croissante du festival dans l’activité culturelle locale. La participation pour la première fois cette année d’UGC qui a repris l’ensemble des Midnight Movies (avec succès) en est une autre preuve.

Stellan Skarsgaard dans Refroidis
Stellan Skarsgaard dans Refroidis

La programmation des longs-métrages signée Daniel Cohen et Consuelo Holtzer fut une nouvelle fois excellente avec un zéro faute (à des degrés de satisfaction variés évidemment) pour les Midnight Movies dont on retiendra les castors et les nazis zombifiés de Zombeavers et Dead Snow 2 et pour les Crossovers avec le policier maladroit de Hard Day (sortie en salles le 7 janvier 2015 avec Bodega), la vengeance froide de Stellan Skarsgaard dans Refroidis (sortie ce mercredi 24 septembre, à ne pas manquer) et le burlesque crade incarné par Carla Juri dans Wetlands. La compétition fut plus inégale mais dans une très bonne moyenne, la présence de (presque) chaque film pouvant se justifier. 2030 du vietnamien Minh Nguyen-Vo permet de saisir l’émergence de cette cinématographie encore balbutiante avec ce film de très légère anticipation mais d’autres films en compétition ont en majorité été mal reçus : The Canal de l’irlandais Ivan Cavanagh, l’indonésien Killers de Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto, le néerlandais The Pool de Chris W.Mitchell et l’allemand Der Samurai de Till Kleinert, malgré quelques bonnes idées ici ou là, perdues dans des récits artificiels inutilement étirés ou complaisants avec eux-mêmes.

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Le Festival a drainé une nouvelle fois entre dix et vingt mille amateurs du genre si l’on comptabilise les entrées en salles, les rencontres avec les équipes, les participants vivants et morts de la Zombie Walk, les spectateurs de la Master Class de Tobe Hooper animée avec son talent de pédagogue et d’entertainer classe par Jean-Baptiste Thoret et traduit avec précision par Adèle Hattemer, les visiteurs du CAUE pour la géniale exposition Retro Gaming qui réunissait les plus grands classiques des jeux vidéos (j’ai cartonné au Duck Hunt, j’ai vite capitulé pour le reste) avec les explications et accompagnements d’Estelle Dalleu, David Huriot & Co pour tous les gamers plus ou moins expérimentés et la séance en plein air de S.O.S. Fantômes dédiée à son réalisateur Ivan Reitman. On admirera à ce titre la capacité d’anticipation d’un festival qui anticipe le pire, Ivan Reitman n’étant pas encore mort, contrairement à Harold Ramis (voir hommage). Bon, ne nous moquons pas, je n’ai cessé de substituer le titre de cette comédie culte dont on redoute le reboot féminin (Melissa McCarthy beurk) avec Retour avec le futur et de parler d’un entretien cette année avec George Romero, le président du jury…2011. Nobody’s perfect, surtout pas le bras de l’un des participants du bras de fer improvisé avant la nuit Testostérone de la Cannon qui a souffert de l’affrontement. Concours de chifoumi pour la nuit de l’année prochaine ? Ce sera moins dangereux…

Signe divin peut-être, le Festival consacré cette année au diable s’est achevé, étrange coïncidence (?), le jour du lancement officiel des commémorations du millénaire des fondations de la cathédrale de Strasbourg avec un spectacle son et lumière auquel a participé Luc Arbogast, le troubadour de The Voice qui donne envie de commettre des sacrifices humains (c’est un peu radical comme commentaire).

Et une fois encore, remercions les bénévoles indispensables à la bonne marche et à la bonne ambiance du festival dans les salles, dans le Village Fantastique et dans les coulisses, signalons notamment Elsa, Laureene, Julie, Nicolas, Marie, Laurent et François les tatoués, Ouardia, Shani, Greg, Elodie-Pascaline et Julien, Elodie, Arnaud Reeb et Mahon de Pixel Caesar pour la plastique visuelle et l’efficacité technique du site officiel et bien d’autres encore dont les interprètes Adèle Hattemer et Louise Bouchu. Enfin, merci aux équipes des cinémas pour la qualité des projections, à Jean-Claude et Christiano pour les sous-titres et à Lucie Mottier et Jean-François Gaye de Dark Star et à Nathalie Flesch pour les sélections de courts-métrages.

Et remerciement particulier à la Warner de nous avoir permis de redécouvrir la version d’origine de L’Exorciste de William Friedkin dans une superbe copie 35mm à chaque fois devant des salles complètes, certains malheureux restant à l’extérieur pour invoquer le diable lui-même pour obtenir une nouvelle rediffusion l’an prochain  même si la rétrospective 2014 est consacrée aux super-héros ou aux super-vilains de pacotille (au hasard).

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Le Palmarès complet de cette 7ème édition

Longs-Métrages

Octopus d’Or — White God de Kornél Mundruczó

Méliès d’Argent — Amours Cannibales de Manuel Martin Cuenca

Mention Spéciale du Jury — Alleluia de Fabrice du Welz

Prix du Public — Housebound de Gerard Johnstone
Courts-Métrages

Octopus d’Or : The Landing de Josh Tanner (Australie)
Un homme retourne sur les terres de la ferme de son enfance afin de découvrir la vérité sur « la chose » qui a atterri cet été de 1960 quand il n’était qu’un petit garçon.

Méliès d’Argent et Prix du Public : Robotics de Jasper Bazuin
John construit son double en espérant obtenir une vie meilleure… mais son robot sera bien plus performant que ce à quoi il s’attendait !
http://vimeo.com/jasperbazuin/robotics

Prix du Jury dans la catégorie Animation : Imposteur de Elie Chapuis
Dans une ville, la nuit, un cerf à forme humaine tente de voler l’identité d’un homme en lui arrachant la tête.

Prix du Jury dans la catégorie Made in France : Shadow de Lorenzo Recio
Taipei. Xiao Shou un est garçon timide exerçant le métier de montreur d’ombres itinérant. Un jour, il croise Ann dont il tombe immédiatement amoureux. Mais un terrible accident va le plonger dans un monde de ténèbres…

Mention Spéciale du Jury et Prix du Jury Jeune : Ceremony for a Friend de Kaveh Ebrahimpour
Mansour a dépassé les limites si bien que ses amis décident de le pendre… Ils se réunissent alors afin de discuter des détails de la cérémonie.

Mention Spéciale dans la catégorie Animation : La Bête de Vladimir Mavounia-Kouka
Une jeune femme se caresse. De ses poils naît une bête démesurée, dont le corps épouse et violente le sien.

Indie Game Contest

Octopix — The Coral Cave dont le jury a salué la dimension artistique et la beauté plastique (un ‘enchantement’) avec des plans superbes inédits en jeux vidéo et le plaisir du jeu, soulignant encore les passerelles croissantes entre les univers des jeux vidéos et de l’animation.
The Coral Cave est un jeu d’aventure en point & click, qui met l’accent sur l’exploration et la résolution d’énigmes. Les décors et personnages sont entièrement réalisés à l’aquarelle.

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Mention Spéciale du Jury — Savage – The Shard of Gozen
Un jeu rétro, de plateforme, d’action et d’aventure, saupoudré de RPG, le tout mixé avec Conan, Dungeons and Dragons et HeroQuest.

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