Critique : Anthropocène – L’époque humaine

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Anthropocène – L’époque humaine

Canada : 2019
Titre original : Anthropocene: The Human Epoch
Réalisation : Jennifer Baichwal, Nicholas De Pencier, Edward Burtynsky
Scénario : Jennifer Baichwal
Interprètes : Charlotte Le Bon, Alicia Vikander
Distribution : L’atelier Distribution
Durée : 1h27
Genre : Documentaire
Date de sortie : 20 novembre 2019

3/5

Tous les trois canadiens, Jennifer Baichwal, Nicholas De Pencier et  Edward Burtynsky ont tissé des liens bien avant de co-réaliser Anthropocène – L’époque humaine : tout d’abord, les deux premiers sont mari et femme dans la vie. Ensuite, le troisième, connu pour ses photos de paysages industriels, a été le sujet de Manufactured landscapes, documentaire réalisé par Jennifer en 2006, et a réalisé avec elle, en 2013, Watermark, documentaire sur l’empreinte de l’eau sur la planète, un film produit et filmé par Nicholas de Pencier.

Synopsis : Les activités humaines laissent une empreinte profonde et quasi-irréversible dans l’histoire géologique et climatique de notre planète. Les réalisateurs du film ont parcouru le monde pour récolter les preuves de cette domination. En s’appuyant sur des techniques photographiques de très haute définition, Anthropocène : L’Epoque Humaine, témoigne de ce moment critique de l’humanité. Au croisement brillant de l’art et de la science, ce film est une expérience fascinante et provocatrice de l’impact de notre espèce détruisant la Terre.

Le saccage de la nature

Anthropocène : un mot qui est apparu récemment dans notre vocabulaire  mais dont on peut penser, malheureusement, qu’il n’est pas près d’en sortir. L’époque humaine : en effet, si, officiellement, nous sommes toujours dans  la période géologique ayant pour nom l’holocène, de plus en plus de scientifiques considèrent que, depuis l’arrivée de la révolution industrielle à la fin du 18ème siècle, l’impact de l’homme sur la nature a pris le pas sur les forces géologiques et naturelles qui prévalaient jusqu’alors. Pour eux, nous sommes donc entrés dans l’ère de l’être humain.

C’est à un voyage autour de la planète que nous convie le trio de réalisateurs canadien : 6 continents, 20 pays, histoire de voir comment, un peu partout de par le monde, l’homme s’est emparé de la nature, l’a impactée, l’a transformée, l’a violentée, l’a saccagée. On parle beaucoup, à juste titre, du changement climatique causé par les gaz à effet de serre et la déforestation. Bien sûr, le film en parle mais il nous montre aussi bien d’autres agressions commises par l’homme envers la nature, que ce soit sous forme d’extractions, de décharges, d’extension des villes ou tout ce qui aboutit à l’extinction d’espèces animales. Un exemple :  chaque année, 60 à 100 milliards de tonnes de matériaux sont extraits de la terre, soit environ 30 kilogrammes par jour, en moyenne, pour chaque habitant de la planète.

Un film poétique, contemplatif et esthétique

Lorsqu’on visionne Anthropocène – L’époque humaine, on est surpris, vu ce que le film décrit et le message qu’il veut nous transmettre, de se retrouver face à un film poétique, contemplatif et très esthétique, avec des plans qui, parfois, nous font penser à des tableaux et d’autres à des pochettes d’albums de musique psychédélique des années 60/70. Cette recherche esthétique est le choix des réalisateurs et, pour certains, elle représentera le principal défaut du film : pourquoi tant de beauté lorsqu’on parle de saccage, lorsqu’on montre ces saccages ? Cette démarche n’est-elle pas un tant soit peu prétentieuse ? C’est dans la combinaison des explications verbales et des images qu’on peut trouver la réponse : des explications qui nous apprennent beaucoup de choses sans être outrancièrement didactiques, accompagnant des images le plus souvent d’une grande beauté, une beauté qui rend les crimes commis contre la nature encore plus monstrueux, n’est-ce pas le meilleur moyen pour faire passer un message ?

Des explications verbales

Les explications qu’on entend dans le film sont de deux sortes : tout d’abord, dans les pays visités, des autochtones en donnent, en anglais ou dans la langue de leur pays. Et puis, pour accompagner l’ensemble du film, une voix off ajoute d’autres éléments. Dans la version originale du film, en langue anglaise, cette voix off est celle de la comédienne suédoise Alicia Vikander. Dans la version canadienne de langue française, c’est la voix de Pascale Bussières qui a été choisie, alors que pour la version française diffusée dans notre pays, c’est une autre canadienne, Charlotte Le Bon, que l’on entend.

Conclusion

Pour certains, truffer le film d’images d’une grande beauté pour montrer le saccage de la planète effectué par l’espèce humaine est faire preuve de beaucoup de prétention. Pour d’autres, cette beauté rend les crimes commis contre la nature encore plus monstrueux. En tout cas, dans le contexte environnemental actuel, Anthropocène – L’époque humaine est un film important et nécessaire.

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