Critique : Paternel

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Paternel

France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Ronan Tronchot
Scénario : Ronan Tronchot, Ludovic du Clary
Interprètes : Grégory Gadebois, Géraldine Nakache, Lyes Salem, Anton Alluin
Distribution : KMBO
Durée : 1h32
Genre : Drame
Date de sortie : 27 mars 2024

4/5

Synopsis : Dans une petite ville du centre de la France, Simon est un prêtre dévoué à sa paroisse. Au cours d’une messe, Louise, qu’il n’avait pas revue depuis son séminaire, il y a des années, refait surface. Elle lui présente Aloé, enfant de 11 ans, dont il est le père. Cette nouvelle va bouleverser son quotidien : peut-il être un bon prêtre pour ses fidèles, et un bon père pour son enfant ? Simon va tenter de convaincre les plus hautes instances de l’Église que sa vocation est compatible avec l’amour paternel.

« Pourquoi tout le monde t’appelle mon père et moi je ne peux même pas t’appeler papa ? ».  Cette question peu banale, c’est Aloé, un gamin de 11 ans, qui la pose à celui qui s’avère être son père, le père Simon. Très impliqué auprès de ses paroissiens d’Auxerre, ce prêtre vient d’apprendre une nouvelle à laquelle il ne s’attendait pas du tout et il n’a pas encore réussi à faire la part des choses dans ce qui est pour lui un drame personnel insoluble : à son retour du Canada, où elle a vécu une bonne dizaine d’année, Louise, avec qui il avait eu une liaison alors qu’il était au séminaire, lui a annoncé qu’elle avait appris être enceinte une fois arrivée au Canada, qu’elle avait donné naissance à Aloé dans ce pays et qu’elle souhaitait que Simon le reconnaisse. Dans un premier temps, Simon va refuser d’assumer cette paternité, prétextant qu’il se doit à ses paroissiens et seulement à eux et opposant un non catégorique à cette demande de reconnaissance. C’est donc en tant que neveu qu’il compte présenter Aloé aux personnes qu’il fréquente et, en particulier, à Amine, le prêtre avec qui il partage un logement dans le presbytère.  Toutefois, cet homme qui montre autant de bonté et de générosité dans son attachement à sa paroisse et à ses fidèles peut difficilement se montrer insensible face à cet amour paternel qu’il sent monter en lui.

Avec Paternel, Ronan Tronchot, chef-monteur expérimenté et dont c’est le premier long métrage en tant que réalisateur, nous propose un film qu’il a écrit avec Ludovic du Clary et qui, sans jamais se montrer manichéen ou caricatural, interroge le caractère sclérosé et hypocrite de l’église catholique. Pour ce réalisateur qui raconte lui-même que ses grand-parents étaient très catholiques, ses parents un peu moins et lui encore moins, il n’est pas question de remettre la foi en question mais plutôt d’interroger une institution qui, peut-être, sans doute même,  perd de plus en plus de son influence parce qu’elle se refuse à évoluer sur un certain nombre de sujets. Lorsque Rome répond à Simon que c’est au local de trancher sur son cas, une assemblée de prêtres de la région d’Auxerre tente de lui faire comprendre qu’on ne peut pas s’occuper à la fois d’un enfant et de ses paroissiens : mais alors, comment font les pasteurs, les prêtres anglicans, les rabbins et les imams, interroge Simon ? Bien entendu, le film ne pouvait pas passer à côté du sujet de l’avortement. Il le fait au travers du cas de Marion, une jeune fille qui, avec sa mère, est très présente auprès de Simon et qui se retrouve enceinte alors qu’elle n’a que 16 ans. Quant au sujet des prêtres ouvriers, c’est Rozenn, la « bonne » du presbytère, qui l’évoque en racontant les problèmes rencontrés avec sa hiérarchie, dans le passé, par un prêtre proche, trop proche, de la CFDT.

Qui mieux que Grégory Gadebois aurait pu interpréter le rôle du père Simon ? A vrai dire personne, tellement la palette de jeu de ce comédien est impressionnante par sa richesse, lui permettant d’être à l’aise dans toutes les phases traversées par cet homme en plein doute. Dans le rôle de Louise,  une femme qui sait ce qu’elle veut, Géraldine Nakache s’avère également très convaincante. C’est Lyes Salem qu’on retrouve dans le rôle d’Amine, un prêtre ayant pour origine une famille aux origines algériennes se partageant entre religion catholique et religion musulmane. Pour interpréter le rôle de Aloé, Ronan Tronchot souhaitait que l’enfant choisi ait déjà joué la comédie devant une caméra. Avec Anton Alluin, qui avait joué dans Le trésor du petit Nicolas, le résultat est particulièrement probant. Le rôle de Monseigneur Guillaume, l’évêque supérieur hiérarchique de Simon, un homme d’une grande hypocrisie, est très bien tenu par Jacques Boudet : lui n’a pas d’enfant, mais c’est tout comme, vue la façon dont il ne cesse de cajoler son petit chien. Quant au « petit » rôle de Rozenn, il est interprété par la « grande » Françoise Lebrun.

Il est probable que Paternel va faire beaucoup parler. Arrivera-t-il à faire bouger les choses ? On peut l’espérer mais il n’y a aucune certitude !

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