Les Arcs 2017 : Beyond words

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Beyond words

Pays-Bas, Pologne, 2017
Titre original : Beyond words
Réalisateur : Urszula Antoniak
Scénario : Urszula Antoniak
Acteurs : Jakub Gierszal, Andrzej Chyra, Justyna Wasilewska, Christian Löber
Distribution : –
Durée : 1h27
Genre : Drame
Date de sortie : –

Note : 2/5

Comme quasiment toutes les métropoles, Berlin a sa propre identité. Ce film polonais, présenté en compétition au Festival des Arcs, la reflète assez fidèlement. Ceci dit, chaque fois que nous évoquons le nom de la capitale allemande dans notre entourage, nous récoltons un florilège d’avis discordants. Précisons donc plutôt que l’image de Berlin dans Beyond words ressemble à celle de notre vision personnelle, acquise au cours de quelques visites espacées dans le temps, à savoir une ville distante, voire excessivement étendue dans l’espace, dont l’âme – à condition qu’elle existe – se dérobe facilement à l’observateur trop pressé. Or, en dehors de ce portrait citadin pas dépourvu de perspicacité, le quatrième long-métrage de Urszula Antoniak n’a rien de très consistant à dire, préférant suivre les tangentes improbables de la caméra et le parcours nullement moins prétentieux du protagoniste vers une dernière partie particulièrement ratée. Notre constat ne se voit nullement relativisé par les explications encore moins claires de la réalisatrice, venue dans les Alpes pour y présenter son film, que nous considérons ainsi moins comme bancal qu’irrémédiablement fourvoyé dans une vision peu accessible du monde.

Synopsis : Michael est un jeune avocat d’affaires à Berlin. Aussi talentueux qu’ambitieux, il constitue pour son supérieur l’arme de choix afin de résoudre les litiges les plus délicats. Originaire de Pologne, Michael fait tout son possible pour s’intégrer en Allemagne. La visite de son père, qu’il croyait mort et qu’il n’avait pas vu depuis longtemps, bouleverse cette existence d’immigré en tous points exemplaire.

Au delà de la grisaille

Souvent, c’est le premier plan d’un film qui pose fermement les bases de ce qui va suivre, ne laissant alors que peu de place à l’erreur d’appréciation ou, au contraire, au retournement radical de la direction artistique et dramatique adoptée d’entrée de jeu. Dans le cas de Beyond words, nous voyons Michael debout devant un mur, dans une position mi-nonchalante, mi-expectative. Tout le problème du film se trouve d’ores et déjà là, dans cette posture ostentatoire, qui ne mène pourtant nulle part et qui relève au mieux d’un vocabulaire contemplatif peu engageant. Car même si Urszula Antoniak s’en défend, il y a malgré tout un travail conséquent sur l’esthétique visuelle de cette histoire, indépendant et au pire des cas complètement dissocié de son contenu. Le noir et blanc léché y distille au moins une aussi grande vanité que les tourments tortueux du protagoniste. Celui-ci nous paraît la plupart du temps comme une entité narrative désagréablement creuse, qui réagit sensiblement plus aux impulsions extérieures qu’elle ne fait sienne ce retour vers une nostalgie familiale, comme suspendue dans l’incrédulité.

Pourquoi la porte est fermée ?

Vous l’aurez compris, nous tentons avec nos moyens littéraires forcément limités de mettre des mots sur la prétention débordante de ce film, qui a une fâcheuse tendance à abandonner brusquement les rares pistes de réflexion intéressantes au sein de son récit. En effet, il y aurait eu de quoi faire dans l’agencement de la relation éloignée entre le père prodigue et son fils, appelée maladroitement à se raccommoder, ne serait-ce qu’en la comparant astucieusement à celle, plus ambiguë, entre le jeune loup et son chef pas moins coriace. De même, de nombreuses intrigues secondaires souffrent terriblement d’une absence d’approfondissement, comme par exemple le discours libertaire de l’immigré africain ou bien le personnage énigmatique de la serveuse polonaise, une sorte de double au féminin de l’exil berlinois de Michael. Hélas, il n’en est strictement rien, puisque la sensation de distance se creuse, jusqu’aux dernières séquences, où le protagoniste perd définitivement pied en s’engouffrant dans un dédale de couloirs souterrains, peuplés d’hommes africains qui y maintiennent un semblant de lien et de lieu sociaux.

Conclusion

A chaque festival ses choix de sélection discutables ! Pour notre première visite à celui des Arcs, le point de vue cinématographique le plus frustrant s’est manifesté dans Beyond words, un film dans lequel les esprits à l’imagination la plus hardie peuvent certes voir une dissertation sur les éléments et la matière, mais où le commun des spectateurs se trouvera tôt ou tard mis à l’écart d’une intrigue inutilement alambiquée.

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