Critique express : Perfect days

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Perfect days  

Allemagne, Japon : 2023
Titre original : –
Réalisation : Wim Wenders
Scénario : Wim Wenders, Takayuki Takuma
Interprètes : Koji Yakusho, Tokio Emoto, Arisa Nakano
Distribution : Haut et Court
Durée : 2h05
Genre : Drame, comédie
Date de sortie : 29 novembre 2023

4/5

Synopsis : Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.

Perfect days, « journées parfaites », un titre qui trouve sa source dans la chanson « Perfect day », « journée parfaite » au singulier, que Lou Reed a composée en 1972 et qu’on entend dans le film. Ces journées parfaites, ce sont celles que vit Hirayama, un homme âgé qui travaille avec une grande méticulosité au nettoyage des toilettes publics du quartier de Shibuya,un des vingt-trois arrondissements spéciaux de Tokyo. Ce que recherche et qu’apprécie Hirayama dans ces journées, c’est la modestie, la simplicité et le côté routinier de leur déroulement, en complète contradiction avec sa vie antérieure au sein d’une famille opulente, une vie qu’il a rejetée, une famille avec laquelle il n’entretient plus de bons rapports. Une journée type commence par un réveil qui intervient toujours à la même heure, suivi d’un peu de rangement et de toilette. Un peu de temps sera ensuite consacré à ses plantes vertes, avant le départ dans son van vers son lieu de travail. Un véhicule dans lequel l’élément le plus important pour lui est le lecteur de K7 de l’autoradio qui va lui permettre d’écouter, selon les jours, les Animals, les Rolling Stones, les Kinks, Van Morrison, Nina Simone, Patti Smith, Otis Redding, et, bien entendu, Lou Reed, en solo ou au sein du Velvet Underground.

Au travail, lui si sérieux, si consciencieux, va retrouver Takashi, son adjoint, son contraire absolu qui aimerait bien vendre les K7 de Hirayama afin d’avoir suffisamment d’argent pour sortir avec Aya, sa petite amie. Cette vie routinière le voit aussi prendre sa pause de déjeuner dans un parc et s’adonner à la photographie des arbres en argentique. Il lui arrive aussi de fréquenter un bar dans lequel on peut entendre la patronne chanter la version japonaise de « The house of the rising sun ». Le soir, de retour chez lui, Hirayama va passer du temps à lire avant de rechercher le sommeil. Parfois, un événement imprévu vient « casser » cette vie routinière, comme la fois où Aya lui rapporte la K7 de Patti Smith sur laquelle elle a flashé, comme la fois où Niko, sa nièce, en froid avec sa mère, vient se réfugier chez lui.

Depuis plusieurs années, le cinéma de Wim Wenders brillait dans le genre du documentaire, mais le réalisateur semblait avoir perdu la recette qui lui avait permis de nous offrir tant de grands films de fiction au siècle dernier. C’est donc avec un mélange de surprise et de contentement que les spectateurs de Cannes ont reçu l’excellent Perfect days en mai dernier. Au départ, une proposition avait été faite au réalisateur de tourner une série de 4 ou 5 courts métrages de fiction à Tokyo, chacun ayant une durée de 15 à 20 minutes et ayant comme sujet les toilettes publiques de la ville. Revenir tourner à Tokyo, une ville qui l’a toujours fasciné, enchantait Wim Wenders mais il avait une préférence pour réaliser un long métrage centré sur un seul personnage plutôt que ces 4 ou 5 court-métrages. Ayant obtenu gain de cause, il a choisi le grand comédien japonais Koji Yakusho pour interpréter le rôle principal et il a écrit le scénario de son film avec Takayuki Takuma.

Avec Perfect days, il est évident que Wim Wenders a voulu montrer dans ce film qui s’apparente à un testament rédigé par un vieux réalisateur et destiné à la jeune génération, qu’on pouvait trouver le bonheur dans une vie simple et modeste, une vie dans laquelle on est conscient de rendre service à ses concitoyens, une vie où, loin d’être en permanence à l’affût des dernières nouveautés technologiques, on se « contente » d’écouter des K7 de chansons vieilles de 50 ans, de passer du temps à lire et à faire des photos en argentique. Il n’est pas interdit de voir un petit peu de Wim Wenders dans le personnage de Hirayama : un cinéma qui a gagné en simplicité (et en émotion !), des goûts musicaux à coup sûr similaires. Présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, Perfect days a permis à Koji Yakusho  d’obtenir un prix d’interprétation masculine amplement mérité.

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