Critique : Frères d’arme

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Frères d’arme

France : 2018
Titre original : –
Réalisation : Sylvain Labrosse
Scénario : Sylvain Labrosse, Stéphane Schoukroun, Agnès Caffin, Romain Cole, Aurélien Deschamps
Interprètes : Vincent Rottiers, Kevin Azaïs, Pauline Parigot
Distribution : Destiny Films
Durée : 1h21
Genre : Drame
Date de sortie : 14 juillet 2021

3/5

Originaire de Bourgogne, Sylvain Labrosse a fait ses débuts comme réalisateur en 1994, avec Virage Nord, un court-métrage tourné à Marseille et présenté à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 1996. Frères d’Arme est le premier long métrage de ce réalisateur, dorénavant installé à Rennes. Un film tourné en avril 2017, en grande partie à Brest et dans ses environs.

Synopsis : Emilijan et son jeune frère Stanko sont liés par un secret d’enfance qui les a contraints à quitter leur pays natal. Aujourd’hui, Emilijan s’est parfaitement intégré en France. Il travaille dans la zone portuaire de Brest et vit une histoire d’amour avec Gabrielle. Stanko, lui, vit dans la nostalgie du passé et attend impatiemment de rentrer au pays pour y retrouver leur vie d’avant. Tout bascule le jour où Emilijan lui annonce qu’il ne veut plus repartir…

Retour dans les Balkans ou prolongement de l’existence à Brest ?

Il n’y a pas de règle arrivant à définir les rapports que deux frères vont avoir l’un avec l’autre tout au long de leur existence : ces rapports peuvent ne présenter aucune aspérité, ils peuvent aussi, au contraire, être difficiles, tendus, remplis d’animosité, voire violents. Frères d’arme s’intéresse à deux frères, Emilijan et Stanko Matesic, qui, depuis leur jeunesse dans les Balkans, partagent un très lourd secret qui tend à les lier l’un à l’autre pour le restant de leurs vies. Le jour où Emilijan, le plus âgé des deux, a atteint ses 15 ans, son père lui transmis ce qu’il considère comme étant un trésor familial, un Luger sur laquelle est gravée la locution latine « Si vis pacem, para bellum », « si tu veux la paix, prépare la guerre ». Il est probable que, ce faisant, le père ne voulait pas la guerre, mais, dans cette région où se pratique la vendetta et avec les rapports exécrables entretenus entre la famille Matesic et la famille de bergers voisine, ce cadeau d’anniversaire va se traduire par une guerre sanglante enclenchée par un geste maladroit de Stanko, amplifiée par un geste volontaire de Emilijan, une guerre que le réalisateur a l’intelligence de retranscrire avec habileté et retenue. Ces gestes de Stanko et d’Emilijan vont sceller un pacte entre les 2 frères, un pacte censé être éternel, cette guerre va envoyer Larkos, l’oncle de Emilijan et de Stanko en prison, et les deux frères et leur mère à Brest. C’est là qu’on va les retrouver, 15 ans plus tard.

Alors que Emilijan s’est parfaitement intégré, tant dans la vie professionnelle, avec un poste à responsabilité sur le port de Brest, que dans sa vie sentimentale, avec la relation amoureuse qu’il entretient avec Gabrielle, il n’en est pas de même pour Stanko qui préfère l’élevage de coqs de combat à ses petits boulots sur le port et dont on sent qu’il aspire à un retour dans son pays d’origine. Malgré quelques anicroches, l’entente fraternelle est toutefois toujours présente jusqu’à l’arrivée de Larkos, leur oncle, celui qui avait juré, sur le lit de mort de son frère, qu’il le vengerait et qui rejoint sa famille après 15 années de prison. Entre Larkos qui cherche à imposer un retour de toute la famille dans les Balkans et Emilijan qui entend se libérer des liens sanglants tissés avec son frère et qui souhaite poursuivre la vie qu’il a commencée à construire au sein d’une culture différente de celle de son pays d’origine, qui va l’emporter ? Quel comportement va adopter Stanko qui en veut à son frère de ne plus tenir compte du lien issu du secret qu’ils partagent ?

La construction du film

La construction de Frères d’arme repose beaucoup sur l’utilisation de flashbacks et d’ellipses. Utilisés avec intelligence, ces procédés ne nuisent pas du tout à la compréhension du film. Deux autres ingrédients apportent au film un aspect documentaire pour l’un, une ouverture vers un ailleurs pour l’autre : les activités portuaires et la mer. Installé à Rennes, Sylvain Labrosse s’est déplacé de deux centaines de kilomètres vers l’ouest pour tourner son film à Brest et dans sa région. Il a pu bénéficier de la complicité des dockers et des agents portuaires pour tourner des scènes d’une grande justesse dans le port, il a su utiliser la beauté des côtes du Finistère pour enjoliver son film et lui donner de la respiration.

Demi-frères

Vincent Rottiers et Kévin Azaïs, les interprètes des deux frères Emilijan et Stanko, sont demi-frères dans la vie. Une partie de leurs dialogues étant dans la langue des Balkans, il leur a fallu sans doute pas mal de travail pour se les mettre en bouche. Le résultat est-il au rendez-vous ? Impossible d’affirmer si, oui ou non, ils sont totalement crédibles à moins d’être expert dans cette langue. Mais, après tout, l’essentiel, pour les spectateurs que nous sommes, c’est qu’ils paraissent crédibles ! A leur côté, on découvre ou on redécouvre une jeune comédienne prometteuse, Pauline Parigot, qui interprète le rôle de Gabrielle, la petite amie d’Emilijan, celle qui renforce sa motivation pour rester à Brest. Une comédienne pré-nommée pour concourir aux César 2021 dans la catégorie révélations féminines, pour sa prestation dans Frères d’arme.

Conclusion

Film court, avec une utilisation intelligente de l’ellipse et du flashback, Frères d’arme est un premier long métrage prometteur. La présence de deux demi-frères pour interpréter les rôles de deux frères donne encore un peu plus de vérité à un film qui, par ailleurs, n’en manque pas.

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