Critique : Victoria

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Victoria

victoria-affiche-1France : 2016
Titre original : –
Réalisation : Justine Triet
Scénario : Justine Triet
Acteurs : Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h36
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie :14 septembre 2016

2,5/5

Il y a 3 ans, la sélection ACID du Festival de Cannes avait permis de faire connaissance avec la réalisatrice Justine Triet au travers de La Bataille de Solférino, son premier long métrage. Un film plein d’énergie et de fraîcheur, à la fois délirant et très maîtrisé, un film amalgamant intelligemment petite histoire et grande histoire. Cette année, son deuxième long métrage, Victoria, était de nouveau à Cannes mais, cette fois, dans la sélection de la Semaine de la Critique, en tant que film d’ouverture. Le deuxième film, un cap important pour un ou une jeune cinéaste : confirmation ou déception ?

Synopsis : Victoria Spick, avocate pénaliste en plein néant sentimental, débarque à un mariage où elle y retrouve son ami Vincent et Sam, un ex-dealer qu’elle a sorti d’affaire. Le lendemain, Vincent est accusé de tentative de meurtre par sa compagne. Seul témoin de la scène, le chien de la victime.
Victoria accepte à contrecœur de défendre Vincent tandis qu’elle embauche Sam comme jeune homme au pair. Le début d’une série de cataclysmes pour Victoria.

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Les nombreux problèmes de Victoria

Au mariage d’une amie, Victoria Spick rencontre son ami Vincent ainsi que Sam, un ancien dealer qu’elle a défendu. Comment définir Victoria ? Par son métier ? Elle est donc avocate pénaliste. Par son âge ? 35 / 40 ans. Par sa vie privée ? Elle est la mère célibataire de 2 fillettes et elle prétend vivre volontairement une période sans sexe tout en faisant venir chez elle des hommes trouvés sur des sites de rencontre. Une chose est sûre : Victoria a des problèmes liés à sa vie sentimentale et à son travail qui a envahi sa vie, des problèmes qu’elle s’efforce vainement de résoudre auprès de ses amies, de psys, d’un acupuncteur, d’une voyante africaine. Elle va même jusqu’à chercher une aide psychologique chez une cliente qu’elle doit défendre. Et voilà qu’en plus, David, son ex, le père de ses enfants, va se mettre à déballer leur vie privée sur son blog d’écrivain en herbe. Dans ce contexte, que peuvent apporter les deux rencontres que Victoria a faites lors du mariage de son amie ? Sam, d’abord : il prétend être devenu clean, il affirme vouloir devenir avocat et il manifeste le souhait qu’elle l’engage comme jeune homme au pair, capable de faire office de baby-sitter tout en pouvant se transformer en assistant de l’avocate. Après tout, pourquoi ne pas le prendre à l’essai ! Quant à Vincent, il se voit accusé de tentative de meurtre par Eve, sa compagne, à qui il aurait porté des coups de couteau, après lui avoir arraché sa culotte. Devant l’insistance de Vincent, qui veut absolument que Victoria assure sa défense, cette dernière finit par accepter tout en restant persuadée que c’est une très mauvaise idée.

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Des lourdeurs et de bonnes idées

Même si le contexte est totalement différent, il y a dans Victoria une parenté certaine avec La Bataille de Solférino : on rencontre de nouveau des enfants déchaînés, des baby-sitters masculins, des hommes violents ou supposés l’être et qui se prénomment Vincent, et puis, surtout, une femme débordée par son métier, par ses enfants et sa vie sentimentale ainsi qu’une peinture de la difficulté des relations entre les hommes et les femmes. Disposant de moyens plus importants, Justine Triet a choisi de poser sa caméra afin, dit-elle, que l’émotion vienne des scènes et non des mouvements de caméra. Choisissant de continuer dans le registre de la comédie, elle s’est ici largement inspirée de la comédie romantique américaine contemporaine, un choix qui, malheureusement, apporte son lot de scènes dont la légèreté n’est pas la qualité principale. Heureusement, apparaissent de-ci de-là quelques bonnes idées de cinéma, dont deux font appel à des animaux : un singe qui a pris des photos lors du mariage, dont l’une va se révéler importante lors du procès entre Vincent et Eve ; Jacques, le labrador d’Eve, venant témoigner à la barre lors de ce même procès : la façon dont il remue la queue lors de sa confrontation avec Vincent va-t-elle montrer si ce dernier s’est mal conduit avec Eve ? Au bout du compte, ce film au scénario beaucoup plus écrit, à la réalisation plus « travaillée », s’avère finalement décevant par rapport à La Bataille de Solférino : la perte qu’on observe en matière de fraîcheur et de spontanéité ainsi que la lourdeur de certaines scènes  arrivent même à générer parfois un certain ennui chez le spectateur.

 

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Une très bonne Virginie Efira

Dans un film qui, malgré tout, comprend quelques bonnes surprises, la prestation de Virginie Efira dans le rôle de Victoria en fait partie, la comédienne belge faisant preuve d’un abattage de bon aloi tout en sachant rester sobre dans son jeu. A ses côtés, Vincent Lacoste (Sam) apparait peu convaincant : 10 longs métrages en 2 ans, c’est peut-être un peu trop. En tout cas, cette boulimie peut expliquer que cet acteur, excellent dans Hippocrate, s’avère décevant 2 ans et 8 films plus tard. Quant à Melvin Poupaud, acteur récurent chez Raoul Ruiz et, ici, interprète de Vincent, il semble un peu perdu chez Justine Triet. Dans le rôle d’une avocate survoltée, Laure Calamy fait preuve d’un jeu un peu trop outrancier, elle qu’on avait beaucoup aimée dans Zouzou. Reste un acteur qui aurait pu apporter un prix à Victoria lors du dernier Festival de Cannes : le dalmatien Jacques, excellent lors qu’il vient témoigner à la barre, n’a pas été loin de se voir attribuer la Palm Dog de Cannes 2016, face à une concurrence importante, une grande partie des films du moment mettant en scène un ou plusieurs représentants de l’espèce canine. Jacques a toutefois trouvé son maître, ou plutôt sa maîtresse : Nelly, interprète féminine de Marvin, le bouledogue mâle de Paterson.

 

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Conclusion

Pour son deuxième long métrage, Justine Triet a choisi de s’intéresser à la dépression qui peut frapper une femme proche de 40 ans s’étant trop investie dans son travail. On retrouve dans Victoria beaucoup de points communs avec La Bataille de Solférino, bien que le contexte soit très différent. Toutefois, la réalisatrice a bénéficié cette fois ci de davantage de moyens et, malheureusement, cela se voit : moins de fraîcheur, moins de spontanéité. Lorgnant vers la comédie américaine contemporaine, celle, par exemple, d’un Judd Apatow, Justine Triet n’a pas vraiment réussi à l’adapter au contexte de notre cinéma.

1 COMMENTAIRE

  1. je ne suis pas d’accord avec vos commentaires, c’est un film très enlevé, drôle, même si la vie de VIRGINIE EFIRA n’est pas très enviable ! Par contre, je n’ai pas du tout trouvé convaincant SAM… et on ne croit pas du tout que VIRGINIE EFIRA en tombe amoureuse !

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