Critique : La fête est finie

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2019

La fête est finie

France : 2017
Titre original : –
Réalisation : Marie Garel-Weiss
Scénario : Marie Garel-Weiss, Salvatore Lista
Interprètes : Zita Hanrot, Clémence Boisnard, Christine Citti, Marie Denarnaud 
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 1h33
Genre : Drame
Date de sortie : 28 février 2018

4/5

Après la réalisation de deux court-métrages il y a déjà plus de 10 ans, après, plus récemment, l’écriture de quelques scénarios, Marie Garel-Weiss s’est lancée dans la réalisation de son premier long métrage. C’est avec Salvatore Lista qu’elle a écrit le scénario de La fête est finie, l’histoire racontée étant pour une bonne partie autobiographique.

Synopsis : La fête est finie est l’histoire d’une renaissance, celle de Céleste et Sihem. Arrivées le même jour dans un centre de désintoxication, elles vont sceller une amitié indestructible. Celle-ci sera autant une force qu’un obstacle lorsque, virées du centre, elles se retrouvent livrées à elles-mêmes, à l’épreuve du monde réel et de ses tentations. Le vrai combat commence alors, celui de l’abstinence et de la liberté, celui vers la vie.

Le hasard d’une rencontre

Le hasard ! Deux jeunes femmes qui, le même jour, intègrent un centre de désintoxication dans la région lyonnaise. Elles sont très différentes, mais elles ont au moins un point commun : la dépendance aux drogues. Céleste a 19 ans, et quand un médecin lui demande d’énumérer les produits qu’elle a déjà pris, elle ne cache pas avoir sniffé de la colle dès son plus jeune âge et avoir commencé à se droguer pour de bon dès l’âge de 14 ans : « j’avale, je fume, je sniffe, je shoote, ça dépend des fois, ça dépend de ce que c’est ! ». Sa mère : elle lui reproche de ne pas l’avoir cherchée quand elle a disparu, « de ne jamais avoir été voir les flics ». Son but en se droguant : se mettre la tête à l’envers. Sihem est plus âgée : 26 ans, une grossesse qui s’est mal terminée, le vilain petit canard d’une famille aux origines maghrébines et parfaitement intégrée, des sœurs qui toutes ont poursuivi des études de droit, des parents qui ne se sont jamais rendu compte de sa dépendance.

La rencontre de ces deux jeunes femmes ne commence pas très bien, mais, très vite, l’osmose va opérer. Toutefois, cette amitié qui se crée n’a pas forcément que de bons côtés. Peut-on s’en sortir à deux en remplaçant la drogue par une espèce de fusion ? En fait, cette forme d’addiction à l’autre qui se substituerait à l’addiction aux drogues, cela va contre les principes des professionnels qui s’occupent des « pensionnaires » du centre et, finalement, Céleste et Sihem se retrouvent à deux contre le reste du monde, tout d’abord dans le centre, puis en dehors lorsqu’elle en sont chassées. Alors que Céleste apparaît en permanence comme étant totalement incontrôlable, Sihem semble plus mure, plus apte à quitter sa dépendance pour prendre en marche le train de la « normalité ».

Une connaissance intime du sujet

Le sujet abordé dans La fête est finie, Marie Garel-Weiss le connait intimement : le centre de désintoxication APTE dont elle s’est inspirée, elle l’a elle-même pratiqué et elle va jusqu’à considérer qu’il lui a sauvé la vie à un moment critique de son existence. C’est sans doute pour cette raison qu’elle a voulu réaliser un film qui s’écarte de ce que le cinéma propose le plus souvent quand il aborde le sujet de la drogue et des drogués. Ici, pas de dealers, pas de scènes glauques. Sihem et, plus encore, Céleste font preuve d’une grande vitalité et, la plupart du temps, d’une belle gaieté communicative. Les véritables raisons pour lesquelles elles sont devenues toxicomanes ne nous seront jamais précisées. Probablement un problème de mal être, un manque de lien affectif, une place qu’on aurait aimé trouver et qu’on n’a pas trouvée. Ce qui importe avant tout pour la réalisatrice, c’est la peinture de l’amitié entre Céleste et Sihem et les effets, positifs ou négatifs, que cette amitié peut avoir sur l’évolution de leur dépendance.

A cette connaissance intime du sujet, Marie Garel-Weiss ajoute, bien que ce ne soit que son premier long métrage, de très belles qualités de réalisation. On remarque particulièrement sa très bonne direction d’acteurs et la façon dont la caméra vient scruter les visages, que ce soit ceux de Sihem et de Céleste ou ceux des comédien.ne.s qui interprètent les rôles de dépendant.e.s.

 

 

Quel casting !

Quel rôle joue la chance, quel rôle jouent le talent de la réalisatrice et celui de la directrice de casting, lorsque la distribution d’un film s’avère être une totale réussite ? Une certitude : Zita Hanrot et Clémence Boisnard tutoient les étoiles dans La fête est finie ! Concernant Zita Hanrot, pas vraiment besoin de chance ni de talent pour penser à elle : toutes celles et tous ceux qui l’avaient vue dans Fatima et revue dans De sas en sas et dans KO ne pouvaient avoir de doute quant à ce qu’elle allait pouvoir apporter dans le rôle de Sihem ! Clémence Boisnard, par contre, la trouver était moins évident : excellent choix car elle apporte au film une force, un tempérament qui ne sont pas sans rappeler ce qui émane de Sara Forestier dans la plupart de ses films. A noter qu’avant de commencer le tournage, il a été demandé à ces deux comédiennes de partager un appartement pendant un mois afin de favoriser entre elles le lien que leurs rôles exigeaient.

Le reste de la distribution n’est pas en reste, avec, en particulier, deux excellentes comédiennes que l’on voit très souvent dans des seconds rôles, que ce soit au cinéma ou, plus encore, à la télévision : Christine Citti, dans le rôle de Catherine, une « pensionnaire » du centre de désintoxication, Marie Denarnaud dans celui de la mère de Céleste, avec, en plus, une ressemblance physique assez troublante avec sa « fille » Clémence Boisnard. Quant à toutes celles et tous ceux qui interprètent des rôles de dépendant.e.s, ils/elles apparaissent tellement authentiques qu’on a du mal à croire que ce sont des comédien.ne.s qui jouent un rôle ! Finalement, on peut donc éliminer le facteur chance et parler de talent quant au choix des comédien.ne.s ainsi que pour la direction d’acteurs, d’autant plus lorsqu’on s’aperçoit que la Directrice de casting, Youna de Peretti, a également travaillé sur Jusqu’à la garde, autre grand film français de ce début d’année, autre film dont la distribution est absolument remarquable !

Conclusion

Avec La fête est finie, le cinéma français enregistre l’arrivée d’une nouvelle réalisatrice de talent. Son film, qui met en scène deux jeunes femmes sous l’emprise des drogues les plus diverses et qui vont tenter de s’en sortir, s’écarte avec bonheur de ce que le cinéma propose le plus souvent lorsqu’il aborde ce sujet. A sa connaissance personnelle du sujet, Marie Garel-Weiss a ajouté de belles qualités de mise en scène et de direction d’acteurs.

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