De retour en salles au mois de septembre 2020

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Total Recall © 1990 David Appleby / Carolco Pictures / Studiocanal / Carlotta Films Tous droits réservés

C’est la rentrée ! Nul besoin de vous le rappeler en fait, puisque l’état d’esprit général, les points de focalisation médiatique et même la météo nous font bel et bien sentir que l’été est désormais derrière nous. Aux côtés de la reprise tant attendue dans les salles qui projettent les nouvelles sorties, de plus en plus nombreuses et variées, celles dédiées aux films d’antan peuvent également se réjouir, grâce à un beau programme de ressorties comprenant une dizaine de titres nouvellement restaurés, ainsi que trois rétrospectives. Ruez-vous donc dans les salles obscures, depuis le week-end dernier constamment masqués s’il vous plaît, afin de goûter tant que vous le pourrez aux plaisirs cinématographiques des années passées !

Avant de t’aimer © 1949 Buddy Longworth / Emerald Productions Inc. / Les Films du Camélia Tous droits réservés

Ida Lupino

La rétrospective en quatre films plus un consacrée à la réalisatrice Ida Lupino (1918-1995) nous paraît l’élément le plus enthousiasmant de cette sélection de reprises du mois de septembre. Elle fait en quelque sorte écho à celle de la Warner en juillet, Forbidden Hollywood. Car autant la carrière de Lupino en tant qu’actrice de films de genre était plutôt conventionnelle, autant son statut de réalisatrice pionnière au début des années 1950 avait de quoi bousculer le statu quo à Hollywood. Bien sûr, l’immense majorité de son activité derrière la caméra, elle l’a passée en réalisant des dizaines d’épisodes de séries télé jusqu’à la fin des années ’60. Ce qui laisse supposer que les six longs-métrages qu’elle a pu réaliser n’ont pas remporté un franc succès commercial … Mais il serait fort dommage de rater l’occasion de voir donc la quasi-intégralité de son œuvre sur grand écran, à l’exception du drame sportif Jeu set et match !

Deux distributeurs ont joint leurs efforts pour permettre pareil retour exhaustif. Théâtre du Temple Distribution sortira ainsi d’abord le drame social Outrage avec Mala Powers le mercredi 9 septembre. Puis, la rétrospective à proprement parler démarrera trois semaines plus tard, grâce aux Films du Camélia. Les quatre films au programme sont le drame social Avant de t’aimer avec Sally Forrest et Keefe Brasselle, le mélodrame Faire face avec les mêmes acteurs principaux, le thriller Le Voyage de la peur avec Edmond O’Brien et Frank Lovejoy et le drame conjugal Bigamie avec Joan Fontaine et Lupino.

Le Horla © 1966 Compagnie Européenne de Production Cinématographique / La Traverse Tous droits réservés

Jean-Daniel Pollet

Est-ce que la deuxième fois sera la bonne ? L’intégrale des films du réalisateur Jean-Daniel Pollet (1936-2004) avait une première fois été prévue pour le mois de mars, avant d’être repoussée pour cause de confinement. La Cinémathèque Française avait alors en quelque sorte enjambé le pas, puisque le cycle dédié à Pollet vient de se terminer du côté de Bercy. Qu’à cela ne tienne, le distributeur La Traverse devrait nous offrir une formidable opportunité de rattrapage à partir du 9 septembre, à travers pas moins de 22 films, courts et longs, soigneusement restaurés !

En toute honnêteté, nous ne connaissons pas du tout le travail de Pollet, mais ses préoccupations formelles et thématiques nous intriguent fortement. A nous donc les films à peu près grand public du réalisateur, comme Une balle dans le cœur avec Sami Frey et Françoise Hardy, L’Amour c’est gai l’amour c’est triste avec Bernadette Lafont et Chantal Goya et L’Acrobate avec Claude Melki et Micheline Dax – il avait une petite obsession pour les actrices issues du monde musical, celui-là ! Ainsi que les expérimentations plus ou moins heureuses, tels que le manifeste de la Nouvelle Vague La Ligne de mire et le court-métrage Le Horla avec Laurent Terzieff.

Ce dernier fera par ailleurs l’objet d’un documentaire également à l’affiche ce mois-ci, de même à partir du 9 septembre : Le Fantôme de Laurent Terzieff de Jacques Richard.

Vacances à Venise © 1955 Lopert Films / London Film Productions / Les Acacias Tous droits réservés

Les classiques

Restaurer des films, de préférence en 4K, cela sert avant tout à les faire redécouvrir dans des conditions de projection optimales. Peu importe alors que ce soient des classiques que l’on a déjà vus plusieurs fois, la qualité technique accentuera encore plus celle de l’exécution formelle ! Cinq films assez largement connus font leur retour dans les salles de répertoire en cette fin d’été / ce début d’automne. La plupart d’entre eux sont anglophones, quoique issus d’époques bien distinctes.

Le plus ancien d’entre eux est le sublime Vacances à Venise de David Lean que Les Acacias ressortent dès demain. Cette romance touristique plus amère que douce avait offert à Katharine Hepburn l’un de ses premiers grands rôles de « vieillesse » au milieu des années ’50. En parallèle de cette ressortie et du début de la 77ème édition du Festival de Venise, le cinéma mythique Le Champo dans le Quartier latin parisien reprogrammera six films ayant pour décor la cité des Doges, dont Senso de Luchino Visconti, Eva de Joseph Losey et Le Casanova de Fellini de Federico Fellini.

Le film d’horreur Ne vous retournez pas de Nicolas Roeg se déroule aussi en partie à Venise. Or, il s’agit d’une vision cauchemardesque de la ville, subie par le couple endeuillé que forment Julie Christe et Donald Sutherland, à nouveau à l’affiche grâce à Potemkine Films à partir du 16 septembre. Le même jour, Carlotta Films ressortira la géniale épopée de science-fiction Total Recall de Paul Verhoeven avec Arnold Schwarzenegger et Sharon Stone, Oscar spécial des Meilleurs Effets visuels en 1991. Et le dernier mercredi du mois, Les Acacias, encore eux, nous proposeront la course haletante d’espionnage que Robert Redford et Max von Sydow se livraient en 1975 dans Les Trois jours du Condor de Sydney Pollack.

Le cinéma asiatique est un peu plus modestement représenté en cette rentrée. Dès demain, vous pourriez devenir profondément nostalgiques, en vous rappelant que, il y a fort longtemps au début des années ’90, Zhang Yimou n’était pas encore le chef de file de la propagande chinoise, mais celui du renouveau formel enivrant du cinéma de son pays, grâce à Ju Dou avec la sublime Gong Li, distribué par Solaris Films. Puis, le mercredi suivant, Les Acacias, décidément très en forme en ce moment, regroupent dans une rétrospective officieuse cinq films majeurs du réalisateur japonais Mikio Naruse (1905-1969) qu’ils avaient déjà ressortis entre fin 2015 et l’été 2017.

La Jeune fille à l’écho © 1964 Lietuvos Kino Studija / ED Distribution Tous droits réservés

Les raretés

Après ce vaste tour d’horizon, est-ce qu’il reste encore quelque chose ? Eh oui, peut-être la partie la plus passionnante de tout le programme des ressorties, celle des films rares et inédits ! Ils ne sont certes qu’au nombre de quatre, mais il vous permettront certainement d’élargir votre culture de cinéphile.

Par exemple dès demain, à travers le conte d’enfants lituanien La Jeune fille à l’écho, le deuxième film du réalisateur Arunas Zebriunas, dont ED Distribution avait déjà ressorti La Belle il y a deux ans. Trois semaines plus tard, le documentaire animalier distribué par Splendor Films Le Territoire des autres de François Bel, Gérard Vienne et Michel Fano, Grand Prix de la contribution technique au Festival de Cannes en 1970, nous permettra de nous rendre compte à quel point la lutte pour le bien-être animal est de longue haleine.

Enfin, deux monstres sacrés du cinéma italien nous font l’honneur de leur présence par écrans de cinéma interposés les deux derniers mercredis du mois, dans des films assez méconnus. Alberto Sordi, actuellement en salles avec Il medico della mutua de Luigi Zampa toujours chez Tamasa Distribution, continue d’être remarquablement bien exposé avec Il maestro di Vigevano le troisième long-métrage de Elio Petri. Puis Marcello Mastroianni, plutôt absent des écrans depuis Nuits blanches de Luchino Visconti juste avant le confinement, nous revient grâce à Carlotta Films dans Jours d’amour de Giuseppe De Santis, produit cinq ans après le plus grand succès du réalisateur Riz amer.

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