De retour en salles au mois de mai 2024

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Les Moissons du ciel © 1978 Bruno Engler / Paramount Pictures France / Park Circus France Tous droits réservés

En toute probabilité, on a déjà dû mettre à contribution le fameux dicton sur le mois de mai, lors de l’une de nos chroniques mensuelles sur les ressorties il y a un, deux ou trois ans. Par conséquent, on se limitera au conseil de faire de votre mieux, afin d’honorer le travail toujours aussi recommandable des vaillants distributeurs de films de patrimoine. Ce qui ne devrait guère être mission impossible, puisque pour un mois à cinq mercredis, le nombre de titres reste des plus raisonnables.

Vous aurez donc l’embarras du choix entre une quinzaine de titres, avec en prime pour les fans les plus inconditionnels de l’univers Star Wars, la ressortie ce samedi de l’épisode 1, La Menace fantôme de George Lucas, à la double occasion de sa sortie initiale il y a un quart de siècle et de la journée mondiale consacrée à La Guerre des étoiles, le 4 mai.

Au fil des semaines, le rythme du retour des films dans les salles obscures spécialisées s’avère des plus abordables. Avec de surcroît un mercredi, le 15 mai, où aucun film ne ressortira a priori, effet du Festival de Cannes et de la frénésie médiatique qui l’entoure obligent. Avant, vous aurez tout votre temps pour vous familiariser avec l’univers de science-fiction visionnaire imaginé par le réalisateur français René Laloux et de celui de Luigi Comencini, infiniment plus ancré dans les petits travers de la vie quotidienne à l’italienne du milieu du siècle dernier, ainsi que de retrouver la sublime Delphine Seyrig dans deux films méconnus, quoique amplement à la hauteur de son talent.

Ensuite, l’heure sera à un joli mélange hétéroclite d’œuvres cinématographiques venues des États-Unis, de Taïwan, de l’Union Soviétique et d’Italie, entre autres lauréates d’un Oscar de la Meilleure photo et d’un Ours d’or au Festival de Berlin.

La Planète sauvage © 1973 Argos Films / Les Films Armorial /Institut National de l’Audiovisuel / Tamasa Distribution
Tous droits réservés

Depuis la semaine dernière, la pièce centrale de la carrière plutôt brève du réalisateur René Laloux (1929-2004) constituée de cinq courts-métrages et de trois films d’animation est d’ores et déjà de retour sur grand écran. Or, avant et après ces Maîtres du temps magistraux, il y a eu le film sans doute le plus connu de son créateur La Planète sauvage, Prix spécial au Festival de Cannes en 1973, et Gandahar, une fable futuriste représentative de l’esprit rock des années ’80. Grâce à Tamasa Distribution, ces deux films-là se joignent à partir d’aujourd’hui aux Maîtres, permettant alors de redécouvrir en intégral la maestria d’un cinéaste atypique.

Pour celles et ceux qui rechercheraient davantage une histoire à mettre devant les yeux de leur chère progéniture innocente – le potentiel cauchemardesque de La Planète sauvage et de Gandahar nous paraît indiscutable, mais c’est également cela qui fait toute leur qualité ! –, Splendor Films a pensé à vous à travers la ressortie de Les Aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropical de Bill Kroyer dès le 22 mai. De nos jours, on se souvient surtout de ce film d’animation pour avoir été le premier à avoir donné tout loisir de s’épanouir au don d’improvisation vocale de Robin Williams, quelques mois à peine avant la sortie de la superproduction Disney Aladdin à Noël 1992.

Il ne nous reste qu’à croiser les doigts que le distributeur proposera de même une copie en version originale, nous donnant ainsi l’occasion de réécouter le comédien de génie, disparu il y a près de dix ans, en août 2014.

Aloïse © 1975 Unité Trois / TF1 Studio / Les Acacias Tous droits réservés

Au plus tard depuis le début de cette décennie-ci, la redécouverte de Delphine Seyrig (1932-1990) est en marche. Alors que le cinéphile ordinaire devrait connaître l’actrice française de ses films aussi incontournables que L’Année dernière à Marienbad de Alain Resnais, Peau d’âne de Jacques Demy, Jeanne Dielman 23 Quai du commerce 1080 Bruxelles de Chantal Akerman et India Song de Marguerite Duras, c’est de même un film aussi obscur que Les Lèvres rouges de Harry Kümel qui a eu récemment l’honneur d’une ressortie. Sans oublier le film manifeste de cette féministe militante, le documentaire Sois belle et tais-toi, réalisé par elle-même et ressorti au mois de février de l’année passée.

Dans une semaine, le 8 mai, deux autres perles rares de sa filmographie éclectique seront de nouveau à l’affiche chez Les Acacias. Il s’agit de deux autres films de son année faste 1975, au cours de laquelle Delphine Seyrig allait croiser le chemin artistique de Chantal Akerman et de Marguerite Duras. Tandis qu’Aloïse de Liliane De Kermadec conte la vie mouvementée de l’artiste suisse Aloïse Corbaz, avec Isabelle Huppert l’interprétant jeune et Seyrig lui prêtant ses traits de femme adulte et malmenée par son époque, le début du siècle dernier, Le Jardin qui bascule de Guy Gilles se fait croiser bon nombre de personnages au fil d’un récit poisseux, peuplé entre autres par Sami Frey, Jeanne Moreau et Guy Bedos.

Pour l’anecdote, le premier avait été présenté en compétition au Festival de Cannes. Il avait valu à Isabelle Huppert la première de ses actuellement seize nominations aux César dans la catégorie de la Meilleure actrice dans un second rôle, où elle s’était inclinée en 1976 face à Marie-France Pisier dans Cousin cousine de Jean-Charles Tacchella.

Maris en liberté © 1957 Morino Film / Oscar Film / SND / Studiocanal / Tamasa Distribution Tous droits réservés

Le même jour que le diptyque Seyrig sortira chez Tamasa la rétrospective la plus consistante du mois. En cinq films issus des années ’50 et ’60, il vous sera possible de vous faire une image plus précise du talent du réalisateur Luigi Comencini (1916-2007). Le lauréat d’un Lion d’or honorifique au Festival de Venise en 1987 n’est sans doute pas le plus obscur des cinéastes transalpins. Les ressorties, ces dernières années, de films comme L’Incompris et Un vrai crime d’amour lui ont permis d’éviter de tomber complètement dans l’oubli. Mais ce n’est pas non plus l’un de ces piliers du cinéma italien, à l’image de Roberto Rossellini, Federico Fellini et Michelangelo Antonioni, dont la rétrospective vient de s’achever à la Cinémathèque Française, sur lesquels se base l’engouement irrévocable du public français pour la cinématographie de ses voisins du sud-est.

Cinq films qui nous rappellent avec vigueur l’espièglerie suprême du cinéma italien pendant son âge d’or. Ceci dit, alors que le point de vue désabusé des femmes face à ces queutards d’hommes paraît y prédominer, si l’on en croit le ton de la bande-annonce, ce sont surtout les acteurs de ces films qui sont passés à la postérité. Comme Vittorio Gassman dans La Traite des blanches, Alberto Sordi dans La Belle de Rome, Renato Salvatori dans Maris en liberté ou encore Nino Manfredi et Gian-Maria Volonté dans A cheval sur le tigre.

Pour un autre petit chef-d’œuvre du cinéma italien, il faudra patienter jusqu’à la fin du mois, le 29 mai pour être précis. C’est alors que Les Acacias remettra à l’affiche la comédie hautement amusante Larmes de joie de Mario Monicelli, un contemporain de Comencini qui figure lui aussi parmi ces cinéastes prisés par les initiés. Dans cette farce autour de la nuit de la Saint Sylvestre – quelle drôle d’idée du coup de caler sa sortie pratiquement à l’opposé du calendrier annuel ! –, le trio d’acteurs formé par Anna Magnani, Ben Gazzara et Toto s’en donne à cœur joie.

Collatéral © 2004 Frank Connor / Parkes MacDonald Image Nation / DreamWorks Pictures / Paramount Pictures France /
Ciné Sorbonne Tous droits réservés

Enfin, voici pêle-mêle les quatre sorties restantes du mois : dès aujourd’hui, le chauffeur de taxi téméraire interprété par Jamie Foxx dans Collatéral de Michael Mann reprend du service. Une ressortie pour laquelle nous remercions chaleureusement le distributeur Ciné Sorbonne, tant nous regrettons que le film le plus récent du réalisateur, Ferrari, ne soit pas sorti au cinéma en France ! Ce qui nous fait craindre que le tout juste respectable Hacker soit le dernier film de Mann à être sorti sur grand écran, il y a près de dix ans tout de même.

Sinon, dans trois semaines, ce n’est pas que sur la Croisette que résonnera la mélodie ultra-célèbre de Camille Saint-Saëns. Le Prix de la mise en scène du Festival de Cannes en 1979 Les Moissons du ciel de Terrence Malick sera de retour pour la quatrième fois depuis le début du siècle. Cette fois-ci chez Park Circus et dans une nouvelle restauration 4K, s’il vous plaît !

Est-ce qu’on vous a gardé le meilleur pour la fin ? A vous de juger respectivement l’avant-dernier et le dernier mercredi du mois. Le 22 mai, Carlotta Films poursuit son admirable exploration du cinéma de genre asiatique, qui avait été rythmée jusque là par exemple par deux films de Masahiro Shinoda Fleur pâle et L’Étang du démon, à travers le film de sabre La Vengeance du dragon noir de Joseph Kuo.

Puis le 29 mai, le distributeur Potemkine n’a pas trop l’air de savoir quel joyau cinématographique il a entre les mains avec L’Ascension de Larissa Chepitko, puisqu’il lui attribue tour à tour l’Ours d’or du Festival de Berlin – sur l’affiche – et le Lion d’or de celui de Venise – sur son site. Bien évidemment, c’est en Allemagne que cette épopée de guerre contemplative a été victorieuse en 1977, devenant accessoirement le deuxième film d’une réalisatrice honoré de la sorte, deux ans après Adoption de Marta Meszaros.

L’Ascension © 1977 Mosfilm / Potemkine Films Tous droits réservés

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