Décès de l’acteur Hardy Krüger

0
11335

L’Évadé du camp 1 © 1957 George Courtney Ward / British Film / Julian Wintle Productions / Rank Film Distributors
Tous droits réservés

L’acteur allemand Hardy Krüger est décédé le 19 janvier à Palm Springs en Californie. Il était âgé de 93 ans. Krüger était l’une des rares vedettes internationales originaires d’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale, grâce à ses personnages globalement sympathiques, quoique pas complètement exempts de clichés germaniques. Il a tourné plusieurs films en France, comme Un taxi pour Tobrouk de Denys De La Patellière et Les Dimanches de Ville d’Avray de Serge Bourguignon. Et aux États-Unis, il avait collaboré avec des réalisateurs aussi prestigieux que Howard Hawks, Robert Aldrich, Stanley Kramer, Stanley Kubrick et Richard Attenborough.

L’Enquête de l’inspecteur Morgan © 1959 Ian Jeayes / Sydney Box Associates / Independent Artists / Rank Film Distributors
Tous droits réservés

Né cinq ans avant la prise de pouvoir des nazis en Allemagne, Hardy Krüger était profondément marqué par l’idéologie hitlérienne pendant sa jeunesse. Issu d’une famille acquise corps et âme au culte du Führer, il avait même tenu son tout premier rôle au cinéma en 1944 dans le film de propagande Les Aiglons de Alfred Weidenmann. La fin de la guerre allait s’avérer beaucoup plus dramatique pour le jeune acteur, puisque, en tant que membre de la jeunesse hitlérienne, il a été envoyé au front, où il a failli mourir. Par ailleurs, Krüger avait mis à profit cette expérience traumatisante vers la fin de sa vie, à travers de nombreuses interventions en milieu scolaire dans le cadre de son engagement contre l’extrême droite.

Un taxi pour Tobrouk © 1961 Vincent Rossell / Franco London Films / Procusa / Continental Film / Gaumont
Tous droits réservés

Le véritable démarrage de sa carrière d’acteur n’a eu lieu qu’à la fin des années 1940. Pendant une décennie environ, Hardy Krüger allait devenir le jeune premier préféré du cinéma allemand, soucieux de ne pas réveiller de vieux fantômes, mais de colporter au contraire des clichés folkloriques parfaitement inoffensifs. Ainsi, il était à l’affiche de comédies essentiellement destinées au marché germanophone et tout juste distribuées en France dans les départements frontaliers de l’Allemagne. En 1953, Krüger réussit cependant à faire ses premiers pas sur un plateau de tournage américain, grâce à la version allemande de La Lune était bleue de Otto Preminger dans laquelle il joue le rôle tenu par William Holden dans la version soi-disant originale. Puis, c’était le retour aux productions allemandes formatées comme Tant que tu m’aimeras de Harald Braun avec Maria Schell et Toi et moi de Alfred Weidenmann avec Liselotte Pulver.

Les Dimanches de Ville d’Avray © 1962 Helga Romanoff / Fidès / Les Films Trocadero / Orsay Films / Les Acacias
Tous droits réservés

Lassé de l’emploi récurrent du jeune amant souriant et insouciant, Hardy Krüger était parti tenter sa chance à l’étranger en 1957. Une première vraie incursion dans le cinéma anglophone qui s’était soldée par le film de prisonnier de guerre L’Évadé du camp 1 de Roy Ward Baker. Après un passage supplémentaire par la case « divertissements allemands sans conséquence », dont seuls Sans tambour ni trompette et Tout le reste n’est que silence de Helmut Käutner méritent d’être cités, Krüger avait renoué avec le cinéma britannique deux ans plus tard avec L’Enquête de l’inspecteur Morgan de Joseph Losey. Puis vint son premier film français, le classique du cinéma de guerre – aussi grâce au scénario signé Michel Audiard – Un taxi pour Tobrouk de Denys De La Patellière.

Hatari ! © 1962 Malabar / Paramount Pictures France Tous droits réservés

Si bien entamées, les années ’60 allaient devenir la période la plus prolifique, d’un point de vue international, de la carrière de Hardy Krüger. Après Les Dimanches de Ville d’Avray de Serge Bourguignon – Oscar du Meilleur Film étranger en 1963 –, l’acteur a collaboré avec Howard Hawks (Hatari !), Luis Garcia Berlanga (son épisode de Les Quatre vérités), Juan Antonio Bardem (Les Pianos mécaniques), Marcel Camus (Le Chant du monde), Robert Aldrich (Le Vol du Phénix), Raoul Levy (L’Espion), Georges Lautner (La Grande sauterelle), Claude Autant-Lara (Le Franciscain de Bourges), Stanley Kramer (Le Secret de Santa Vittoria) et Mikhaïl Kalatozov (La Tente rouge).

Un pont trop loin © 1977 Bob Penn / Joseph E. Levine Productions / United Artists / Metro-Goldwyn-Mayer
Tous droits réservés

Les rôles commençaient à se faire plus rares au cours des années ’70, malgré Le Tigre de papier de Ken Annakin, Barry Lyndon de Stanley Kubrick, A chacun son enfer de André Cayatte, Un pont trop loin de Richard Attenborough, Les Oies sauvages de Andrew V. McLaglen, suivis par Meurtres en direct de Richard Brooks, son avant-dernier film en 1982. Après avoir participé à trois épisodes de la mini-série à succès « Les Orages de la guerre » à la fin des années ’80, Hardy Krüger s’était consacré à une série de reportages sur des voyages dans des pays exotiques.

Les Oies sauvages © 1978 Graham Attwood / Euan Lloyd Productions / Varius Entertainment Trading /
Rank Film Distributors / Allied Artists Pictures Tous droits réservés

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici