Critique : La nuit venue

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La nuit venue

France : 2019
Titre original : –
Réalisation : Frédéric Farrucci
Scénario : Benjamin Charbit, Frédéric Farrucci, Nicolas Journet
Interprètes : Guang Huo, Camélia Jordana, Xun Liang, Shue Tien
Distribution : Jour2fête
Durée : 1h35
Genre : Drame
Date de sortie : 15 juillet 2020

3/5

Après avoir réalisé plusieurs documentaires et quatre courts-métrages de fiction, dont Entre Les lignes, en sélection pour les Césars 2020, Frédéric Farrucci se lance dans son premier long-métrage avec La nuit venue. Présenté très récemment au Champs-Elysées Film Festival, exceptionnellement visible gratuitement en ligne du fait du COVID-19, ce film s’est vu décerner le Prix du Public du meilleur long métrage français.

Synopsis : Paris 2018. Jin, jeune immigré sans papiers, est un chauffeur de VTC soumis à la mafia chinoise depuis son arrivée en France, il y a cinq ans. Cet ancien DJ, passionné d’électro, est sur le point de solder « sa dette » en multipliant les heures de conduite. Une nuit, au sortir d’une boîte, une troublante jeune femme, Naomi, monte à bord de sa berline. Intriguée par Jin et entêtée par sa musique, elle lui propose d’être son chauffeur attitré pour ses virées nocturnes. Au fil de leurs courses dans la ville interlope, une histoire naît entre ces deux noctambules solitaires et pousse Jin à enfreindre les règles du milieu.

La rencontre de deux êtres solitaires

Il est toujours intéressant de se voir conduire, le temps d’un film, dans des lieux et dans des milieux que l’on ne connait pas. Ces lieux, ils font partie du Paris interlope et nocturne de notre époque, avec ses cercles de jeu clandestins et ses boites à strip-tease, ces milieux, ce sont d’un côté la mafia chinoise de Paris, de l’autre le monde des jeunes femmes qui vivent de leur charme : strip-teaseuses, escort girls, prostituées. Jin est un jeune chinois, un ancien DJ arrivé en France depuis cinq ans, grâce à une filière d’immigration clandestine chinoise. Depuis, il est sous la coupe de cette organisation mafieuse, la dette qu’il doit rembourser est importante et c’est en conduisant un VTC appartenant à l’organisation que, petit à petit, il se rapproche du moment où il pourra se considérer comme ayant recouvré sa liberté. Noémie est une strip-teaseuse qui fait appel à des VTC pour rentrer chez elle lorsque, tard dans la nuit, se termine sa prestation. Alors que, d’habitude, les VTC qu’elle utilise sont branchés sur Skyrock, elle se montre à la fois intéressée par Jin et par la musique électro qu’il diffuse dans son véhicule, deux raisons qui l’amènent à décider de faire de ce dernier son chauffeur attitré. Cette réunion entre deux êtres solitaires ne peut que tourner à une relation amoureuse qui va profondément changer le destin de Jin.

Un film noir

La nuit venue entre dans la catégorie des films noirs, une catégorie qui permet de fusionner un regard sans complaisance sur les problèmes sociaux d’une époque et une intrigue criminelle. Dans La nuit venue, il s’agit de l’époque contemporaine avec l’individualisme qui la caractérise de plus en plus, avec les phénomènes d’ubérisation qui s’apparentent d’autant plus à une forme d’esclavage lorsque le travailleur concerné est sous la coupe d’une mafia très bien organisée, qui sait tout de lui et n’aurait aucun scrupule à punir sévèrement toute tentative d’insubordination. Autre caractéristique des films noirs : l’action se déroule très souvent la nuit et, lorsque le réalisateur travaille avec un très bon Directeur de la photographie, le spectateur se voit offrir de très belles images de lieux qui, en plein jour, seraient d’une grande banalité. C’est le cas dans La nuit venue, avec de magnifiques images de Paris la nuit filmées par Antoine Parouty. 

Intéressant surtout pour sa peinture de la mafia chinoise

Peu présente dans le cinéma français contemporain, la communauté chinoise de Paris est ici montrée dans sa face sombre : une mafia qui tient sous sa coupe des immigrés clandestins avec d’énormes moyens coercitifs, tant en Chine que sur le sol français. Ce volet du film, de toute évidence très bien documenté, s’avère très intéressant. A côté, la relation amoureuse entre Jin et Noémie fait plus dans le « déjà vu », et si Guang Huo, dont c’est la première apparition à l’écran, se montre convaincant en jeune ténébreux, on regrette souvent la mauvaise diction de Camélia Jordana qui rend une partie de ses répliques difficile à comprendre. C’est ailleurs, toutefois, que se situe le véritable point faible du film : dans la musique. Ecrite pour le film par Rone, une vedette de la scène électro française, elle s’avère d’une grande pauvreté mélodique et harmonique du début jusqu’à la fin !

Conclusion

Ce premier long métrage de Frédéric Farrucci a pour intérêt principal de s’intéresser à la mafia chinoise de Paris, un milieu peu souvent présent dans le cinéma français. L’histoire d’amour entre un chauffeur de VTC immigré clandestin et une strip-teaseuse n’est pas sans intérêt même si elle s’avère plus banale. En fait, en matière de déception, on regrette surtout la grande médiocrité de la musique proposée dans le film.

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