Critique Express : Presque

1
3244

Presque

France, Suisse : 2021
Titre original : –
Réalisation : Bernard Campan, Alexandre Jollien
Scénario : Hélène Grémillon, Alexandre Jollien, Bernard Campan
Interprètes : Bernard Campan, Alexandre Jollien, Tiphaine Daviot
Distribution : Apollo Films
Durée : 1h32
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 26 janvier 2022

3.5/5

Synopsis : À Lausanne, Louis, célibataire de 58 ans, est directeur d’une société de pompes funèbres qui se consacre entièrement à son métier. Igor a 40 ans, un esprit vif dans un corps handicapé. Un jour, les chemins de Louis et d’Igor se croisent.

La naissance d’une amitié entre deux handicapés

Contrairement à Bernard Campan, l’ancien membre des Inconnus, et au philosophe et écrivain suisse Alexandre Jollien, qui sont amis depuis près de 20 ans, Louis et Igor, les personnages qu’ils incarnent dans Presque, ne se connaissent qu’à peine. Habitant tous les deux à Lausanne, il faut un concours de circonstances pour qu’ait lieu leur rencontre. Louis est le patron d’une société de pompes funèbres locale et, un jour, alors qu’il est au volant, il percute le triporteur qu’utilise Igor, un infirme moteur cérébral, pour livrer des légumes bio. Que Louis conduise Igor à l’hôpital, qu’il s’inquiète de savoir la gravité de son état, cela, en principe, n’en fait pas des amis pour la vie. Sauf que Igor doit avoir envie d’échapper à la routine du quotidien et le voici qui, le lendemain, se cache dans le corbillard que Louis doit conduire jusqu’à Sète. Et nous voici partis pour un road-movie entre Lausanne et Sète, en passant par le pont de Millau et Montpellier, avec accompagnement d’une jeune fille qui faisait du stop après avoir été larguée par un chauffeur BlaBlaCar, avec une nuit pleine d’imprévus dans un hôtel de Montpellier, avec l’explication de la raison qui a poussé Louis à conduire lui même le corbillard transportant une défunte à Sète et une oraison très philosophique prononcée par Igor.

Petit à petit, tout au long de ce voyage, des liens de connivence se créent entre Igor et Louis, une amitié nait entre les deux hommes. Il faut dire qu’ils ont finalement un certain nombre de points communs : tous les deux sont des handicapés, l’un, remarquablement intelligent et plein d’humour, mais infirme moteur cérébral, l’autre handicapé versus la vie sociale, ne pensant qu’à son travail, croque-mort et taiseux; tous les deux lisent leur handicap dans le regard des autres : Igor qui, comme tous les infirmes moteur cérébral, sent bien qu’on porte sur lui un regard différent, même si, souvent, il est plein de compassion et de sympathie, Louis, qui a l’habitude, lui aussi, d’un regard différent porté sur lui lorsqu’il fait état de son métier ; tous les deux, enfin, ont des problèmes avec la gent féminine. Petit à petit, ils vont renaître, petit à petit ils vont déteindre l’un sur l’autre, ou, plus exactement, la joie de vivre d’Igor, véritable boute-en-train à la répartie facile, va déteindre sur Louis.

Il n’est pas interdit de rapprocher Presque de films comme L’emmerdeur (celui de Molinaro !) avec cette rencontre inattendue entre deux hommes que tout semble séparer. Toutefois, Presque est surtout un film qui met les spectateurs face au regard qu’on peut porter sur le handicap. Plein de scènes drôles et même, parfois, un peu scabreuses, plein de scènes émouvantes, ce film est un « feel-good movie » pleinement assumé qui sait ne pas aller dans des territoires qui auraient pu le rendre désagréable, que ce soit dans la vulgarité ou dans le pathos. Coscénaristes (avec Hélène Grémillon) et coréalisateurs du film, Bernard Campan et Alexandre Jollien interprètent les deux rôles principaux. On se surprend souvent à voir en Bernard Campan un Jean-Pierre Bacri ressuscité. C’est, bien sûr, un compliment ! Quant à Alexandre Jollien, il donne l’impression d’avoir été comédien toute sa vie. A côté de ces deux hommes, on apprécie le jeu de plusieurs comédiennes dans des rôles mineurs : Tiphaine Daviot, Julie-Anne Roth, Marie Benati, dans le rôle d’une prostituée à qui les réalisateurs ont eu l’intelligence de ne surtout pas donner l’allure d’une prostituée telle qu’on les voit d’habitude dans les films, Anne-Valérie Payet et, bien sûr, la toujours juste Marilyne Canto.

1 COMMENTAIRE

  1. Je suis allée voir « Presque » avec mon petit fils de 15 ans. A la sortie, nous avons eu un bel échange, il m’a répété certaines citations.

    Cela a été un beau moment de partage et de discussions, en roue libre dans un beau lâcher prise.

    Merci pour les petites graines semées dans ce film.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici