Critique : Rosie Davis

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Rosie Davis

Irlande : 2018
Titre original : Rosie
Réalisation : Paddy Breathnach
Scénario : Roddy Doyle
Interprètes : Sarah Greene, Moe Dunford, Natalia Kostrzewa
Distribution : KMBO
Durée : 1h26
Genre : Drame
Date de sortie : 13 mars 2019

4/5

En 2016, le réalisateur irlandais Paddy Breathnach s’était fait remarquer avec un film tourné à Cuba, Viva. Cette fois ci, c’est vers l’Irlande qu’il dirige sa caméra, et, plus particulièrement, vers sa capitale, Dublin, une ville qui, ici, n’a rien à voir avec le Dublin des touristes. Quant à l’écriture du scénario de Rosie Davis, on y retrouve une vieille connaissance, Roddy Doyle, auteur de la « Trilogie de Barrytown », The Commitments, The Snapper et The Van, 3 romans devenus 3 films réalisés par Alan Parker pour le premier et par Stephen Frears pour les deux autres, avec des scénarios écrits par l’auteur lui-même.

Synopsis : Rosie Davis et son mari forment avec leurs quatre jeunes enfants une famille modeste mais heureuse. Le jour où leur propriétaire décide de vendre leur maison, leur vie bascule dans la précarité. Trouver une chambre à Dublin, même pour une nuit, est un défi quotidien. Les parents affrontent cette épreuve avec courage en tentant de préserver leurs enfants.

Une mère courageuse

Vu par les économistes orthodoxes, l’Irlande peut être considéré comme un pays modèle, avec un taux de croissance impressionnant et un PIB par habitant très élevé. Cela signifie-t-il que la vie est facile pour tous ses habitants ? Bien sûr que non ! Ne serait ce que pour une raison très simple : ce boom économique va de pair avec une pénurie de logements, tout particulièrement à Dublin et, lorsqu’une famille avec 4 enfants, ne disposant que de revenus très faibles, se retrouve à la rue suite à la vente par son propriétaire de la maison qu’ils louaient depuis sept ans, la situation est loin d’être rose.

Rosie Davis est une « mère courage » exceptionnelle. Depuis qu’elle et sa famille n’ont plus de domicile fixe, elle passe ses journées, après avoir conduit à l’école ses 3 enfants les plus âgés, à rechercher un toit pour les nuits suivantes. Au minimum, pour LA nuit suivante. Avec patience, elle appelle les numéros de téléphone qui lui ont été communiqués par la mairie, s’enquérant de la disponibilité d’une « family room », une chambre familiale. Si rien n’est trouvé avant le soir, probabilité qui augment si jamais Lady Gaga se produit ce jour là à Dublin, ce sera une nuit dans la voiture. Une voiture où s’entasse l’indispensable, quelques vêtements de rechange, des affaires de toilette et Peachy, la peluche de Madison, 4 ans, la plus jeune de la famille, le reste de leurs affaires ayant été accueilli par des membres de leur famille et des amis.

De nombreux événements

Mis à part ces coups de fil qu’elle ne cesse de passer pour trouver un logement, les journées de Rosie, passées très souvent dans une voiture, fourmillent d’événements plus ou moins importants, plus ou moins anodins, des événements souvent liés aux enfants et qui, en tout cas, enrichissent le film et permettent de mettre en exergue la chaleur et l’affection dont savent faire preuve ces parents dans la difficulté. Qui permettent aussi de voire affiché le questionnement moral de Rosie face au refus de sa mère de loger la famille dans sa grand maison tant que sa fille, probablement abusée dans sa jeunesse, ne sera pas revenue sur ses accusations contre son père.

A la vision de ce film qui raconte une journée et dmie de la vie de Rosie Davis, on saura gré à Paddy Breathnach de ne jamais en rajouter dans le misérabilisme. On lui saura gré, également, d’avoir, en collaboration avec Cathal Watters, son Directeur de la photographie, su nous immerger dans les problèmes de la famille Davis en utilisant une caméra très agile sans jamais être agitée.

Une interprétation hors pair

Sarah Greene, l’interprète du rôle de Rosie, est pratiquement de tous les plans du film. Avec un physique qui, ici, fait penser à Marion Cotillard, cette comédienne qu’on avait découverte dans Christina Noble joue à la perfection ce rôle de femme dont la force de caractère est immense, de mère dont le courage et la dignité forcent l’admiration. Le rôle de Moe Dunford, l’interprète de John Paul, le compagnon de Rosie, plongeur dans un restaurant chic, n’a pas la même importance en terme de durée mais le comédien arrive à former un véritable couple avec Sarah, à être un véritable père avec les enfants. Des enfants très attachants, très spontanés et dont les interprètes sont tous particulièrement convaincants.

Conclusion

Un film peut très bien avoir un caractère social assumé sans pour autant se vautrer dans le misérabilisme ; il peut montrer des situations très dures sans pour autant se refuser à faire preuve de beaucoup de chaleur humaine et de tendresse. Ken Loach et les frères Dardenne nous ont habitués à de tels films. Bien aidés par la prestation de la comédienne Sarah Greene, c’est dans cette famille cinématographique que se situent  Paddy Breathnach, Roddy Doyle et leur film, Rosie Davis. 

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