Critique express : L’Histoire naturelle de la destruction

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Nationalité : Allemagne, Lituanie, Pays-Bas

Titre original : The Natural History of Destruction

Réalisation : Sergei Loznitsa

Scénario : W.G. Sebald

Durée : 1h 49min

Genre : Documentaire

Date de sortie : Prochainement

4/5

Une plongée politique et poétique dans les images d’archives de la Seconde Guerre Mondiale

Fondé sur les images d’archive de la Seconde Guerre Mondiale, inspiré du livre De la destruction comme élément de l’histoire naturelle de W.G. Sebald et sans commentaire, ce documentaire pose des questions  actuelles au vu des évènements tragiques en Ukraine imposé par la Russie depuis plus de cent jours. Sergei Loznitsa commente ainsi l’œuvre de Sebald : « Cette lecture m’a inspiré parce que d’importantes questions sont posées et restent aujourd’hui sans réponses. Si on regarde l’actualité, on voit que des armées dans plusieurs pays considèrent qu’il est possible, voire raisonnable, d’attaquer les populations, de détruire des villes et de cibler des infrastructures civiles comme arme de guerre. »

Nous sommes dans une ville allemande, peut-être Fribourg et surement avant la Seconde Guerre Mondiale. La vie est paisible, les gens flânent dans les rues puis s’installent sur les terrasses des cafés. Maintenant, nous sommes au centre de Berlin sur Unter den linden. Les drapeaux aux croix gammées bougent sous les coups de vents. L’ambiance est celle de l’attente de quelque chose de positif. Et puis, l’écran est noir…

Les formes lumineuses s’éclaircissent dans le noir. Le figuratif de la vie ordinaire laisse place au figural de l’horreur. Le concret donne lieu à l’abstrait pour redevenir du concret lorsque le spectateur comprend que la lumière dans le noir n’est rien d’autre que le feux des explosions. La guerre est ici et maintenant.

Pendant presque deux heures, Sergei Loznitsa nous plonge dans les images d’archives donnant à voir les crimes de la Seconde Guerre mondiale : la destruction des villes allemandes causée par les bombardements des Alliés et de l’Axe. Dans ce documentaire, inspiré du texte de W.G. Sebald, le montage et la musique deviennent les seuls commentaires personnels du réalisateur. Au niveau sonore, nous entendons, entre autre, un extrait du concert pour la guitare N1, op. 30 de Mauro Giuliani et un morceau de Blur.

Loznitsa ne cherche pas de l’affect. Il ne cherche pas à nous choquer. La seule apparition d’horreur absolue – un enfant mort – nous fait réagir intellectuellement avant de nous mouvoir intérieurement. L’enfant semble vivant, visage lumineux et yeux paisiblement fermés. Ce n’est que sa position étrangement immobile qui nous communique l’horreur.

© Progress Film

Conclusion

L’Histoire naturelle de la destruction est d’une urgence tragique. Le film a été conçu bien avant l’invasion criminelle de l’Ukraine par la Russie. Sergei Loznitsa nous fait repenser l’histoire dans la lumière des horreurs actuelles et continue le travail sur la mémoire, qu’il mène à travers ses œuvres fictionnelles et documentaires.

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