Critique : Le Trésor

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le trésor afficheLe Trésor

Roumanie, 2015
Titre original : Comoara
Réalisateur : Corneliu Porumboiu
Scénario : César Acevedo
Acteurs : Haimer Leal, Hilda Ruiz, Edison Raigosa
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h37
Genre : Drame
Date de sortie : 10 février 2016

Note : 3,5/5

Après le récent L’Étage du dessous, également présenté dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2015, voici un nouvel exemple de la vitalité du cinéma roumain, riche en ironie et en surprises.

Synopsis : Lorsque son voisin lui propose d’aller déterrer un trésor qui serait enterré dans le jardin de ses grands-parents et de le partager avec lui s’il finance un détecteur à métaux, Costi se laisse tenter, malgré ses grands doutes sur le projet de cet inconnu patibulaire mais presque.

Le Trésor Toma Cuzin Adrian Purcarescu

Le jardin au trésor

Le réalisateur Corneliu Porumboiu évoque avec originalité l’absurdité de la société roumaine et sa corruption tranquille en suivant deux pieds nickelés, unis par le hasard et le rêve enfantin d’être des Jim Hawkins à la Robert Louis Stevenson (L’Île au Trésor) et qui n’auraient jamais du se rencontrer. Leur maladresse et leur fragilité dans un monde brutal les rend particulièrement attachants. Un conte drôle qui vire à la comédie italienne avec deux hommes sauvés de leur petite misère par un cadeau venu du ciel, ou plutôt du sol. Le récit est porté par un suspense dont le spectateur est complice, réjoui de ces aventures légères mais potentiellement dramatiques, la fin délicieuse jouant avec les codes de l’enfance dans le rapport à cette chasse au trésor qui aurait pu être pathétique mais se révèle bien plus complexe, déjouant les attentes autant positives que négatives. Le duo est interprété par deux excellents comédiens : Toma Cuzin, qui semble constamment éberlué de vivre cette micro aventure proche de celles qu’il prend plaisir à raconter à son fils (celui de l’acteur d’ailleurs) et Adrian Purcarescu à l’origine de ce projet. Un troisième larron (Corneliu Cozmei) ajoute encore plus d’absurde (et de bips porteurs d’espoir…) à une situation qui n’en manquait déjà pas…

Le Trésor Toma Cuzin Adrian Purcarescu 02

 

Une histoire (presque) vraie

L’histoire n’est ainsi pas strictement basée sur l’imagination de son auteur mais sur un récit de Purcarescu lui-même réalisateur et ami de Porumboiu qui lui a confié le rôle de cet énergumène venu déranger le tranquille Costi. Il avait évoqué avec lui une anecdote racontée par son arrière-grand-père qui aurait lui-même enterré un trésor dans son jardin avant l’arrivée des communistes au pouvoir. Déjà auteur d’un essai documentaire (Match Retour) où il commentait un vieux match de foot avec son père dont il était l’arbitre quinze ans plus tôt, Porumboiu avait pensé dans un premier temps en réaliser un nouveau avec lui-même et Purcarescu les montrant à la recherche de ce dit trésor, qu’ils ne trouvèrent jamais. Heureusement, ce film n’a jamais été tourné et il a préféré diriger son ami dans ce joli petit bonheur de cinéma où se mêlent fantaisie et charge sociale.

Le Trésor Toma Cuzin et son fils

Conclusion

Le Trésor a remporté le Prix Un Certain Talent (?), le jury saluant un cinéaste déjà primé sur la Croisette, d’abord avec 12h08 à l’est de Bucarest, Caméra d’or en 2006 puis avec Policier, Adjectif, Prix du Jury de la sélection de Un Certain regard, déjà, en 2009. Une nouvelle preuve de l’ambition artistique des productrices Sylvie Pialat (Les Films du Worso) à qui l’on doit notamment Timbuktu et Julie Gayet & Nadia Turincev (Rouge International), derrière ces réussites que sont Des étoiles et Fix Me.

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