Critique : #Chef

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chef affiche#Chef

Etats-Unis, 2014
Titre original : Chef
Réalisateur : Jon Favreau
Scénario : Jon Favreau
Acteurs : Jon Favreau, Sofia Vergara, John Leguizamo
Distribution : Sony
Durée : 1h54
Genre : Comédie
Date de sortie : 22 octobre 2014

Note : 3,5/5

Retour aux fourneaux de l’acteur-réalisateur Jon Favreau en chef de cuisine et de famille pour cette petite cuisine entre amis qui donne de l’appétit et l’envie de se jeter dans le premier restaurant (de qualité) à la sortie de la salle.

Emjay Anthony, John Leguizamo, Jon Favreau et Sofia Vergara
Emjay Anthony, John Leguizamo, Jon Favreau et Sofia Vergara

Synopsis : Carl Casper est chef gastronomique depuis dix ans dans le même restaurant sous la coupe d’un patron qui ne lui accorde pas la liberté dont il rêve. Lorsqu’il se met en colère contre un critique influent du web qui a remis en cause la qualité de son travail, il est viré et devient la risée d’internet où son explosion de rage fait le tour de la toile. Il suit alors le conseil de son ex-femme Inez et ouvre un camion-restaurant où il va faire partager son amour de la bonne chaire sur les routes, aidé de son fils Percy et de Martin, l’un de ses fidèles commis.

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Une appétissante comédie culinaire

Loin de ses blockbusters d’action (les deux premiers Iron Man et Cowboys et envahisseurs), Jon Favreau revient à un registre intimiste avec cette appétissante comédie culinaire où il se met en scène en adepte de la bonne cuisine qui doit se réinventer sous le regard d’un fils qu’il va apprendre à mieux connaître. Grand gourmand lui-même, Favreau insiste sur la dimension sociale de la nourriture dont il évoque aussi le pouvoir sensuel via une jolie scène avec nulle autre que Scarlett Johansson.

La relation entre ce père trop occupé dans sa vie de restaurateur de luxe avec son fils pourtant demandeur de mieux partager sa vie est joliment esquissée et jamais mièvre, notamment grâce à la délicate interprétation du jeune Emjay Anthony en community manager du food truck qui maîtrise comme un as Twitter, Facebook et autres Vine et de Favreau lui-même qui n’est pas dans une attitude paternaliste convenue. Il lui apprend la valeur du travail : cuisiner de bons petits plats est une chorégraphie proche de la magie et une passion mais c’est aussi l’obligation peu reluisante de prendre soin de son plan de travail parfois bien gras et d’avoir un emploi du temps surchargé, évoqué notamment dans le montage expédié avec humour d’une sortie festive. Il apprend aussi à son fils les avantages de la ‘maizena sur les bonbons’, comprenne qui verra le film ! Les échanges avec son ex-femme (Sofia Vergara de la série Modern Family) restent empreints d’une complicité amicale où l’on ressent encore une forte affection malgré les divergences.

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Cuisine et réseaux sociaux

L’autre point central du film, qui justifie le hashtag (#) rajouté au titre français est l’évocation sereine du pouvoir grandissant des réseaux sociaux autant dans leur pouvoir destructeur que dans celui d’outil social positif, apprendre à tweeter permet d’ailleurs au père et au fils de se rapprocher, le fils étant ravi de pouvoir apprendre quelque chose à son père si savant devant les fourneaux. Le scénario pose un regard réfléchi sur ce nouveau media, critique mais attentif à ses bons côtés.

En parlant de cuisine, Jon Favreau évoque en biais, à peine caché, son attachement au cinéma, son ambivalence entre son envie d’indépendance et les grosses productions qu’il a dirigées, le cinéma / la cuisine de commande étant représentée par le patron de son restaurant, Riva, petit rôle joué modestement par Dustin Hoffman, pique à peine déguisée des producteurs qui l’ont bridé dans ses envies alors qu’ils lui avaient promis une grande liberté. Mais Favreau ne fait pas de Riva un patron diabolique mais un homme d’affaires investi qui pense au plaisir immédiat des clients exposé ici sans que cela apparaisse illégitime. Il ne s’épargne pas pour autant, sa carrière et celle de son personnage étant tout de même le résultat de choix personnels, il fait parfois preuve de nervosité et peine à admettre ses erreurs et ses errements. Mais il se rachète avec sa sincérité lorsqu’il évoque le fait d’être profondément blessé par une critique négative et on ne peut qu’espérer le voir persister dans cette voie artistique plus appréciable, même si l’on peut avoir quelques doutes sur son projet de revisiter Le Livre de la Jungle

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Bobby Cannavale
Bobby Cannavale

Résumé

Délicat et jamais mièvre, porté par un enthousiasme sincère et une galerie de seconds rôles inspirés confiés à des stars dont John Leguizamo (dans une de ses prestations les plus convaincantes depuis longtemps, Summer of Sam de Spike Lee probablement) et Bobby Cannavale en commis de cuisine ou Oliver Platt en critique qui possède un trop grand pouvoir. En invitant Robert Downey Jr en financier trop bavard et Scarlett Johannson en maître d’hôtel fort accueillante, Jon Favreau signe une réunion informelle des Avengers mais avant tout un bon petit plat sans prétention qui se déguste sans modération et donnerait (presque) envie d’aller au Texas déguster un barbecue qui a mariné toute la nuit ou à la Nouvelle-Orléans pour avaler un bon beignet. De très loin le meilleur plat concocté par Jon Favreau avec une bande-son plaisante dont une version cubanisée de Sexual Healing.

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