Critique : Black Stone (2ème avis)

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black stone afficheBlack Stone

Corée, 2015
Titre original : –
Réalisateur : Roh Gyeong-Tae
Scénario : Roh Gyeong-Tae
Acteurs : Won Tae-hee, Lee Hae-Sung, Baek Hyun-Joo, Shon Suk-Goo
Distribution : Outplay
Durée : 1h32
Genre : Drame
Date de sortie : 27 juillet 2016

Note : 3,5/5

Du 21 janvier au 1er février 2016, les Pays-Bas ont accueilli le Festival International de Rotterdam qui a mis en valeur le cinéma indépendant et expérimental du monde entier. Lors de cet événement, le public a pu découvrir une perle dramatique de Corée du Sud, Black Stone. Ce long métrage clôture la trilogie sur l’écologie que le réalisateur Rog Gyeong-Tae avait débuté en 2008 avec Land of Scarecrows suivi de Black Dove en 2011. Ce réalisateur signe son quatrième film et nous dépeint un tableau très sombre de la société sud-coréenne à travers le périple qu’effectue son héros Shon Sun.

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Synopsis : Shon Sun est un jeune homme qui a été adopté à sa naissance. Tandis que ses parents travaillent dans des conditions inhumaines dans une usine alimentaire, il fait ses classes à l’armée où il est le bouc-émissaire de ses supérieurs. Obligé de fuir pour sa survie, il part pour un voyage initiatique dans la jungle sud-coréenne pour trouver son identité et ses repères.

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Briser des tabous

Avec Black Stone, Rog Gyeong-Tae ose briser les tabous et aborder des thèmes qui dérangent la société sud-coréenne (l’identité, l’adoption, l’armée, la mentalité archaïque, l’écologie…). Chaque thème est abordé de manière tragique et cru. En effet, les souffrances et les abus sont filmés de telle manière que le spectateur se retrouve face à une réalité qui le met mal à l’aise. Quelques-unes de ces scènes sont très dures à regarder et pourtant traduisent une vérité. Ici, le réalisateur n’est pas là pour faire une hymne à son pays mais veut lever le voile sur le quotidien des petites gens qui tentent de survivre dans un système corrompu, qui n’hésite pas à les exploiter. Pour nous plonger dans cette histoire, les plans rapprochés créent une intimité avec les personnages et nous permettent de nous identifier rapidement au héros afin de comprendre et de ressentir ses tourments internes et physiques et ainsi mener cette quête initiatique avec lui.

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Valoriser les silences

Le réalisateur va à l’essentiel en évitant les paroles inutiles et en valorisant le silence. En effet, dans ce genre de drame, les mots ne sont pas assez forts pour définir la tragique réalité. Le décor minimaliste accentue la pauvreté et focalise l’attention du spectateur sur le plus important : les personnages et leurs tourments. Ce procédé augmente la tension dramatique. Les plans descriptifs sont longs et lents et permettent aux images de parler d’elles-mêmes. Ils accentuent les détails les plus importants et donnent des indices au public pour que ce dernier en tire les bonnes conclusions. De plus, il y a de nombreux plans fixes et larges des lieux mettent en valeur le plancher, ce qui fait écho à la culture asiatique liée au sol et aux influences du cinéma japonais. Cela se traduit par les déplacements des acteurs qui bougent en fonction de la position du cadre et non l’inverse et créent ainsi de nombreux champs et hors champs.

Dans son film, le cinéaste parle du désastre écologique qui a frappé la Corée du Sud en 2007, le naufrage du MT Hebei Spirit, un pétrolier qui a causé des dommages sans précédent sur la côte de Taean. Le pétrole répandu a tout détruit sur son passage, il est symbolisé par une terre noire et par un drap noir qui recouvre le héros à bout lorsqu’il tente de mettre fin à ses jours dans la jungle. Le pays est dévasté écologiquement et socialement et cela à des répercussions autant sur la faune et la flore que sur la société et les Hommes. Le thème de la mort et surtout du suicide est très présent et dénonce les violences faites aux recrues, les abus des militaires et les travers de l’armée, le mensonge à tous les niveaux qui poussent les soldats maltraités lors de leur service militaire au suicide.

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Conclusion

Black Stone aborde au moins cinq des thèmes « tabous » de la société sud-coréenne et le réalisateur le fait avec brio puisque le public ressent les souffrances autant que les personnages. Avec ce drame social, Rog Gyeong-Tae n’hésite pas à nous mettre mal à l’aise pour nous faire prendre conscience du mal être omniprésent et des difficultés de vivre dans ce pays parce que le but recherché est de dépeindre une fresque sombre qui met en valeur une vérité que la conscience collective veut camoufler. Attention, certaines sensibilités peuvent être heurtées par une ou deux scènes.

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