Critique : Olga

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Olga

Suisse, France, Ukraine : 2020
Titre original : –
Réalisation : Elie Grappe
Scénario : Raphaëlle Desplechin, Elie Grappe
Interprètes : Anastasia Budiashkina, Sabrina Rubtsova, Caterina Barloggio
Distribution : ARP Sélection
Durée : 1h27
Genre : Drame, sport
Date de sortie : 17 novembre 2021

3.5/5

Né à Lyon en janvier 1994 et de nationalité française, Elie Grappe a commencé par étudier la musique classique pendant 10 ans au Conservatoire National de Lyon avant de bifurquer vers le cinéma en intégrant en 2011 le département Cinéma de l’École Cantonale d’Art de Lausanne, une école dont il est sorti diplômé en 2015. Après quelques court-métrages, il réalise son premier long métrage avec Olga, sur un scénario coécrit avec Raphaëlle Desplechin. Retenu dans la sélection de la Semaine de la Critique de Cannes 2021, Olga y a obtenu le Prix SACD.

Synopsis : 2013. Une gymnaste de 15 ans est tiraillée entre la Suisse, où elle s’entraîne pour le Championnat Européen en vue des JO et l’Ukraine où sa mère, journaliste, couvre les événements d’Euromaïdan.

L’exil en Suisse d’une jeune gymnaste ukrainienne

2013, vedette à 15 ans de la sélection ukrainienne de gymnastique, Olga s’entraîne très dur en vue des championnats d’Europe à venir. Elle s’entraine d’autant plus dur qu’elle voudrait arriver à maîtriser parfaitement le Tkatchev et, surtout, le Jaeger, une figure des barres asymétriques susceptible, en cas de réussite, de lui voir attribuer de grosses notes par le jury. Tout irait très bien pour elle s’il n’y avait pas ce vent de fronde soufflant à cette époque en Ukraine contre le président Viktor Ianoukovytch, un vent de fronde que la mère d’Olga, une journaliste intraitable et courageuse, contribue à alimenter par ses articles sur la corruption qui règne au sommet de l’état. Le danger généré par ces prises de position pour la journaliste mais aussi pour sa fille va pousser Olga à s’exiler en Suisse, le pays dont son père était originaire, un homme qu’elle n’a pratiquement pas connu et qui est décédé. En Suisse, elle a de la famille, elle peut postuler à la nationalité suisse, elle peut postuler à l’équipe de gymnastique du pays et accéder à ses rêves : participer aux championnats d’Europe tout proches et, plus tard, aux Jeux Olympiques.

En Suisse et en Ukraine

C’est donc en Suisse que va se dérouler la plus grande partie de Olga, auprès de cette jeune fille qui doit s’adapter à une nouvelle vie, à une nouvelle langue, à de nouveaux entraineurs, qui doit gérer la jalousie que son arrivée a générée chez certaines gymnastes suisses, alors que, à un millier de kilomètres de là, à Kiev, l’avenir de son pays est en jeu avec les rassemblements de Maïdan qui réclament la démission du président Ianoukovytch, rassemblements qui vont déboucher sur les manifestations de février 2014 et leurs 75 morts. Olga est tout à la fois en Suisse, dans une famille d’accueil, dans le gymnase où ont lieu les entrainements et où elle cherche à se faire de nouvelles amies, en visite chez sa famille suisse qu’elle ne connaissait pas, et en Ukraine, via les conversations par Skype avec sa mère, toujours active dans la couverture des évènements, et avec Sasha, celle qui était sa meilleure amie et qui l’a remplacée à la tête de la gymnastique féminine ukrainienne. Quand bien même on voit beaucoup de gymnastique dans Olga, que ce soit à l’entrainement ou en compétition, lors des championnats d’Europe auxquels participent Olga et Sasha, il n’est pas indispensable d’aimer voir la pratique de ce sport pour voir et apprécier ce film, même si, bien sûr, cela peut aider. Par contre, sur ce sujet très intéressant, on peut regretter le côté parfois frustrant du film qui lance le spectateur sur un certain nombre de pistes qui ne sont pas toutes suffisamment approfondies par la suite.

Au plus près du réel

Lorsqu’on se lance dans la réalisation d’un film dans lequel un sport très technique comme la gymnastique tient une place importante et ce à un haut niveau d’excellence, il n’y a que 2 solutions concernant le choix des interprètes : prendre des comédiens et les doubler par des spécialistes du sport considéré pour les prestations sportives ou prendre des sportifs ou des sportives de haut niveau et en faire des comédiens ou des comédiennes. C’est ce dernier choix qu’a fait Elie Grappe ! c’est ainsi que Anastasia Budiashkina, l’interprète d‘Olga, et Sabrina Rubtsova, celle qui joue Sasha, font partie de l’équipe nationale de réserve en Ukraine, alors que Caterina Barloggio, l’interprète de Steffi et Théa Brogli, celle qui joue Zoé, ainsi que les coachs suisses, font partie de l’équipe nationale suisse. Cela donne un véritable côté documentaire au film, d’autant plus qu’une grande liberté était laissée sur le plateau aux gymnastes et aux coachs dès lors que le film s’intéressait à son côté sportif. En dehors de l’aspect sportif, on doit reconnaitre de bonnes qualités de comédiennes aux gymnastes qui ont été choisies.

Pour présenter Euromaïdan, ces manifestations pro-européenne qui se sont déroulées en Ukraine du 21 novembre 2013 au 22 février 2014, Elie Grappe a choisi là aussi d’être au plus près du réel en n’utilisant que des vidéos prises avec leurs téléphones par des manifestants eux-mêmes, plongés au cœur de l’évènement. Des images que Olga reçoit en Suisse et qui contribuent à la troubler au plus haut point.

Conclusion

Même si on peut parfois regretter l’abandon rapide de certaines pistes lancées par le réalisateur, Olga réussit le difficile pari d’être crédible dans les deux volets qu’il embrasse, une pratique sportive de haut niveau et les troubles ressentis par une adolescente exilée loin de chez elle et qui doit gérer la préparation d’une compétition importante tout en vivant par procuration des évènements tragiques qui se déroulent dans son pays et dans lesquels sa mère est impliquée. 

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