Critique Express : Les cinq diables

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Les cinq diables

France : 2022
Titre original : –
Réalisation : Léa Mysius
Scénario : Léa Mysius, Paul Guilhaume
Interprètes : Adèle Exarchopoulos, Sally Dramé, Swala Emati
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h35
Genre : Comédie dramatique, Fantastique
Date de sortie : 31 août 2022

3/5

Synopsis : Vicky, petite fille étrange et solitaire, a un don : elle peut sentir et reproduire toutes les odeurs de son choix qu’elle collectionne dans des bocaux étiquetés avec soin. Elle a extrait en secret l’odeur de sa mère, Joanne, à qui elle voue un amour fou et exclusif, presque maladif. Un jour Julia, la soeur de son père, fait irruption dans leur vie. Vicky se lance dans l’élaboration de son odeur. Elle est alors transportée dans des souvenirs obscurs et magiques où elle découvrira les secrets de son village, de sa famille et de sa propre existence.

Un peu en retrait par rapport à Ava

C’est une famille presque sans histoire que forment Joanne, Jimmy et Vicky. Une famille établie dans un village des Alpes, à proximité d’un lac de montagne. Joanne est monitrice d’aquagym pour femmes âgées dans l’établissement local « les cinq diables ». Son plus grand plaisir consiste à aller nager dans l’eau à 7 degrés du lac voisin, sa fille Vicky étant à proximité pour lui indiquer qu’elle a atteint les 20 minutes de baignade au delà desquels il y aurait danger. Âgée d’une dizaine d’années, Vicky est une fillette particulière : on sait très vite qu’elle est dotée d’un sens olfactif très développé et qu’elle « collectionne » les odeurs dans de petits récipients qu’elle étiquette soigneusement. On saura plus tard qu’elle possède un autre don, autrement plus particulier. Quant à Jimmy, le mari de Joanne, le père de Vicky, il est pompier.

Une famille presque sans histoire à condition de mettre de côté le racisme larvé, surtout à l’école, du fait que Jimmy est noir et que, par conséquent, Vicky est métis. Une famille presque sans histoire jusqu’à l’arrivée de Julia, la sœur de Jimmy : une jeune femme que Joanne ne voit pas arriver d’un bon œil, que Vicky n’apprécie pas du tout, une jeune femme dont le passé semble très lourd, un passé que le don « autrement plus particulier » de Vicky, celui de revivre des souvenirs qui ne sont pas les siens, va nous permettre de découvrir. Un don qui va permettre à Vicky, laquelle, comme de nombreux enfants, aimerait savoir ce qui s’est passé entre ses parents avant sa naissance, de connaître les circonstances qui ont fait qu’elle a vu le jour.


Il y a 5 ans, la Semaine de la Critique cannoise nous avait permis de faire connaissance avec une réalisatrice très prometteuse, Léa Mysius. Dans Ava, son premier long métrage, un petit côté fantastique venait petit à petit partager l’écran avec le naturalisme omniprésent du début du film.  Il a fallu attendre 5 ans pour qu’un nouveau long métrage de Léa Mysius voit le jour, un film qui, cette fois-ci, faisait partie de la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs cannoise de 2022. Un long métrage qui, cette fois ci, a plus qu’un petit côté fantastique ! Une raison de cette longue attente vient du fait que Léa est très active comme coscénariste, auprès d’Arnaud Desplechin, de Stefano Savona, d’André Téchiné, de Jacques Audiard et de Claire Denis. Ces cinq années n’ont toutefois pas profondément modifié ce qui semble être les pôles d’intérêt majeurs de la réalisatrice : la relation entre une mère et sa fille sur le point d’entrer dans le monde des adultes tout en continuant à porter un regard d’enfant sur son entourage et l’importance des sens dans notre existence. Dans Ava, film se déroulant au bord de la mer en plein été, la mère, interprétée par Laure Calamy, était très extravertie et Ava, sa fille, 13 ans, était en train de perdre la vue. Dans Les cinq diables, film se déroulant en hiver dans un village de montagne, la mère, interprétée par Adèle Exarchopoulos, est, au contraire, très introvertie et Vicky, sa fille, 10 ans, est dotée d’un sens olfactif très développé. A propos du choix d’Adèle Exarchopoulos, un choix excellent, pour interpréter le rôle de Joanne, on notera que, dans notre critique de Ava, nous avions observé que Noée Abita, l’interprète de Ava, avait un physique et une moue qui pouvaient faire penser qu’elle était la petite sœur de cette comédienne. Comme quoi !

Pour réaliser ce film tourné en 35 mm et consacré à des problèmes familiaux, on retrouve une équipe très familiale avec Paul Guilhaume, le compagnon de la réalisatrice, à la fois coscénariste du film et Directeur de la photographie et Esther Mylius, sœur jumelle de Léa, occupant le poste de Directrice artistique. Est-ce le fait que, ayant vu Ava, on est moins surpris par le langage cinématographique de la réalisatrice, toujours est-il que Les cinq diables, tout en étant un film tout à fait honorable, apparait en retrait par rapport à ce premier long métrage de Léa Mysius


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