Critique : Le braquage du siècle

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Le braquage du siècle

Argentine : 2020
Titre original : El robo del siglo
Réalisation : Ariel Winograd
Scénario : Alex Zito, Fernando Araujo d’après le livre « Sin armas ni rencores » (2014) de Rodolfo Palacios
Interprètes : Guillermo Francella, Diego Peretti, Luis Luque
Distribution : Eurozoom
Durée : 1h54
Genre : Comédie, Action
Date de sortie : 8 septembre 2021

3.5/5

Le braquage du siècle est le premier film d’Ariel Winograd à avoir droit à une sortie dans les salles hexagonales. Ce réalisateur argentin, 44 ans, Porteños pur jus, commence à se faire un nom dans son pays et on peut raisonnablement parier sur d’autres rencontres avec lui dans le futur. A noter : Ariel Winograd n’écrit jamais les scénarios des films qu’il tourne.

Synopsis : Argentine, 2006. Un groupe de cambrioleur s’apprête à réaliser un des plus célèbres et des plus ingénieux braquage de l’histoire d’Argentine, celui de la banque Río.

Comment exécuter un bon braquage d’une banque lorsqu’on est débutants ?

C’est sous une pluie battante, en attendant stoïquement devant un alignement d’affiches de cinéma, Casablanca, Citizen Kane, etc., et en suivant des yeux un mégot de cigarette se dirigeant vers une bouche d’égout, que Fernando a soudain une illumination. Son psy lui a confirmé très récemment qu’il serait bon pour lui de trouver sa vocation et cette vocation, le mégot lui a permis de la trouver : procéder au braquage d’une banque en passant par les égouts. Facile à imaginer, plus difficile à réaliser, d’autant plus que Fernando, amateur d’arts mariaux et d’arts plastiques, adepte et prosélyte de la fumette, est totalement novice en matière de banditisme. Par contre, il est très inventif, il fourmille d’idées qui, parfois, peuvent sembler baroques mais qui, en fait, sont tout simplement géniales. Et puis, il a des amis. Et des amis d’amis. Dont l’un, Mario, un perpétuel loser en matière de coups fourrés, peut par contre apporter la mise de fonds nécessaire pour l’achat du matériel nécessaire. Cette bande de pieds nickelés, 6 au total, on va la suivre pendant la préparation minutieuse du coup, pendant l’exécution du coup, élaboré à l’avance avec plusieurs étapes ayant chacune un nom de code, avec prise d’otages et longues négociations entre Mario, côté braqueur, novice en la matière et Miguel, pour la banque, un spécialiste du job, et, ensuite, après le coup.

Au départ, une histoire vraie

Ce braquage de la banque Rio d’Acassuso, à quelques kilomètres au nord de Buenos-Aires, a réellement eu lieu. Le 13 janvier 2006 pour être précis. A l’époque l’Argentine était sortie depuis peu d’une énorme crise économique et certains épargnants n’avaient jamais réussi à récupérer l’intégralité de leurs économies placées dans des banques. Autant dire que ces dernières ne jouissaient pas d’une très bonne réputation dans l’opinion publique et que les braqueurs de la banque Rio ont été plus souvent considérés comme des Robins des bois que comme des truands. D’autant plus que les armes qu’ils portaient étaient factices, qu’ils ont toujours respecté l’intégrité physique des 23 personnes retenues comme otages et qu’ils ont su gentiment se moquer de la police en laissant un écriteau ayant pour texte : « Dans un quartier de bourges, sans armes ni fureur, on a fait pleurer les coffres pas les cœurs ». Comme le dit Fernando, reprenant Brecht, « voler une banque est un délit mais le pire des délits est d’en fonder une…. ».

En 2014, ce fait-divers a fait l’objet d’un livre, « Sin armas ni rencores », écrit par Rodolfo Palacios. Le scénario du film s’est largement inspiré de ce livre. Qui plus est, Fernando Araujo, l’homme qui avait eu cette soudaine illumination en voyant son mégot disparaître dans une bouche d’égout, celui qu’on peut considérer comme le cerveau de la bande de 6, cet homme a participé à l’écriture de ce scénario. Après tout, on n’est jamais si bien servi que par soi-même ! A partir de ce scénario, Ariel Winograd a réalisé un film tonique, souvent drôle, un film dans lequel interviennent, à bon escient, des ellipses (après tout, il semble bien qu’il se soit passé un an entre la soudaine illumination et la réalisation du braquage, puisque, au début du film, il est indiqué que l’illumination a eu lieu le 10 janvier 2015) ainsi que des flashbacks chargés de préciser au fur et à mesure comment se sont préparés certains détails du braquage.

Le casting, la photo

Dans la distribution sans faille de Le braquage du siècle, on retrouve un quatuor de comédiens que l’on a déjà rencontrés dans des films argentins importants. C’est ainsi que Diego Peretti, l’interprète de Fernando, était l’interprète de Enzo, l’hôtelier qui recevait un Josef Menguele incognito dans Le médecin de famille de Lucia Puenzo. Luis Luque, l’interprète de Miguel, le négociateur, jouait dans La fenêtre de Carlos Sorin. Pablo Rago (Marciano) et Guillermo Francella, le savoureux interprète de Mario, étaient tous les deux dans Dans ses yeux de Juan José Campanella. Qui plus est, Guillermo Francella était également la tête d’affiche de El Clan, de Pablo Tapero, et de Un coup de maître, de Gastón Duprat. Quant au brésilien Felix Monti, le directeur de la photographie, il fait un très bon usage du format adopté, 2.35 : 1.

Conclusion

Le film de braquage est un genre en soi. Le braquage du siècle en reprend la plupart des codes, mais avec avec une ironie et une propension à envoyer des clins d’œil qu’on avait rarement rencontrées jusqu’à présent. Une fois de plus, le cinéma argentin prouve sa capacité à apporter du neuf dans un genre déjà largement pratiqué et ce, quel que soit le genre.

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